Texte : Nadine Fageol. Lâchement agressé, le journaliste historien Gérard Corneloup vient de nous quitter. Onde de choc… Les Lyonnais perdent un auteur brillant et l’un des plus fins spécialistes la ville. Mémoire.
Mais que s’est-il passé le 18 juillet 2022 dans un couloir de la barre du 100 cours Lafayette où Gérard Corneloup a croisé le diable en personne ? Une agression d’une violence inouïe pour dérober une simple sacoche retrouvée deux rues plus loin. Laissant notre confrère et contributeur pour mort. Retrouvé par des voisins et placé en coma artificiel depuis huit jours, Gérard est décédé mardi en fin de matinée à 76 ans.
A l’annonce de son décès, la sphère politico-médiatico-culturelle lyonnaise s’est enflammée sur la toile pour saluer l’homme aussi brillant que bienveillant et dénoncer une agression sordide dans un contexte sécuritaire délétère après les évènements de la Guillotière et de La Duchère. Entre temps, le commissariat regroupant les 3 et 6emes arrondissement a lancé un appel à témoin dont on ignore les résultats.
« Compte-tenu de son décès, de l’importance des blessures constatées, dont l’origine n’est pas établie à ce jour, et des suspicions de vol de sa sacoche, l’enquête se poursuit du chef de vol avec violences ayant entrainé la mort sans intention de la donner. »
Le parquet de Lyon
Interrogé par Lyon People, le parquet de Lyon annonce avoir requalifié l’enquête démarrée le jour de l’agression « du chef de vol avec violences ayant entrainé la mort sans intention de la donner », ce qui paraît très étrange étant donné « les importantes blessures » constatées suivi du décès. Une autopsie va être réalisée demain 28 juillet et l’enquête est désormais entre les mains de la police judiciaire de Lyon. Bien des questions se posent sur cette affaire.
« Immense tristesse » fait part Jean-Pierre Vacher, président du club de la Presse
La formule prévaut pour toutes la sphère journalistique consternée et tous ceux qui l’ont rencontré. Car la perte est immense. Bibliothécaire de formation, Gérard était un de ces journalistes à l’ancienne, brillant, érudit, la plume agile, mais encore un fin connaisseur de Lyon et de ses secrets. Sa plus grande passion, la musique et plus spécifiquement l’opéra. Longtemps chroniqueur musical pour Radio France, Le Progrès et Le Journal Rhône-Alpes. Il a intégré l’équipe culturelle de Lyon Figaro en 1987 jusqu’à la disparition du quotidien.
Pilier dans son domaine, apprécié pour son savoir mais encore pour sa bienveillance, sa gentillesse, son sourire, le journaliste-historien a collaboré pratiquement avec toutes les rédactions de la ville. Chez TLM, Acteurs de l’économie, comme à Lyon People où ses connaissances ont fait merveilles dans les fameux dossiers patrimoniaux du magazine (boulevard des Belges, Bellecour, Ecully…) dont il assurait la première partie historique depuis 2009, au côté de l’architecte historien Pierre Jourdan.
Il y a encore l’historien à l’origine de plusieurs ouvrages dont « Lyon Mémoire » paru en 1995 chez Edi Loire. En 2007 arrive « Lyon secret et insolite : les trésors cachés d’une mystérieuse » édition Les Beaux Jours, on croise un château néogothique, un cyclope à trois yeux et un ouvrage maculé du sang du président Sadi Carnot… Prolifique toujours en 1997, il raconte l’histoire de « Joseph Vacher : un tueur en série de la Belle Epoque ». Sordide histoire tout comme sa disparition.
LES RÉACTIONS
À Lyon , après les policiers à #Laguillotiere, un journaliste agressé dans le hall de son immeuble est aujourd’hui dans le coma. Lyon qui devient la troisième ville où la délinquance et les violences augmentnt le plus.Quel crève- cœur !
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) July 23, 2022
Lyon : l’ancien journaliste Gérard Corneloup meurt après une agression
Triste nouvelle, Gérard Corneloup était un amoureux de Lyon.
La situation dans notre ville est toujours plus inquiétante…
— Pierre OLIVER (@poliver69) July 26, 2022
Mise à jour du 5 septembre 2022
L’enterrement de Gérard Corneloup s’est déroulé samedi 3 septembre 2022 dans la plus stricte intimité, en présence des membres du collectif « Mort sans toit-t » auquel notre confrère consacrait beaucoup de temps.
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