Par Bernard Gouttenoire, critique d’art
James Bansac (1924-2021) était un être droit, racé et madré, instruit et intelligent, courtois et travailleur, et pour tout dire absolument adorable… Il reste un modèle, tant il a placé son existence familiale au centre de ses préoccupations essentielles.
Avec ses quatre garçons Laurent (né en 1955), Stéphane (né en 1959), James-Olivier (né en 1961) et Denis (né en 1965), tous architectes -sauf le dernier qui sera pharmacien- et leurs treize petits-enfants et les quatre arrière-petits-enfants, descendance qu’il a eu avec son inséparable Malou, James Bansac est un exemple de réussite dans la globalité de sa longue vie. Être reçu quai Rambaud, a été un privilège, un honneur rare, un bonheur partagé.
Né le 7 octobre 1924 à Lyon, il s’est d’abord engagé en peinture aux Beaux-Arts dès 1942, jusqu’en 1945. Il a obtenu le « Prix de Paris » qui récompensait, chaque année, le talent d’un élève, par un séjour annuel à l’équivalent de la villa « Médicis », propriété de la ville de Lyon, 19 rue Ledion, Paris 14ème. C’est là, qu’il suit à la Sorbonne, les conférences d’André Breton et Tristan Tzara.
Ses confrères lyonnais s’appellent les « Sanzistes » une joyeuse bande qui reçoit -pleine figure- la leçon du nabi japonard, Pierre Bonnard (qui vient de mourir en 1947). La rencontre avec Jean Hess, lui donne l’occasion pendant la guerre, de dénoncer l’invasion nazie, sous la forme d’un dessin monumental, qui fait référence à « Guernica » de Pablo Picasso (1937).
Ses amis alors sont peintres, quatre des trois mousquetaires seront célèbres Jean Fusaro, Jacques Truphémus, André Cottavoz et Philibert-Charrin, puis son nom va se fondre aux autres, tous ceux qui comptent de la jeune génération, Régis Bernard, Joannès Veimberg, Georges Darodes, Jacques Ravel, Paul Clair, Henri Lachieze-Rey, Antoine Sanner, Jean-Albert Carlotti, Pierre Doye, André Tresallet, Pierre Coquet (décédé à Paris juste la veille de Bansac) et Françoise Juvin, Michel Charpentier, Micheline Colin, Arianne Prokhoroff, Hélène Mouriquand, Robert Duran, Alice Gaillard, Jacques Poncet, Suzanne Sabathé et autres Jean Couty… tous désormais (sauf Jean Fusaro et Régis Bernard) inscrits et installés à jamais dans la grande fresque du firmament, qui accueille James Bansac aujourd’hui…
Ils y ont rejoint leurs Maitres «Cézanistes», tous amis du peintre Pierre Combet-Descombes et du critique d’art Marius Mermillon, les fondateurs entre 1920 et 24 du fameux Salon du Sud-Est (lequel salon rendra hommage en fin d’année quai de Bondy, avec le regretté Sonny Meyer), leurs noms sont gravés au Panthéon de ceux qui comptent les fameux «Ziniars», tous professeurs de Bansac, les excellents Jacques Laplace, Venance Curnier, Henri Vieilly et Antoine Chartres (sur lequel Bansac écrira un remarquable livre avec son ami le professeur Louis-Paul Fisher «Antoine Chartres et ses élèves», qui a obtenu le Prix du Manuscrit du Département du Rhône, paru en 2007, aux éditions Les Traboules, sous la direction de René Berlivet.
L’époque était merveilleuse en sont témoins Serge et Jean-Jacques Renaud à Trept et au Fort de Vaise. Bansac a tout raflé, toutes les récompenses en sa qualité de peintre, de la Grande Chaumière à Paris à la Fondation Vibert à Lourmarin, dont il a été l’heureux lauréat.
Revenu à Lyon, James Bansac s’est marié dans les années 50 à Marie-Louise Panis, connue de tous sous le joli patronyme de Malou. Elle l’a comblé en lui donnant quatre garçons… Mais, il fallait bien nourrir ces têtes blondes. Et la peinture -même quand on a un talent comme le sien- ce n’est pas gagné. Puis -c’est une sorte de miracle- sa vie va basculer, avec la rencontre de Charles Mérieux, grâce à Edouard Mouriquand.
Alors, il change de métier délaissant les pinceaux, chevalet et palette, au profit du compas et de l’équerre, plus question de rêver. Il a construit à Marcy l’Etoile et sur le site de Craponne, l’empire des Mérieux qui sera le siège lyonnais (sa référence professionnelle suprême, ci-dessous). Et par la suite, il signe nombres de bâtiments, liés à la saga des célèbres médecins connus mondialement et de fait, devenus ses principaux clients. Autre fierté : trois de ses enfants sont aujourd’hui architectes. Un lien étroit avec sa vie propre. L’un d’eux, James-Olivier, obtiendra le prix national de la « maison préférée des français » décerné en 2011, par Stéphane Bern.
C’est une fierté que ceux qui entourent James Bansac lui ont toujours rendue. Ainsi, Alain Mérieux en finançant la parution de ses livres d’art et de ses expositions personnelles, sera toujours à ses côtés. La dernière exposition -dans les salons de l’Institut Mérieux, au cœur de la maison mère, 17 rue Bourgelat- date de 2013. De même, la Mairie du 2ème avec l’équipe Denis Broliquier, Francois Royer et Maryll Guilloteau lui ont rendu un hommage appuyé dans leurs salons.
Malheureusement Bansac a -petit à petit- perdu la vue et donc, à partir de 2003, il n’a pas tout à fait retrouvé son trait d’antan si perspicace et unique. Mais nous étions plusieurs à aimer monter les étages du quai Rambaud, pour des visites avec des amis afin de choisir des œuvres. La dernière celle de Gisèle Mélinand et Bertrand Oriot qui ont voulu emporter une œuvre de James Bansac chez eux, dans leur « French Farm » de Houston (au Texas). Puis celle -il n’y a pas si longtemps- de Maître Agnès Savart commissaire-priseur, avec laquelle, Bansac s’est si bien entendu, pour faire monter la cote de tes tableaux, chez Artenchères…
« Oui, mon cher James Bansac, je peux te dire que tu vas énormément nous manquer, (me manquer, mon cher ami) avec ta bonne humeur communicative et ton goût très raffiné, pour toutes les bonnes choses de la vie… »
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