Jean-Maurice Hébrard. A la vie, à la Chine

1 août, 2016 | LES GENS | 1 commentaire

Photo © Fabrice Schiff

Par Baudouin Wisselmann

La Chine communiste, peu l’ont connu. Son ouverture à l’international a débuté lentement à la fin des années 70 et Jean-Maurice Hébrard est l’un des rares à pouvoir témoigner.

Diplômé d’une licence de chinois à l’institut des langues orientales de Paris, il part en 1983 pour un certificat de fin d’étude à l’Université de Tinan, dans le cadre d’un programme boursier. « La Chine était miséreuse, l’économie totalement contrôlée, il n’y avait par exemple, aucun restaurant, mais des réfectoires où nous payions avec des tickets de rationnement. Très peu d’argent circulait et ma bourse s’élevait à 70 RMB (10 euros). » JM est un privilégié, en tant que membre de l’équipe de sport, des compléments alimentaires lui sont octroyés et manger de la viande lui est même permis. De tout son séjour, il ne connaitra pas de douche à l’eau chaude. JM relativise. A titre de consolation, les Chinois à cette époque étaient extrêmement accueillants, quelque chose qui s’est visiblement beaucoup perdu. De retour à Paris en 1986, il donne des conférences et organise des voyages vers la Chine jusqu’aux évènements de la place Tiananmen. Les Chinois ne parlant et n’écrivant alors qu’en mandarin, sa connaissance de la langue qu’il parle couramment, le catapulte à un poste de directeur commercial qu’il va exercer dans différentes entreprises. Appelé en 1996 par Thierry Bernard, JM prend la direction d’ERAI Chine qui devient le bras armé économique de la région Rhône-Alpes et de la France au travers de prestations de consulting, qui connaitront une forte demande. JM atterrit donc à nouveau dans une Chine désormais méconnaissable. « Tous les ans, Shanghai change, on ne voit pas le temps passer. » Il y rencontre une Shanghaienne francophone qui deviendra son épouse en 1997. Elle prend 2 ans plus tard une décision ô combien difficile. Les Chinois n’ayant pas accès à la double nationalité, elle abandonne sa nationalité chinoise pour la française. Un choix qui permet toutefois d’exonérer leurs deux filles du même dilemme.

 Le sens du rebond

En 2000, le couple s’installe avec leur première enfant dans une charmante « nongtang ». Ce sont de petits quartiers typiquement shanghaiens où les maisons, serrées, avec leur propre jardin carré, restent à l’abri du vacarme de la circulation. « Platanes et acacias l’arborent et le magnolia, la fleur de la ville y germe ». Rassurant pour le développement de leurs filles, aujourd’hui âgées de 14 et 16 ans, à qui est offert ce cadre de vie, à la fois au cœur et en même temps déconnecté de l’hyperactivité de cette mégapole. Pour l’exposition universelle de 2010, ERAI Chine obtient de la municipalité de Shanghai que son pavillon, de construction essentiellement rhônalpine, ne soit pas démonté. Un traitement d’exception qui permet d’en faire une précieuse vitrine de la région et de tout le savoir-faire français, par son incubateur d’entreprise, de beaux espaces showroom et le restaurant d’application de l’Institut Paul Bocuse. Les affaires vont ensuite prendre une autre tournure. Passé l’expo, le pavillon, excentré, se remplit difficilement et devient encore plus couteux pour ERAI. Ajouté à cela une gestion désastreuse et des conflits internes, ERAI coupe ses 250 000 euros de subventions par antenne et finit par déposer le bilan en juin 2015. La filière chinoise est reprise par Salveo, qui exploite le pavillon comme incubateur. Quid de Jean-Maurice Hébard ? Pas le temps de (trop) gamberger. Robert Guillaumond, président d’Adamas Attorneys, fait immédiatement appel à lui et à son carnet d’adresse, fort de près de 300 entreprises. Ce Lyonnais a été le premier occidental à obtenir du gouvernement chinois la licence d’avocat. Un temps à Pékin, il s’est étendu à Chengdu, Guanghzou, et Wuhan. JMH lance pour sa part une structure en parallèle, Adamas Consulting, dont l’activité ne fait que démarrer. L’aventure peut continuer à Shanghai, idéalement située pour s’adonner, à ce qui reste une passion, les voyages dans toute l’Asie, et notamment vers la Thaïlande et le Japon que Jean-Maurice Hébrard apprécie tout particulièrement.

 

1 Commentaire

  1. Jean-Michel MOLLIER

    Jean-Maurice, un homme qui force le respect par son courage, son intégrité et ses compétences.

    Jean-Michel MOLLIER

    Ancien collègue
    Cetanā – Founder & President

    Réponse

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