Par Jocelyne Vidal
Sitôt rangés ses rollers « après pas mal de chutes » et une jolie collection de trophées, l’ex champion du monde a rebondi sur les chevalets de la plus fun des peintures…
Les couleurs et les lignes s’entrechoquent à la vitesse des slides, runs enchaînés par l’éblouissant rider. Gorgées de rouges, verts, jaunes et orange fluo, tempérés de bleus turquoise, sa couleur préférée, les montées d’adrénaline ont changé de spots. Sans perdre un millième d’intensité. Tout aussi addictive, la passion de la peinture a atterri, depuis les macadam-stories de Lyon, Chicago et New York City, sur les cimaises d’hôteliers, chefs étoilés, promoteurs immobiliers, collectionneurs et amateurs éclairés.
Une peinture toujours prête à bondir
Née de l’actualité, d’une rencontre, d’un film ou de l’admiration pour ceux qui sauvent des vies, l’inspiration de Nicolas Perrot jaillit comme une évidence. « Quand des clients potentiels me parlent de ce qu’ils aiment, je leur montre des photos pour savoir aussi ce qu’ils détestent et je construis aussitôt mon tableau dans ma tête. »
Des propos fulgurants, à la mesure d’une peinture toujours prête à bondir. « Un jour en noir et blanc, le lendemain en abstractions colorées ou en Mickey disjonctés », au gré des humeurs et des envies irrépressibles d’un fou de peinture… Au point de transformer au hasard d’un week-end chez sa mère, une brosse à dents en pinceau, pour faire le portrait de Paul Bocuse, acquis par Christian Janier (ci-dessus) !
Sur les traces des Frères Montgolfier
Né un pinceau dans la main, dans une famille d’artistes et de médecins, Nicolas peint depuis l’enfance. « A vingt-cinq ans, après des années de compétition de roller sur rampe, j’ai souhaité continuer à faire de ma vie quelque chose que j’aimais. » Sans courir après les galeries ni les expos, si ce n’est à ses débuts, à Paris, à Cannes et dans de petits villages d’Auvergne Rhône-Alpes, il a créé et développé son réseau pour vendre son travail mais aussi sa personnalité d’artiste prolifique, à des entreprises de renom.
Ainsi la vénérable Maison Canson a-t-elle confié à Nicolas Perrot, le nouveau design des célèbres pochettes de papier à dessin pur vélin, hérité il y a 450 ans, des Frères Montgolfier. « Il n’y a pas d’art sans histoire », confie Nicolas entre deux runs à la rencontre de clients qui s’approprient, par tableau interposé, un fragment de son parcours. Celui d’un bourreau de travail qui « fonctionne comme un commercial » et s’impose une discipline d’ascète dans sa maison-atelier-galerie d’Ecully.
L’inspiration en mode free style…
« Levé à 5h30 tous les matins même le dimanche, je prends un café en visionnant un film sur Canal. Il m’arrive aussi de regarder le film et de peindre en même temps un portrait de Bruce Lee d’1,80m par 1,40m par exemple, avec des effets 3D, posté le lendemain sur Instagram, gardé une semaine chez moi, pour en profiter un peu, puis recouvert de blanc acrylique pour céder la place à un portrait de Steeve Mac Queen. »
L’inspiration en mode freestyle contraste avec la rigueur d’un artiste très structuré, à l’atelier toujours bien rangé et propre « pour assurer la neutralité du cadre où, réveillé par une subite envie de peindre, je peux aussi me retrouver à 1h du matin. » Une neutralité très prisée par Pierre Soulages, rappelle Nicolas. Le peintre et graveur français ne dispose-t-il pas à l’envers, toutes les toiles de son atelier pour éviter l’influence d’œuvres anciennes sur les nouvelles ?
…pour aller jusqu’au bout de soi
Aux rythmes de Bowie, Queen, Metallica, Nina Simone, Brel, Joe Dassin et Franck Sinatra dix secondes après, la matinée laisse exploser mille et une notes de couleurs généreuses sur une partition inspirée par le bonheur tout simple de « créer et d’apporter de la joie à ceux qui souffrent ou se dévouent pour autrui ». Ainsi la sculpture en forme de masque de métal offerte par Nicolas au Médipôle de Lyon-Villeurbanne, sa Joconde post moderne vendue aux enchères au profit d’associations de personnes handicapées illustrent-elles le rôle de l’artiste, tel qu’il le conçoit : « aller jusqu’au bout de soi, se renouveler comme Salvador Dali dont le dernier tableau peint en 1989, n’avait vraiment rien à voir avec les précédents ».
Sur une île déserte, idéalement située au large de Cadaquès, on ne sera pas étonné de voir Nicolas rêver d’emporter « une toile blanche où tout resterait encore à faire, une toile familiale et un tableau peint d’un immense Mickey, avec ma fille Sasha ».
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