Le chantier de Jean-Jacques David

7 janvier, 2009 | LES GENS | 0 commentaires

 

1 Photos © Jean-Luc Mège

 

 

Par Nadine Fageol

 

Dans l'empire de Collomb II subsistent deux enclaves à droite, les 2nd et 6e arrondissements. Dans ce dernier, on est allé rendre visite au maire dans un appartement maison débordant de petits enfants. Même pas prout ! Attention, Jean-Jacques David a été directeur de travaux dans le bâtiment et s'est mis en tête de réorganiser la droite lyonnaise. Gros chantier en perspective.

 

2 « On m'avait dit que vous étiez belle ! », Jean-Jacques David découvre pour la première fois Guylaine, la ravissante nounou, qui en Droit à Lyon III, refuse de se laisser photographier. On serait tenté de croire qu'en épouse prudente, Françoise planque la jolie demoiselle mais il n'en est rien. C'est juste que Jean-Jacques –  manifestement atteint du symptôme de parler vrai – a fait sienne l'idée de maire de proximité. Françoise avait pourtant tempêté : « si tu es maire, je divorce ! Vous comprenez, j'avais envie de le voir pendant la retraite ». Autodidacte de 63 ans, Jean-Jacques a été élu maire du 6ème malgré « la molle campagne» du Perben de Chalon qui pensait rafler la mise avec trois associations, plein de costumes et de la teinture bleue. De la confusion dans l'élégance, après avoir mis la droite sur le flanc voilà que le ministre refuse maintenant les parties de rami au Conseil général pour cause de manucure dévastée. Le maire du 6ème repense à sa copine Joëlle Léonard qui l'a incendié durant l'entre deux tours des municipales, l'invectivant de rallier Perben sous peine de mort politique. « On sait ce que l'on fait ; on voit ce que l'on fait », plutôt la proximité qu'aide de camp auprès d'un parachuté, Jean-Jacques est homme d'honneur. Le mot galvaudé en politique, il préfère « fidélité ». Et le maire du 6e  de foncer dans son ancien couvent de mairie éplucher le plan de mandat afin de chercher matière à contrer Gégé « un type brillant qui argumente ou bien esquive par la dérision ». Convaincus d'avoir fait le bon choix, les habitants du sixième qui le croisent sur le marché constatent « vous au moins, vous êtes là et pas uniquement pendant les élections ». Jean-Jacques David, c'est de l'élu de droite « parce que c'est pas la gauche » ; il en a eu la conviction au soir du 10 mai 1981. Simplement, il ne s'est pas exilé en Suisse parce qu'il n'avait rien à emporter. Après le choc de l'élection de François Mitterrand, il prend sa carte au RPR. Désigné Secrétaire de circonscription en 1984, il siège au conseil d'arrondissement du 6ème depuis 1989.

 

3 40 ans qu'ils habitent cet appartement du 6 – avec vue sur la mairie – qui a grandi en même temps que la famille s'est étoffée. Absorption et transformation du second étage en duplex, puis extension sur la droite. Devenus actifs, leurs trois enfants Virginie (39 ans) qui a fait l'EFAP avec notre photographe Jean-Luc ; Albane (36 ans) et Maxime (33 ans) délestent très régulièrement leur progéniture à Françoise, propulsée super mamy. Grany veille sur Robin le malin, Jade la sublime, Ambre la discrète et Justine qui affiche de précoces qualités de médium par sa capacité à 16 mois à déplacer les meubles. Un don de famille, « Maxime très proche de sa mère, n'arrête pas de chambouler la maison. Je laisse faire, je ne peux pas faire autrement je ne suis pas là ! » explique le maire qui a beaucoup à se faire pardonner. L'époux bricoleur qui a passé 40 ans de sa vie dans les bureaux d'étude et sur les chantiers n'a pas tenu parole. La ferme de Saint Symphorien toujours dépourvue de pompe à chaleur, Noël se déroulera finalement dans le sixième ! Jade allergique à la sieste huuuuuuuuuuurle ; Françoise interpelle, « va voir la petite à l'étage, une caresse et un bisou ». Et hop, le maire de s'enrouler dans sa cape de super papy. On cherche matière à redire en lui demandant en substance si la bonne pâte qu'il nous montre ne masque pas de l'élu diabolique qui, en pleine période de grandes vacances socialistes, motive président Nicolas à faire de la France une république bananière. S'il accepte l'idée de la république toute jaune dessus, lui se défend corps et âme. Et d'une admirable candeur, il raconte avoir toujours été, « un naïf en politique. Je ne vois pas le mal chez les gens ». Françoise, en rajoute, « je vous assure, il adore les gens ». Il raconte même  avoir cru « que l'on pouvait avoir des amis en politique ». Justement quand on lui demande qui sont ses amis, il pense à Annick Jeannerod, au couple Dolue, à ses copains de l'institution Robin à Vienne avec qui il dîne une fois l'an.

 

4 Noiriste sous Noir, chabertiste avec Chabert, barriste sous Barre, milloniste avec ou sans Million… En regardant son parcours politique, on a cru comprendre que David avait acheté un GPS, probablement chinois, parce que toujours orienté sur la droite du moment. Il nous faut peut-être admettre que dans sa quête du bien, il a pu traverser sans encombre les aléas de la vie politique régulièrement émaillés de luttes fratricides. Déçu par Noir, convaincu d'une max(i) cabale anti Chabert – dont il n'ose pas dénoncer nommément les auteurs – foncièrement allergique au parachutage… sauf celui de Nardone qu'il juge après coup « brillant mais trop marqué ». Fidèle à ses idées, il a fait son chemin. Homme de consensus poussé par Nicole Chevassus, s'est retrouvé maire en mars dernier, presque malgré lui. Et d'esquiver les querelles qui ont pollué son propre camp. De Béatrice Brac de la Perrière, il dit simplement « regretter qu'elle ne soit pas avec nous ». Aujourd'hui retraité, il s'investit à 100% dans son mandat. Parmi ses projets, l'aménagement de remblas sur le cours Franklin Roosevelt, puis une bibliothèque digne de ce nom pour ses administrés. Au-delà du petit meurtre entre faux amis politiques, le pratique penseur a créé « Lyon Prospective », un club de réflexion managé par son chef de cabinet, afin de préparer les prochaines élections municipales. « Un classique du genre lorsque l'on veut se créer un avenir. Même Villepin vient de s'y mettre ! » persifle notre chroniqueur Saint Pothin sur internet. Espère-t-il secrètement réitérer le coup de 2008 ? Va-t-il s'engager pour Michel Havard ou Denis Broliquier ?  Nouvelles esquives. « J'ai de l'affection pour les deux ! » se dérobe-t-il. Ce type a fait carrière dans l'immobilier sans jamais couler un homme dans le béton. Qu'on se le dise, à la différence du politique qui a faim, un fin politique est toujours assisté d'un aide de camp puriste. Françoise en l'occurrence. Fidèle à sa famille, à commencer par la sienne, de celle qui fait corps quand pleuvent les ennuis, Jean-Jacques David n'a pas fini de nous surprendre…   

 

 

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