Par Morgan Couturier
Fidèle aux paroles entonnées par Edith Piaf, qu’il affectionnait, l’ancien maire du 4e arrondissement a bouclé le chapitre de sa vie sans remords, avec l’image d’un homme apprécié pour sa joie de vivre et sa connaissance d’un quartier qu’il chérissait.
« J’ai envie de rire à tous ces bons mots que tu sortais, comme ça. Tu nous as apporté tant de joie et tant bonheur », a souhaité évoquer en introduction son ami Michel Noir, ancien maire de Lyon. Boute-en-train, maître de la galéjade, Gabriel Caillet s’est éteint sur une ultime blague, bien mauvaise, celle de quitter ses proches un vendredi 13 (juillet, ndlr). À l’âge de 83 ans et après avoir longuement croqué « la vie à pleines dents », comme l’a évoqué le maître de cérémonie, le père Laurent Jullien de Pommerol, curé de Saint-Denis. « Quel est le Croix-Roussien que tu ne connaissais pas ? », lui a demandé à plusieurs reprises Michel Noir, instigateur de la carrière politique de cet ancien ingénieur, artiste à ses heures, que l’on applaudissait sous le pseudonyme de Gaby Telliac.
Artiste, artisan et élu proche, « Gaby » était tout à la fois
1983, « Gaby » s’est donc lancéen politique, promu en tête de liste dans le 4e arrondissement, embrassant au passage cette troisième vie avec la même ferveur que les deux premières. « Tu t’es engagé sans compter, a poursuivi l’ancien édile, visiblement ému. Il était capable d’embarquer ses équipes dans la réalisation de hauts projets ». Un portrait soigné que David Kimelfeld, son successeur au fauteuil du maire du 4ème, bien des années après, a confirmé : « Il nous a offert à chacun des moments inoubliables. Nous perdons un personnage emblématique. Ainsi, je veux saluer son parcours entièrement dédié à la chose publique, un homme de terrain toujours prêt à rendre service ».
C’était donc ça, « Gaby », un élu sachant « être sérieux sans se prendre au sérieux », apprécié du plus grand nombre, au point d’être réélu sur trois mandats successifs, une marionnette de Guignol toujours posée sur son bureau. « Artiste, artisan, élu proche de la population, sympathique, convivial, efficace… il était tout cela à la fois ! Notre dernière rencontre remonte à un an. J’étais venu le voir chez lui avant les élections législatives… un vrai moment de partage et d’amitié », a souhaité formuler le maire du 2ème Denis Broliquier, arrivé sur le gong. « Toujours à donf », dixit sa fille Magali, Gabriel Caillet avait donc le « feu sacré », qu’il partageait avec sa femme Janine. Un gros caractère « pas toujours facile », a-t-elle avoué les larmes aux yeux, soutenue par sa sœur Véronique. « On retient ta générosité, repose en paix Papa », a fini par lâcher cette dernière sous les voûtes de l’église Saint-Denis.
2000 mariages à son actif !
A quelques mètres du Gros Caillou, où il aura longtemps regretté ne pas avoir bâti un parking. La vie en a décidé autrement, comme elle lui a ôté la joie d’un 4ème mandat de maire quand il fut balayé par la vaguelette Collomb de 2001, renvoyé par les nouveaux électeurs bobos de la Croix-Rousse, ceux-là même qu’il avait installés sous la pression des bétonneurs… défigurant le village croix-roussien à tout jamais. Nous l’avions accompagné au milieu de ses cartons le lendemain de sa défaite (pour 400 voix) … face à l’inconnu Pierre-Alain Muet. Un coup dur pour celui que le tout Lyon croyait indéboulonnable (photo ci-dessus).
« On entendra plus son rire jovial, son franc-parler », ont regretté ses amis de la République des Canuts, gardiens des traditions lyonnaises dont il fut le père fondateur. Mais même disparu, « Gaby » « reste dans le cœur » des Lyonnais, des Croix-Roussiens et de ses confrères politiciens, Marc Fraysse, Philippe Cochet ou Emmanuel Hamelin, venus lui rendre un dernier hommage. Gabriel Caillet aimait les gens. Avant que celui-ci s’envole sous d’autres cieux, ces derniers lui ont montré que cet amour était aussi partagé. De quoi partir tranquille. Non rien de rien, ne regrette rien.
Mardi 17 juillet 2018
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