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Propos recueillis par Thierry Lahon (médianet) & Carole Dufour (Idées en tête)
Soir d’été indien sur la terrasse de l’à KGB. Une légère brise souffle sur Lyon, l’instant est propice à une rencontre artistique. Car c’est sous cette lumière que nous allons recevoir nos invités. Nos deux convives sont aussi d’infatigables voyageurs, ce sera donc facile de parler voyages, pour autant sera-t-il aisé de parler de vacances, car ces deux personnalités en prennent-elles beaucoup ?
Marie-Odile Fondeur est adjointe aux Ressources Humaines, au Commerce et à l’Artisanat auprès du Maire de Lyon, mais aussi la directrice du Pôle Agro-alimentaire chez GL évents, DG du Sirha, commissaire générale d’europain, co-gérante d’Omonivore… Bref ce que l’on pourrait appeler une exécutive woman… Pour autant, la femme est discrète, souvent timide et réservée. Nous allons essayer de découvrir quels sont les ressorts d’une telle énergie…
Si Vincent Balse est le lauréat de plusieurs concours, dont le Concours International d’Arcachon ou celui de la ville de Paris, c’est aussi l’un des plus talentueux pianistes de sa génération. Aujourd’hui, il partage sa vie entre Lyon et le reste du monde, car ce virtuose se produit sur de nombreuses scènes internationales. Lyon devrait s’enorgueillir de compter parmi les siens un tel ambassadeur, nous voulions donc absolument vous le présenter. Fermez les yeux, laissez-vous bercer, cet homme est rare et généreux, c’est un grand artiste.
Parlez-nous de votre enfance ?
MOF : Je suis née dans le Pas de Calais, mes parents sont agriculteurs. J’ai beaucoup vécu à la campagne, et dans mon enfance, on ne prenait qu’une semaine de vacances par an. Aujourd’hui je me rattrape… Quand nous partions, c’était soit en Alsace ou en Bretagne, ou à Lourdes, destination qu’aimaient beaucoup mes parents. Enfant, je ne suis jamais allée au ski. Je suis fille aînée, et j’ai un frère et une sœur. Pendant les vacances, je voyais beaucoup mes grands-parents, c’est ainsi que j’ai appris à faire la cuisine avec ma grand-mère. A la ferme, forcement, on faisait beaucoup d’auto consommation, et par exemple je n’ai découvert les yaourts que très tard, chez une copine. Ensuite, j’ai fait mes études à Lille et Paris. J’ai eu une éducation assez sévère, à l’époque, on avait les valeurs du labeur et du travail. Je suis arrivée à Lyon, quand je me suis mariée.
VB : Je suis né à Angers, mais j’ai vécu longtemps à Bordeaux. J’ai des parents enseignants. Mon père est sénégalais et ma mère française. Mon père était agriculteur, et, à sa retraite, il est devenu apiculteur. Ma mère, elle, était directrice d’école, donc on était en vacances toutes les 7 semaines… Pour les vacances, avec mes cousins, nous allions dans le Lot et Garonne, chez mes grands-parents. Même s’ils n’étaient pas musiciens, je crois pouvoir dire que mes parents étaient mélomanes. J’ai commencé la musique, chez moi, à 7 ans, sur un vieux piano, et je jouais à l’oreille…
MOF : Ma mère était très douée pour le piano, mais hélas, elle n’en a pas fait son métier. Chez moi aussi il y avait un piano, et j’ai commencé assez tôt à en jouer, vers 6 ou 7 ans.
VB : Pendant les vacances, quand je n’étais pas chez mes grands-parents, j’allais aussi au ski. Etant petit, comme j’étais asthmatique, l’air de la montagne m’était vivement recommandé. Ainsi, j’ai commencé le ski à 3 ans. Nous allions dans les Pyrénées, mais depuis que j’ai découvert les Alpes je dois dire que ça n’a rien à voir (mais ça, ne le répétez pas…). Enfin, l’été, comme on était proche des plages landaises, c’est là-bas que nous allions.
Ou avez-vous appris à nager ?
MOF : Dans une piscine, proche de la ferme de mes parents, j’y allais en vélo, j’avais entre 12 ou 13 ans.
VB : Parmi mes tantes et oncles, il y en a 3 qui sont professeur d’EPS, dont un maître nageur à Carcan plage… c’est donc avec lui, et là-bas, dans une piscine que j’ai appris a nager. Je devais avoir 5 ou 6 ans.
Vos jeux d’enfant ou d’ado ?
MOF : On se déguisait souvent, et on jouait au badminton. Ado, j’ai même été à la chasse avec mon père. J’ai même passé mon permis chasse à 18 ans !
VB : Petit, j’étais asthmatique, heureusement en grandissant cela s’est estompé aussi j’en ai profité pour jouer énormément au basket.
Quelques souvenirs gustatifs ?
MOF : La poule au pot et le pot au feu. Mais je me souviens aussi que le vendredi on mangeait du hareng saur, il était préparé sur une vraie cuisinière à bois avec des pommes de terres cuîtes sous cloche. Un délice.
VB : Moi, vu la région, c’était plutôt le confit de canard et le foie gras… Sinon, la spécialité de grand-mère c’était la volaille avec du riz au safran. Nous attendions ça avec impatience. Pour moi aussi, un délice.
Si je vous dis vacances ?
MOF : « Détente et partir ».
VB : « Pas assez ! » Je m’explique, si je vous dis cela, c’est ne peux pas tout à fait appeler mes vacances des vacances, car, soit je suis en vacances une année entière, soit je ne le suis pas pendant plusieurs années. Je n’ai pas eu de vraie coupure depuis 10 ans. Ceci dit, j’ai la chance de vivre dans la passion…
Parlons des vacances de l’adolescence.
VB : Quand on est Bordelais, on ne part pas en Méditerranée, on reste sur la côte atlantique. Sinon, c’est vers 15 ans que je suis parti seul, avec mes cousins et les copains. Nous étions assez raisonnables, on ne faisait pas trop de bêtises. La seule qui ne l’ait pas été, et dont je me souvienne, c’est d’avoir conduit sans permis, alors que j’étais en conduite accompagnée. Avec mon groupe de blues funk, nous étions en train de répéter, et pendant la pause, je veux montrer à ma petite cousine que je sais conduire. Je prends la voiture de mon cousin, qui lui avait le permis, et je pars avec ma cousine. Hélas, au bout de la rue, impossible de trouver un endroit pour faire demi tour. Malgré moi, je me retrouve à faire plusieurs kilomètres. Je ne faisais pas le fier. Pour me rassurer, ma cousine me dit alors : « ne t’inquiète pas le gendarme du village c’est le père de celui qui joue du saxophone dans le groupe »… Heureusement nous sommes rentrés sains et sauf et nous n’avons pas eu d’accident !
Autrement en ce qui concerne mes vacances d’ado, je me souviens, à 16 ans, être parti en Angleterre avec l’école, et en Espagne, car ma mère était professeur d’espagnol avant d’être directrice.
MOF : Moi aussi je suis partie avec l’école, mais en Allemagne. A cette époque, j’ai dû faire quelques bêtises, mais vraiment rien de grave. Ma plus grande préoccupation, c’était d’avoir le permis rapidement, pour prendre mon indépendance. A la campagne, on est loin de tout et ce n’est pas toujours facile d’être ado. Plus tard, lorsque j’ai été étudiante à Lille, je me suis lâchée, avec ma 4L, j’ai pris quelques sens interdits, je roulais parfois un peu trop vite et, un jour, j’ai atterri dans une marre… Des trucs d’ado.
Des souvenirs d’amours de vacances ?
VB : Je me rappelle d’une fille que je voyais au ski, mais j’étais jeunot, sinon rien de vraiment marquant.
Quelle musique écoutiez-vous ?
MOF : Plus jeune, c’était Dave et ensuite, Cat stevens, Santana, du folk et du rock…
VB : J’adorais le rythm and blues, Ray Charles, Aretha franklin, et bien sur le début du hip hop, c’est ma génération !
A quel âge prenez-vous l’avion pour la première fois ?
MOF : Pour aller en Espagne à 19 ans.
VB : A 8 ans, pour faire un Bordeaux Nice, et aller chez mes grands parents. J’ai voyagé avec mon badge UM autour du cou !
Comment avez-vous choisit vos études ?
VB : J’ai fait une rencontre décisive, ma professeur de musique, qui était russe. Son mari travaillait à l’Opéra de Bordeaux. Quand on est russe on ne rigole pas avec la musique, aussi j’ai eu droit à une formation rigoureuse et complète. J’ai continué à travailler avec elle jusqu’à ce que je rentre au conservatoire de Paris. Mais le choix de devenir professionnel est venu tard. En terminale, je fais un concours que je remporte, et la personne qui me remet le prix travaillait au conservatoire de Paris. C’est elle qui me propose de devenir professionnel.
MOF : J’ai fais un bac C, dans des écoles religieuses. Après j’ai fait une école de Mangement à Lille, et une Licence en Science Economique à l’Institut de Gestion Agro-alimentaire de Paris.
Parlons maintenant de vos vacances d’adulte…
MOF : Pour moi, cela coïncide avec mon indépendance financière, c’est à dire vers mes 19 ans. A cette même époque, j’ai découvert la Yougoslavie. Avec les copains, il y a eu aussi l’Espagne, ou nous allions en club pour la première fois.
VB : Moi, ce serait vers 17 ans. C’est le moment où je rentre dans l’univers professionnel de la musique. Je commence à faire des festivals. Je me souviens ainsi de l’été 2000 où je suis parti 2 semaines au Etats-Unis, avec seulement 50 dollars en poche. J’avais 18 ans et je découvrais Los Angeles. Ca a été un vrai Road trip, sur la route nous avons rencontré des gens sympas qui nous donnaient du travail, cela nous permettait de vivre et de poursuivre notre route. C’était fantastique.
MOF : Je me souviens avoir fais la descente de l’Ardèche avec 4 copains, pour nous qui venions du nord, c’était le dépaysement total. Sinon il y a eu aussi les Etats-Unis, mais c’était déjà un voyage professionnel. J’ai ensuite poursuivi le périple jusqu’à Miami et Orlando.
Avez-vous vécu des vacances cauchemars ?
VB : Oui au Mexique, j’ai eu une angine blanche carabinée. Le médecin qui m’a vu, ne savait pas la soigner, cela a flingué mes vacances…
MOF : Moi j’ai une petite anecdote à l’occasion d’un départ en Turquie avec mon mari et mes 4 enfants. Mais vraiment rien de tragique. A l’aéroport, on s’aperçoit que ma fille a perdu sa carte d’identité. Mon mari a du rester avec elle pour la refaire et prendre l’avion le lendemain. On était déçu de ne pas partir tous ensemble. Pour essayer d’accélérer les démarches, comme je venais juste de me faire élire pour la première fois, ma fille est allée à la Mairie avec mon écharpe bleue, blanc, rouge, en espérant qu’ainsi ça faciliterait les choses… elle n’en a pas eu besoin !
Si vous deviez établir un top 3 des destinations qui vous ont marquées ?
MOF : Sao Paulo. La première fois que j’y suis allée, on m’avait dit de faire très attention de ne pas porter de bijoux, en fait, il ne s’est rien passé de tout ça, c’était très bien. Sinon il y a eu Shanghai. Je suis impressionnée par les mégalopoles avec les tours building. Dans un autre registre, j’aime aussi Istanbul. J’y ai un souvenir à l’occasion du dîner des toques blanches, on avait pris un taxi qui enchainait les ruelles à toute vitesse, on se serait cru dans un James bond !
VB : L’Afrique du sud, et la visite des ghettos, c’était incroyable. Dans ce même pays, j’ai eu la chance d’y faire un safari, un très beau souvenir. Mais il y a aussi le nord du Canada, à la frontière de l’Alaska, il faisait moins 40 degrés. On a fait du chien de traîneau, c’était magique, même s’il fallait ensuite se motiver pour aller jouer au piano dans un tel froid. Enfin il y a Israël et la mer morte, magnifique et magique.
Voyage de noces ?
MOF : En Corse, le 2 mai 1981, il neigeait encore. J’ai rencontré mon mari chez ma voisine… c’était son frère… On s’est tout de suite plu.
Vincent, comment as-tu rencontré ta femme ?
VB : On se connaît depuis qu’on est tout jeune. Ma compagne prenait des cours avec le mari de mon professeur de musique. Je faisais le conservatoire de Paris, et elle celui de Lyon. Nous nous sommes retrouvés à Lyon l’an dernier.
Plutôt grasse matinée ou lève tôt ?
MOF : Oui je me lève entre 8h30 et 9h… et c’est une grasse matinée car le reste de l’année je me lève à 6h du matin !
VB : J’aime travailler la nuit, donc jusqu’à aujourd’hui j’étais plutôt couche tard et lève tard… mais maintenant que j’ai une petite fille de 16 mois, je deviens lève tôt !
Vincent, comment es-tu parti au USA ?
VB : En 2004 je suis parti faire la Juilliard School à New York, j’y suis resté jusqu’en 2008 ou j’ai commencé à revenir… Une vraie tranche de vie, le rêve américain !
Arrivez-vous à couper le portable pendant les vacances ?
MOF : Non, mais je suis raisonnable, je traite tous mes mails mais je ne suis pas une accro. Pendant les vacances j’ai surtout envie de me poser, à l’inverse du reste de l’année où je voyage sans cesse pour mon travail. Pour cela, nous avons une maison à la montagne, d’une certaine façon, nous l’avons construite avec mon mari et mes enfants. Nous y avons fait toutes les finitions et les aménagements. Quand j’y suis, j’adore faire la cuisine, ce que je n’ai pas vraiment le temps de faire pendant le reste de l’année.
VB : Je reste toujours connecté. Quand j’ai du temps libre j’aime aussi rester tranquille chez moi plutôt que de prendre encore l’avion pour partir je ne sais où.
Y’a t-il un aéroport qui vous ait marqué ?
MOF : Je me souviens d’un voyage en Croatie, ma valise était dans un autre bâtiment de l’aéroport, ce fut cocasse et après des heures de vol ce n’est pas génial. Je repense aussi à un aéroport japonais, en pleine nuit dans un immense aéroport où il n’y avait rien d’ouvert.
VB : Ujuy, au nord de l’Argentine, à la frontière de la Bolivie, du côté de la cordillère des Andes, l’aéroport est juste incroyable. Il y a un mec qui vérifie les passeports, contrôle les billets, décharge l’avion, etc… Il fait tout, c’est un homme-orchestre. Je le revois nous dire : « aujourd’hui l’avion ne partira pas le pilote ne s’est pas réveillé… » Nous avons attendu 8 heures avant de décoller !
Avez-vous un voyage professionnel qui se démarque de tous les autres ?
MOF : Oui, quand j’ai pu emmener ma fille à New York pour les Bocuse d’or. Nous étions descendus au Sofitel, elle était émerveillée, c’était super. Ce qui m’a aussi touché, c’est qu’elle ait sympathisé avec Olivier Ginon. Quand j’étais jeune, je n’ai pas eu la chance de voyager. Aussi, depuis toujours, j’ai voulu en faire profiter mes enfants. Ils ont tous passé, au moins 2 ans à l’étranger. J’ai envoyé 3 de mes filles, 6 mois en Angleterre et en Allemagne. Elles avaient 9 ans.
VB : Une fois, je suis allé me produire sur un bateau de croisière, qui partait d’Hawaï à Guam. A cette occasion, j’ai fait un tour du monde. Départ de Paris vers New-York où l’on a répété. Ensuite de New York, j’ai rallié Hawaï, d’ou j’ai traversé le Pacifique. Nous sommes arrivés en Asie, à Tokyo, puis est rentré à Paris. Bref, j’ai fait un tour du monde pour 2 concerts… Sinon l’an dernier, j’ai eu le bonheur de jouer à Saint-Pétersbourg, c’était un programme de musique française, j’ai été très impressionné par la connaissance des Russes. Leur culture est immense, ils connaissaient les poèmes et la musique, c’est fantastique.
Qu’est-ce qui peut encore vous émouvoir dans les voyages ?
MOF : Je ne me lasse pas de voyager, j’adorerais découvrir l’Asie et l’inde. Quand on peut communiquer avec les gens et contempler les paysages c’est génial, mais hélas je n’ai pas toujours le temps de profiter de ces moments rares.
Vincent, peux-tu nous parler de ton amitié avec Tony Parker
VB : Mon amitié a commencé aux USA. Je suis ami avec Boris Diaw depuis tout jeune, aujourd’hui il joue en NBA avec Tony. Tony étant passionné de musique classique et de piano, Boris lui a parlé de moi. Nous nous sommes rencontrés et ça a tout de suite collé entre nous. Je lui ai même appris à jouer Titanic ! Et puis, les Français aiment se retrouver à l’étranger, on mange du fromage, on boit du vin… Nous n’avons pas dérogé à la règle. Aujourd’hui, je vais m’occuper de la musique pour son prochain mariage, comme je l’avais fait pour celui avec Eva Longoria. Côté people, J’ai aussi joué pour le mariage d’Avril Lavigne, au château de la Napoule, la semaine dernière.
Marie-Odile, une destination qui vous fait rêver ?
VB : J’aimerais visiter l’Océanie, je ne connais pas du tout ce côté du globe. Il y a aussi l’Antarctique, tous ceux qui en reviennent dissent que c’est fabuleux !
Si vous deviez maintenant vous lancer une invitation mutuelle ?
VB : Marie Odile, seriez-vous d’accord, pour vos prochaines vacances, que je vous fasse travailler le piano 10 heures par jour… et cela pendant 10 jours ! Après, vous pourrez penser sérieusement à une reconversion pianistique !
MOF : Pourquoi pas, mais il y aura du travail (rires) !
MOF : Moi, j’emmènerais Vincent au restaurant, chez la mère Brazier, avec Mathieu Viannay, c’est pour moi, l’un de nos plus talentueux jeunes chefs.
VB : Pour essayer d’étonner Marie-Odile, je pense aussi à un festival de musique classique, dans la région de Bordeaux, ce festival s’appelle “musique en graves”, il a un aspect “culinaire” puisqu’on y écoute de la musique et on y déguste du vin.
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