Par Jocelyne Vidal
Le restaurateur au cœur volcan va faire trembler Big Apple. Sa nouvelle conquête l’accompagnera à New York, port d’attache de son 17e restaurant.
Les parfums d’ambre et de cuir du cheval de labour comtois qui a travaillé aux champs toute la journée, la main glissée dans la crinière blonde puis le long de l’encolure pleine d’écume, l’odeur de corne brûlée de l’échoppe du maréchal ferrant… Des sensations gravées à jamais dans la mémoire de Michel Barthod.
« Entre huit et douze ans, j’ai passé tous mes étés dans la ferme de mes grands-parents maternels, bien avant que le tracteur ne pointe son nez à Saint Thiébaud. Ce village de 48 habitants est le creuset de ma passion des chevaux », confie le restaurateur qui a dynamité la rue Mercière et revendu son restaurant « Les Barbares » au printemps dernier.
Claquements de chambrière
Pour avoir monté seize restaurants, Michel n’a pas les pieds dans le même sabot. Inscrit dès l’âge de huit ans, dans un centre équestre militaire de la région parisienne où résident ses parents, le futur Premier Prix de Cuisine de l’Ecole hôtelière Vieux Bois de Genève, se met en selle sur fond de hurlements et de claquements de chambrière. « Tous mes potes faisaient du foot ou du tennis, et moi je passais des journées entières à cheval, pour décrocher mon Galop 7 à seize ans », se souvient le restaurateur titulaire d’un Master de philosophie.
A chaque ligne de fracture de sa vie, les chevaux et la philo sont venus à la rescousse. Sitôt vendu le Salmon Shop, Michel repère entre Megève et Praz-sur-Arly, une ferme du XIXème restaurée de ses mains pour y installer Pretty, une jument Quarter Horse de quatre ans, parée pour l’initier à l’équitation Western : « Après la discipline de fer de mes premiers cours, j’ai découvert l’enseignement tout en douceur du Reining, l’ivresse des spins, stop and go, la patine des selles Billy Cook…»
Un âne et deux chevaux Barbes
Le rêve américain s’éclipse en 2002. La tentation de folles randonnées dans l’Atlas est la plus forte. Adieu chevaux et dames de Haute Savoie ! Le gentleman farmer revend sa propriété pour installer un Loloquoi bis à Marrakech. Le temps d’« acheter un âne et deux chevaux Barbes à 4 heures du matin, dans un marché aux bestiaux », Michel multiplie les balades, sans pouvoir acquérir la ferme repérée sur la route de Lourica. Le temps de confier ses montures à un club hippique local, le restaurateur vend le fonds de commerce du Loloquoi marocain et s’envole à Séville. Vivre la Semaine Sainte à cheval, s’immerger dans la majestueuse chorégraphie de l’école d’équitation espagnole…
De quoi nourrir l’inspiration du créateur d’une vraie bodega lyonnaise, le Café Leone, tandis que se profilent de nouveaux moments difficiles. « Retrouver mes chevaux s’est avéré une fois de plus, la seule solution » confie le cavalier remis en selle western par la famille Pourras à l’Holy’ Day Ranch de Villette d’Anthon. La nouvelle conquête de Michel, la belle Smart Lena del Cielo, l’accompagnera donc à New York, jusqu’au bout de son nouveau rêve américain : « Si l’équitation est un art qui peut aider à aimer les hommes, conclut-il, leur compréhension passe par la philosophie ».
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