Propos recueillis par Morgan Couturier – Profitant de la visite du chantier du futur All In Country Club, Jo-Wilfried Tsonga évoque sans langue de bois, le prochain opus de l’Open Parc Auvergne-Rhône-Alpes Lyon, organisé du 20 au 27 mai 2023. Une édition forcément particulière pour l’ancien tennisman, lequel aborde l’événement dans un rôle nouveau d’organisateur à part entière.
Lyon People : Vous annonciez votre retraite, il y a un tout petit peu moins d’un an. Comment vivez-vous cette deuxième vie ?
JWT : Honnêtement, je la vis à cent à l’heure. J’avais initié pas mal de projets vers la fin de ma carrière. Avec les blessures, j’avais eu le temps d’entreprendre. Alors la transition s’est faite assez rapidement. Je n’ai pas vraiment eu le temps de faire de coupure. Je me suis directement lancé dans mes nouvelles fonctions chez All in Group.
Comment se dessine le Jo-Wilfried Tsonga entrepreneur ?
On est là-dessus, c’est vrai ! Même si en tant que joueur de tennis, on entreprend déjà. Peut-être différemment, mais c’est déjà une petite entreprise, dans le sens où tu te dis, je vais faire ceci, cela et si je suis bon, j’en récolterais les fruits. On met énormément d’énergie, de moyens en construisant nos propres équipes. Alors on s’habitue à donner pour recevoir.
De fait, pour l’Open Parc, allez-vous conserver le seul costume d’ambassadeur ou êtes-vous plus dans le rôle d’organisateur ?
Je fais les deux ! Ambassadeur, je le suis par mon image de joueur de tennis. À côté de cela, je suis aussi organisateur. L’Open Parc est un des aspects de notre groupe, dont je suis majoritaire. Alors forcément, c’est notre bébé.
« Il faut faire rêver les gens »
Est-ce plus simple désormais, de se concentrer sur son élaboration ?
Aujourd’hui, je suis capable de changer une ampoule (rires). Maintenant, j’y passe la semaine, quand en tant que joueur, je passais peut-être une demi-journée et puis je filais.
Prenez-vous plaisir dans ce nouveau rôle ?
Avoir un peu plus de responsabilité dans l’organisation, c’est génial. Le métier de l’événementiel, c’est le rêve. Et il faut faire rêver les gens !
Est-ce plus simple de convaincre les joueurs, maintenant que vous bénéficiez de plus de temps ?
Pour être transparent, ce n’est pas mon rôle. Je ne suis pas le directeur du tournoi, je ne démarche pas les joueurs. Je suis actionnaire, je peux donner des coups de main, mais c’est Thierry (Ascione) qui s’occupe de ce volet.
L’Open Parc fête sa 6e édition. Peut-on dire que le tournoi est arrivé à maturation ?
Non, dans le sens où un tournoi peut durer 100 ans (rires). On pourra dire qu’il arrive à maturation lorsqu’il aura dix ans. Aujourd’hui, on est encore sur un léger déficit d’infrastructures. On doit tout construire de nous-mêmes. Les terrains, on les fait et on les défait. Je trouve ça un peu dommage. On sait aussi que pour certaines collectivités, c’est plus dur aujourd’hui de nous subventionner. Même s’il a son charme, qu’il est différent des autres, je sais que dans le monde du tennis, on peut faire mieux que ce que l’on fait aujourd’hui. En termes de business, on peut aller encore plus loin.
« Les terrains, on les fait et on les défait. Je trouve ça un peu dommage »
L’hypothèse d’un départ de la Tête d’Or existe. Mais l’Open Parc peut-il réellement quitter la verdure du parc ?
On n’est fermé à rien. Avoir un super tournoi dans le Parc de la Tête d’Or, c’est inespéré entre guillemets. On fait tout à pied, les joueurs viennent avec leur famille avant Roland. Moi, j’ai adoré jouer là. Mais à un moment, si le business ne peut pas suivre… Comme pour toute chose, si on n’est plus en mesure de payer, on est obligé de se déplacer. Tout cela dépend des acteurs locaux, de notre capacité à faire aimer notre tournoi. Il y a beaucoup de facteurs qui font que l’on est fermé à aucune hypothèse.
Votre groupe est en pleine construction de son All in Country Club (lire par ailleurs). Est-ce une solution de repli possible ?
C’est pareil, il faut avoir les capacités d’accueillir le public. En termes d’infrastructures, on en est capable. On a pensé le site pour qu’il soit éventuellement une solution. Il y a des certifications à avoir, des autorisations qui ne dépendent pas que de notre seule volonté. On pourrait les mettre les économies réalisées sur le recrutement de joueurs. Quand tu as de l’argent, tu es en mesure de recruter les meilleurs joueurs du monde.
Un rêve nommé Rafael Nadal
Que pensez-vous du plateau sportif pour cette édition 2023 ?
J’ai tendance à dire que pour l’instant, il nous manque une ou deux têtes d’affiche, même si dans ces tournois-là, on sait qu’il y en a généralement une ou deux, maximum.
N’est-il pas un peu moins bling-bling que certaines années ?
Il faut savoir que sur les inscriptions, on n’a pas toujours ces fameuses têtes d’affiche. Ça peut venir après. Mais en dehors de cela, on a un plateau qui est très dense. Pour moi, c’est un tournoi de Masters Series sans les Top10. C’est hyper fort (le joueur le plus bas est classé 67e). Il y a une grosse densité. On va avoir du beau jeu ! Et à côté de cela, il y a potentiellement les futurs très bons. Il reste encore un peu de temps avant le début du tournoi, mais on ne sait jamais… Il y a des joueurs qui ont besoin de jouer. Ou auront besoin de jouer (rires).
Justement, il y a un petit Espagnol, nommé Rafael Nadal, qui a besoin de certitude avant Roland. Le public lyonnais est-il en droit de rêver ?
Il faut le lui demander (rires) ! Ce serait trop bien ! Mais pour qu’il vienne, ça ne dépend pas que de nous. C’est dur, ça coûte très cher. Mais s’il a envie de venir, on serait ravi de l’accueillir. Je peux même faire sparring-partner s’il le souhaite (il se marre) !
All In Country Club. Un projet à fort potentiel
Le compte à rebours est lancé, laissant les jours s’égrainer sur le site internet comme dans l’esprit des créateurs, Thierry Ascione, Patrick Bouchet et Jo-Wilfried Tsonga. Et pourtant, qu’il s’agisse d’aujourd’hui ou de sa future ouverture, prévue en juillet 2023, All In Country Club semble avoir déjà trouvé sa voie. Le complexe multisports n’a pas attendu les premières frappes de balle pour vendre du rêve. Une simple visite du chantier aura suffi, les 3,5 hectares du All In Country Club, faisant déjà saliver les visiteurs. À juste titre, tant le projet apparaît unique dans la région. « Il va y avoir quelque chose d’assez extraordinaire dans la zone », a promis Thierry Ascione, évidemment fier de ces infrastructures dernière génération, pensées avant Covid. Voué à héberger de jeunes talents, 20 courts de tennis – dont huit couverts – et trois pistes de padel, le site entend surtout respecter sa dénomination.
« Ce n’est pas une académie. On est vraiment dans un country club », a réaffirmé Thierry Ascione. En effet, si la petite balle jaune a vocation à animer les lieux, le lieu reste promis à d’autres plaisirs. Gastronomiques d’abord, alors qu’un restaurant public, de près de 280 couverts (terrasses comprises, ndlr) promet de galvaniser le complexe, à plus forte raison depuis son attribution au restaurateur lyonnais, Aurélien Liveneau (Le République et le Splendid). L’installation à ses côtés, d’un club house et d’un All In Store de 200m2, sont autant de raisons d’attirer le public. Reste que pour « trouver un rythme de croisière d’ici 3 ans » et rentabiliser les quelque 34 millions d’euros d’investissement, la majorité des activités n’est accessible que sur présentation d’une carte d’adhérent (autour de 190€/mois).
Un financement conséquent en apparence, mais finalement assez raisonnable au regard des différentes activités, qu’il s’agisse de l’accès aux différents courts donc, mais aussi des 670m2 dédiés au centre de sport santé (avec espace fitness, nutritionnistes, kinés et médecins), du spa (avec piscine chauffée, sauna et hammam) ou de la piscine semi-olympique. « On a vraiment pris le temps de tout mettre sur ce site », a appuyé, ce dernier tablant à terme, sur « 1200 à 1500 adhérents ».
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