Par Morgan Couturier
Dix-neuf printemps au compteur, et pourtant Laura Abou affiche toute la dextérité d’une cavalière aguerrie. Avec sa jument Ueleme du Bochar, la jeune Lyonnaise truste les concours internationaux. Et veut encore aller plus haut.
Le raccourci est limpide, alors la jeune femme s’en amuse, le sourire étiré jusqu’aux oreilles. « C’est un véritable petit avion », glisse-t-elle en guise de justification du patronyme de son équidé, fraîchement réveillé de sa sieste. D’ailleurs, le faciès gracieux de la charmante Lyonnaise n’y fera rien ce jour-ci, la jument n’est pas d’humeur à s’afficher. Les oreilles rabaissées, ULM exhibe son caractère. « Ce n’est pas facile tous les jours », dépeint-elle. Il en va ainsi des histoires d’amour, les relations tumultueuses contribuent à leur éclat, une fois les planètes alignées. Dans pareil cas, la connaissance de l’autre est primordiale, pour surmonter les obstacles, à plus forte raison dans une discipline où ces derniers se dressent sur chaque épreuve.
Et tant pis si les premières rencontrent ont remis à plus tard ce concept sacré du coup de foudre, le récit n’en est que plus beau aujourd’hui. Tomber, pour mieux se relever, c’est la raison de vivre de ce duo. « Quand je l’ai eue, il y a trois ans , ça ne se passait pas bien du tout. Je tombais à chaque fois que je la montais, avoue-t-elle. Maintenant, je sais ce que je peux faire et ne pas faire ». Le contact avec l’animal est ainsi fait, un pour tous et tous pour un. « On est deux. Plus je vais lui donner, plus elle va me donner en retour », dresse-t-elle du haut de ses 19 ans.
« Ce qui me plaît, c’est le contact avec l’animal, on est deux »
« La jeunesse est un art », écrivait Oscar Wilde, que Laura Abou a su magnifier au fil des ans, forte d’une expérience à toute épreuve. Installée sur l’une de ces sublimes créatures à quatre pattes dès l’âge de 4 ans, la Lyonnaise a très vite succombé au virus du cheval, importé par sa grand-mère Arlette, et entretenu par sa mère, Véronique, son soutien de toujours, qu’il pleuve ou qu’il vente, sur les différents concours de la jeune femme. « J’ai été baignée très tôt là-dedans », évoque la protégée du réputé cavalier Thomas Lévêque. Depuis, la passion a fait son chemin, pour se muer en appétit féroce une fois perçue l’odeur des concours. D’autant, qu’à ce jeu, ULM se révèle être une parfaite compagne.
« Elle est hyper concours, moi aussi, alors quand on y est, elle donne tout », se réjouit-elle. Avec succès, si l’on en croit les trophées rapportés çà et là, en dépit des cours, de Cagnes-sur-Mer à Fontainebleau. Mais à gagnante, tempérament équivalent. Alors Laura Abou aspire à voler plus haut, pour tutoyer les barres des grands de la discipline, quitte à briser son duo sur l’autel de la compétition. « A un moment, elle ne peut plus, et moi, j’ai envie d’avancer. J’attends de voir jusqu’où elle peut aller ». Propulsée en bout de piste, Ueleme a donc tout intérêt à s’envoler. L’histoire n’en serait que plus belle.
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