Photo © Fabrice Schiff

Par Philippe Grelard

La question de l'avenir de Karim Benzema se pose à Lyon, qui s'arrête encore une fois en 8e de finale en Ligue des champions, alors que le jeune buteur est suivi par des grands d'Europe et doit franchir un cap en vue du Mondial-2010.

"Mon avenir? Non je ne veux pas en parler", a lancé l'attaquant de 21 ans à l'issue de la rencontre à Barcelone, selon des propos rapportés dans Le Parisien. S'il ne veut pas en parler, il doit forcément y penser. Benzema a quitté mercredi soir, après la déroute au Camp Nou (5-2), une Ligue des champions qui lui avait bien réussi, avec 5 buts inscrits cette saison, pas si loin des meilleurs buteurs actuels de l'épreuve, Steven Gerrard et Miroslav Klose (7 buts tous les deux). Mais le jeune homme a pu mesurer en Catalogne l'écart de niveau abyssal entre un septuple champion de France et un géant européen, le Barça. Cette différence, il avait déjà pu la sentir lors du dernier match de poule de la C1, à Gerland cette fois, quand le Bayern de son complice en équipe de France, Franck Ribéry, était venu s'amuser pour l'emporter 3 à 2. Un score qui avait d'ailleurs permis au Bayern de finir en tête de poule et d'éviter de tirer un gros comme le Barça au tour suivant… 

Benzema doit-il partir à la fin de la saison pour essayer de franchir un palier en Ligue des champions? Doit-il quitter un club où il sûr d'être titulaire pour se frotter à une concurrence plus rude en Europe?  La fin de saison de l'OL, qui s'annonce tendue, entre forcément dans la réflexion du joueur et de ses conseillers. Il flotte comme un parfum de fin de règne autour de l'OL, qui a perdu sa Coupe de France, un de ses sponsors principaux et pourrait voir partir Juninho, un des derniers patrons. Sans oublier un PSG qui n'est plus qu'à un point derrière l'OL. Et sur un plan personnel, le temps presse. Un match crucial s'approche en équipe de France, avec la double confrontation contre la Lituanie (28 mars et 1er avril) dans les qualifications du Mondial-2010. Dans un système à une pointe chez les Bleus, Benzema, qui a déjà raté son Euro-2008, n'est plus favori. Lors des deux confrontations contre le Barça, Benzema n'a pas marqué des points. A l'aller, l'attaquant, trop gourmand, a "oublié" de servir Makoun, ce qui a rendu fou de colère Cris.

Au retour, s'il a intelligemment laissé passer pour Juninho pour le 2e but lyonnais, Benzema, qui se remettait d'une blessure à une hanche, n'a pas su en revanche se montrer décisif. En face, Henry a su exploiter chacune de ses opportunités (deux buts, une passe décisive). En Lituanie, devant Henry qui joue à gauche, Raymond Domenech pourrait bien privilégier Nicolas Anelka, en tête des buteurs de Premier League (16 buts), alors que Benzema est à la traîne en France (12 buts, alors que Gignac est en tête avec 16 buts). Benzema est sous contrat jusqu'en 2013. Le président Jean-Michel Aulas jongle avec les chiffres à propos de sa petite merveille. En septembre 2008, il évoquait une "clause de sortie de 100 millions d'euros". En février de cette année, en présentant les comptes d'OL Groupe, le président lyonnais estimait sa valeur à 50 millions d'euros. En période de crise économique, alors que le groupe Accor a annoncé son retrait, Lyon peut-il être tenté de se séparer tout de suite de son attaquant vedette?  "J'aime bien aussi des grands clubs étrangers comme le Barça, le Real Madrid, l'Inter Milan et l'AC Milan" déclarait Benzema début février. Cet amour est-il réciproque?