Photo © Jean-Luc Mège

Par Nadine Fageol

A 32 ans, il dirige la filiale nord américaine de Daum, le plus important marché du luxueux fabricant nancéen de pâtes de verre. D'ultra urbain à ultra roots, à la poursuite du souple bikker. Itinéraire.

Annexe de Maison et Objets, de design à style provençal, une succession de show-room secteur arts de la table habite l'immeuble. Celui de Daum a des airs de galerie muséale ponctué de sculptures signées Arnaud, Braque, Starck…  Des vases fleurs flamboyant de couleurs, des répliques de masques africains traités en pâte de verre orange et noir. « Le cristal est la seule matière qui permette aux couleurs de cohabiter sans se mélanger » explique Thomas Zimmerman, élégant patron de la filiale nord américaine de Daum. On se désespérait, il nous manquait un jeune parmi ces Lyonnais de New York. Et voilà cet ardéchois d'Aubenas, formé à Lyon III pour devenir avocat. « J'ai trouvé ça ennuyeux ». Direction Sup de Co pour de belles années à la tête du Ski Club de compétition avec son copain de promo Cédric Auger, fou de la night à l'époque, entrepreneur depuis dix ans à New York. Thomas est un fonceur de l'outdoor qui, s'il n'avait été patron, aurait probablement excellé en sportif de l'extrême. Et de dévaler la rive de l'Hudson suspendu à son VTT comme autrefois les pentes de la Croix-Rousse. Une boutique sur Madison, 220 revendeurs dans le pays, Thomas c'est du djeune dirigeant des temps modernes. Surprenant de simplicité sans dérapage même contrôlé. Strasbourg/JFK, une livraison hebdomadaire et ce sont 65 tonnes de marchandises annuelles qui alimentent le plus important marché du fleuron nancéen. Les pièces rares à 50 000 $, les créations d'exception réunissant l'exploit d'associer le cristal à l'acier – on passe sur les détails des techniques d'emballage – sont réalisées pour des collectionneurs comptant Sylvester Stallone ou le couturier Tommy Hilfiger.

Il a en projet d'ouvrir boutiques à Miami, Los Angeles, Chicago. « Daum est dirigé par Sophie le Tanneur, une femme jeune qui me laisse beaucoup d'indépendance ». Aguerri à l'anglais international dans les palaces de la côte ouest, en Chine et en Australie, un job de directeur des ventes US pour une société de construction d'Eygalières lui permet de sillonner le pays pendant deux ans. Il adresse sa candidature pour un poste US chez GL Events. Pas de place, en revanche Bruno Mascart, le directeur international l'oriente sur Altios qui souhaite ouvrir une filiale à NY. Thomas qui a démarré en solo opère quatre ans plus tard avec sept personnes et réalise 50 % de croissance l'an. Un chasseur de tête le piste pour ouvrir Daum. Les arts de la table, « bof, bof ». Daum qui revient à la charge finit par avoir gain de cause. « Je suis à peu près sûr de rester aux Etats-Unis mais pas à NY. Il y a des endroits plus faciles. Ce n'est pas une fin en soi de dépenser plusieurs milliers de $ pour un studio. En revanche les gens sont relax et ouverts. » En parlant d'ouverture, Thomas nous relate par le menu le principe du « date ». À Manhattan, les affaires sont les affaires, sentimentalement aussi. Quand une personne vous plait, à la fin de la conversation, on lui signifie son intérêt en proposant un date, puis deux, au troisième possibilité s'ouvre de croquer la pomme ! Attention, le dating autorise le cumul, jusqu'à ce que l'une des personnes exige l'exclusivité. Enfin, le prix de la bague de fiançailles équivaut à trois mois de salaire, fermes. Tout de suite, Thomas a une autre idée en tête, tracer en VTT la frontière du Mexique. Et the trip, la route de la mort en Bolivie, un col à 4000 mètres d'altitude offrant une vertigineuse descente sur 40 kilomètres, « la Mecque US des vététistes ». Sortir de l'ultra urbain pour l'utra roots. On le comprend mieux quand on apprend que maman est procureur adjoint à Lyon et papa, chef quelque part sur un volcan au Cap Vert…