Disparition. Jean-Jacques Moreteau, le docteur Patrimoine de Sainte-Foy

28 décembre, 2021 | LES GENS | 0 commentaires

Par Marco Polisson et Benjamin Solly

Ce médecin généraliste à la retraite, âgé de 95 ans, était le garant de l’âme de Sainte-Foy et de la Mulatière à travers l’association « La Fontanière », qu’il présidait.

Pendant plus d’un an, le bon docteur est entré dans la vie de Lyon People. C’était en 2012-2013, lors de l’élaboration complexe et passionnante de notre édition spéciale consacrée au patrimoine de sa commune. Une aventure qui a mobilisé l’ensemble de notre équipe et nos contributeurs Pierre Jourdan, Jacques Bruyas, Eric Planat, Françoise Buffière, Paul Feuga… Il nous a ouvert les portes des plus beaux châteaux et secrètes maisons fidésiennes, mais également son livre d’histoire personnelle que nous avons le plaisir de vous retranscrire ci-dessous.

Moreteau. Le nom n’est pas inconnu à Lyon. Son père Paul – « qui est né en 1859 sous le second Empire » – est le fils de Philibert Moreteau, créateur de la célèbre maison Moreteau Frères, implantée jadis au 52 de la rue Impériale (ex-rue de la Ré). Une affaire de famille rachetée en 1999 par Sébastien Le Guillou. Le grand-père, tailleur de son état, jouait du ciseau avec dextérité, mais son petit-fils préférera le stéthoscope aux étoffes. Jean-Jacques Moreteau voit le jour à Charbonnières le 1er août 1925. « A l’époque, les grands départs en vacances n’existaient pas, et nous passions nos vacances à quelques kilomètres de Lyon, dans une villa louée à Charbonnières où j’ai vu le jour. » Une histoire à la Pagnol, la garrigue et le Garlaban en moins.

En 2013, Michel Chapas, maire de Sainte Foy, le docteur Moreteau, Guy Barret, maire de La Mulatière et Maurice de la Salle. Les deux communes sont partenaires de l’association La Fontanière.

Si son enfance est heureuse avec ses deux frères, le jeune homme s’éloigne irrémédiablement des affaires familiales. C’est à l’hôpital Saint-Joseph que Jean-Jacques  termine son internat et passe sa thèse de médecine. Il sera médecin généraliste à Ste-Foy. « Il y avait en ville un vieux cabinet médical tenu depuis 1925 par le docteur Bachmann, puis repris en 1952 par le docteur Gauthier. » Ce dernier préférera finalement Aix et laisserait la voie libre au Dr Moreteau en 1954. Son cabinet niche dans une petite maison de ville, « qui doit dater de 1725 », au charme intact. « Il faut imaginer cette maison avec sa salle d’attente et mes enfants qui courent entre les patients », se remémore-ti-il, l’esprit sagace. Veuf très jeune, l’homme se remarie en 1955 et recompose une famille nombreuse et heureuse de cinq enfants.

En 1957, il rachète la maison à Madame d’Angleville. Il l’a habité jusqu’à son décès

Le docteur Moreteau se déplace également chez l’habitant. « Je soignais plutôt la domesticité, la haute-bourgeoisie de Ste-Foy était plutôt suivie par le Dr Malicié », explique-t-il.  Une sociologie aujourd’hui (presque) disparue, mais qui témoigne de l’histoire de Ste-Foy. Le docteur a toutefois soigné quelques familles aisées, dont les Brossette, Streichenberger et Sibille. Et c’est en franchissant les seuils des demeures bourgeoises qu’il se prend de passion pour les pierres fidésiennes. Après 38 ans de bons et loyaux services, il prend sa retraite en 1992 et « revend » – comme cela se pratique dans la profession – sa clientèle au docteur Gravet.

Le docteur Jean-Jacques Moreteau, président de la Fontanière, Madou Bouquin et René Bouvier (Groupe d’Histoire et d’Archéologie d’Ecully) lors du lancement de Lyon People, spécial Sainte Foy, le 5 juin 2013

Une deuxième vie s’ouvre alors, celle consacrée à la préservation du patrimoine. La lecture du « Pré-inventaire de Ste-Foy-Lès-Lyon », publié en 1990 par Jean Juillard, constitue la base de sa future activité associative. Il fonde avec l’auteur de l’ouvrage et quelques irréductibles, l’association « La Fontanière » en 1993. Objet ? L’étude, la mise en valeur et la protection du patrimoine du canton de Ste-Foy-Lès-Lyon, qui regroupe également la municipalité voisine de La Mulatière. Le docteur Moreteau ne ménage pas ses efforts pour préserver l’écrin fidésien. En 2007, l’association acquiert le mobilier « dit de la chambre du pape » de l’ancien Grand Séminaire de Sainte-Foy, qu’elle contribue à faire classer aux Monuments historiques.

Gardien du temple, le docteur Moreteau a contribué à transmettre ce patrimoine si précieux. Une action hautement politique, même si ce dernier n’en a jamais fait, à proprement parler. « Quelle horreur », tempêtait-t-il. Merci Doc !

<a href="https://www.lyonpeople.com/author/marco" target="_self">Marco Polisson</a>

Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

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