Texte : Jacques Simonet. Décès à 85 ans de Denis Trouxe. Un grand type. Attachant. Difficile à cerner : nageur de haut niveau et comédien dans sa jeunesse, patron d’agence de publicité à l’âge mûr et enfin homme public la cinquantaine venue.
Dans leurs nécrologies, les journalistes ne se sont pas appesantis sur sa première vie : la publicité où il était entré par la petite porte après de vagues études à Sup de Co Lyon. Il avait fini par prendre la direction de l’agence qui l’employait : Euro Advertising. Et l’avait vendue (un bon prix) à un groupe américain qui lui laissa la présidence. Avant de la racheter (à bon compte avec 4 associés) au groupe anglais qui avait pris le contrôle de l’américain et ne voulait pas entendre parler de Lyon. Nouveau coup de maître quelques années plus tard quand l’affaire, devenue une cash machine grâce à une filiale print lancée à Saint-Étienne (alors place forte de l’édition publicitaire), ils l’avaient cédée plein but au groupe DDB.
Fortune faite, Denis Trouxe allait rebondir… à la mairie.
Conseiller d’Alain Mérieux, il fut nommé adjoint à la Culture et au Patrimoine de Raymond Barre. Un PDG ministre de la culture lyonnaise ? Et pubard en plus. On aurait tout vu ! Et bien, on a vu. Et des choses plutôt intéressantes. S’il faut en retenir deux ce sera la reconversion de la friche des Subsistances dont la Ville ne savait que faire. Et surtout le classement de Lyon au Patrimoine mondial de l’Unesco sur une idée de l’éditeur Régis Neyret. Ce type intuitif et chaleureux passait bien dans le monde artistique où il comptait beaucoup d’amis. Un peu moins auprès des élus et des caciques de la culture qui lui jouèrent de sales tours jusqu’à sa nomination à la présidence de l’Office de tourisme.
Conscient qu’on ne lui ferait pas de cadeau une fois rangé du cirque politique, il avait entrepris de raconter lui-même son aventure dans un livre désopilant : T’NT (éd. La passe du vent). Il en avait confié la rédaction à un écrivain québécois séjournant à Lyon : Alain Turgeon. Lequel avait obtenu de pouvoir évoquer son difficile travail de « naigre » entre deux chapitres de souvenirs de ce client un peu particulier. Hilarant.
> Interview collector : son interrogatoire à KGB du 9 mai 2000, à (re)lire ici
CADEAU BONUX
Trou ? Troux ? Troux(e) ?
Aimé Troux devenu Denis Troux au théâtre, avait obtenu, sur le tard, de pouvoir transformer son nom en Trouxe. Il ne supportait plus de se faire appel Monsieur Trou. Patronyme objet de moqueries. Surtout quand il participait à un tournoi de golf.
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