Par Jocelyne Vidal

La passion de l’art et de l’antiquité chevillée au cœur, Denise David a estampillé la success story des Puces du Canal, « avec une combativité de mise dans un milieu d’hommes plutôt rude » se souvient Jacques Chalvin en rendant hommage à une grande Dame du monde de l’art.

Des années après qu’elle avait tiré sa révérence pour transmettre à Jacques Chalvin, le flambeau des Puces du Canal*, on s’attendait toujours à voir son élégante silhouette surgir d’une allée, au petit matin… « Comme tous les grands voyages, le voyage aux Puces commence à l’aube » écrivait Anatole Jakovski.

Denise David est partie pour un voyage encore plus lointain que ses dix-huit ans de fabuleux périples en chine pilotés « main de fer dans un gant de velours, par une femme de caractère, une entrepreneuse visionnaire », se souvient Jacques Chalvin, président du Double Mixte.

« Rencontrée en 2012, année précédant mon rachat de la Société d’Exploitation des Puces du Canal qu’elle avait créée en 1995 au côté de Jean-Pierre Gaboriaux, Denise eut à cœur de toujours mettre en avant la richesse humaine de la communauté des antiquaires et brocanteurs. Nous n’étions à ses yeux que des passeurs chargés de pérenniser et développer la saga toujours renouvelée des Puces, au Tonkin, à la Feyssine, rayée de la carte par les travaux du Périphérique Nord, puis à Vaise. »

Juriste de formation, antiquaire par passion

Avec une ténacité à renverser des montagnes de tracasseries administratives, Denise obtint en 1994, le feu vert de Michel Noir pour transplanter le Marché aux Puces de Lyon rue du Canal, sur un terrain de la famille Giorgi situé à deux pas de l’ancienne Feyssine. « Du déménagement de Vaise à l’installation des antiquaires et brocanteurs à Villeurbanne, dans un hangar des abords du Rhône, Denise a géré avec calme et efficacité les prémisses d’une nouvelle épopée des Puces. »

Ouvert le 24 septembre 1995 avec une poignée de marchands, le Marché aux Puces du Canal regroupe vingt ans plus tard, 400 professionnels de l’antiquité chaque dimanche. Sur les huit millions de visiteurs, dont 20% d’étrangers accueillis chaque année à Lyon, 500 000 se pressent tous les ans dans les allées du second plus grand marché aux puces de France.   Juriste de formation, antiquaire par passion du mobilier XVIIIème, cette découvreuse de talents se jouait des frontières du temps. L’authenticité et la sûreté de ses choix artistiques ont tissé de belles complicités entre l’ancienne Galerie David et les Puces du Canal, aux ciels assortis aux fulgurances bleutées des toiles de Claudie Grégoire.

La passion de l’art et de l’antiquité chevillée au cœur et au corps, Denise David estampille la success story des Puces, avec une combativité de mise dans un milieu d’hommes plutôt rude. « Le charisme et l’autorité naturelle de cette grande dame forçaient le respect », confirme Jacques Chalvin. « Humblement, j’ai essayé de suivre le chemin de celle qui nous a accompagnés avec bienveillance, efficacité et discrétion dès 2013, au lendemain d’un moment très fort de transmission des pouvoirs, empreint d’intelligence et d’élégance. »

*Après un conflit d’associés, Jacques Chalvin a quitté les Puces du Canal en décembre 2015. Il est aujourd’hui le co-propriétaire du Village de la Gare à l’Isle sur la Sorgue. En parallèle, il planche avec Didier Caudard-Breille et Serge Mathieu sur le projet de la Cimenterie à Albigny