Par Audrey Grosclaude
Influenceuse nouvelle génération, la Lyonnaise Zoé Bassetto alias Zoé Macaron, fait partie des pionnières de cette french blogosphère devenue incontournable. Rencontre #inthereallife
Petite trentaine, léger sourire et carré long, Zoé jette un œil sur l’appareil photo de Fabrice Schiff, l’interrogeant sur les clichés susceptibles d’être utilisés. Elle s’en excuse timidement expliquant qu’elle « s’apprécie rarement en photo. » Ne serait-ce pas un peu paradoxal pour une jeune femme habituée à se mettre en scène presque quotidiennement. Pas pour les 50 000 lecteurs de son blog, ses presque 20 000 followers sur Twitter et ses 123 000 abonnés sur Instagram, familiers de ces posts vérité où Zoé se livre sans filtres, racontant ses doutes, ses complexes et sa façon de les contourner. Un style, resté fidèle à l’esprit de proximité du blogging originel, qui explique probablement le succès online de la Lyonnaise.
Parmi les rares locales à pouvoir prétendre à une notoriété, sinon européenne, au moins tricolore, son site, zoemacaron.fr, fêtera ses dix ans cette année. Autant dire une éternité à l’échelle de ce monde parallèle où l’influence se calcule (dans tous les sens du terme) en nombre de suiveurs. « Dès 2005-2006, j’étais très active sur les forums. Je postais des looks, des conseils beauté. Puis, les tous premiers blogs français ont débarqué et là… je me suis dit pourquoi pas moi ? », retrace Zoé. Ses premiers posts, dédiés aux fameux looks du jour (à suivre aujourd’hui sous l’acronyme #OOTD, comprenez Outfit of the day), la montrent tête coupée. Question de confiance en soi et d’anonymat. Aujourd’hui encore, si elle dévoile son minois, elle fixe rarement l’objectif, brandissant souvent son téléphone devant son visage, à moins de prendre la pose de dos. Ses boucles blondes et ses tenues léchées, font le reste, détournant habilement l’attention.
« Je n’ai pas commencé à bloguer pour être connue ! »
Née à l’Hôtel-Dieu, elle grandit ensuite, avec son petit frère, du côté de Fontaines-Saint-Martin, ses parents étant infirmiers psychiatriques dans les Monts d’Or. Première référence à la mode ? « Un défilé Christian Lacroix, probablement vu à la télé vers l’âge de 2/3 ans, qui m’aurait conduit à décréter que j’allais faire des dessins de mode. » Les années passant, elle s’imagine bien vétérinaire (elle est l’heureuse propriétaire d’un adorable et remuant border collie baptisé Lucien), astronaute ou nez, le parfum étant son autre grande passion. Problème : Zoé n’est pas du tout douée en sciences. Après le bac, elle intègre la fac, section Arts du spectacle, lettres modernes et cinéma. Elle y flirte avec un certain Maxime Jacquard (Echo Orange), musicien et ami de longue date (re)devenu depuis son amoureux… et stoppe tout ! Elle entame ensuite un CAP fleuriste mais l’expérience tourne court. L’épisode est douloureux mais Zoé rebondit, assiste des enfants handicapés dans une école puis reprend ses études, direction le Centre de formation de la profession bancaire (CFPB) et les locaux d’Alexis Carrel où elle décroche un BTS. Le blog est alors un à-côté.
En 2013, elle lâche l’uniforme de banquière, pour créer sa petite entreprise, alimentant sans relâche son blog et les réseaux sociaux (facebook, twitter, instagram ou pinterest) d’infos mode et beauté, de comptes rendus de voyages, d’astuces déco, de tutos, de recettes et de coups de cœur musicaux. A la suivre sur les écrans, on pourrait (un peu) vite résumer sa vie à une succession de colis, commandés ou offerts, d’invitations diverses et de testings beauté. Sauf que… « Je n’ai pas commencé à bloguer pour être connue, recevoir des cadeaux, ni même en faire un métier », explique Zoé, assumant « la chance d’avoir un job qui offre le luxe de pouvoir choisir avec qui collaborer » mais qui représente aussi des heures de travail sans réelle distinction entre la sphère privée et publique. « Tout s’est construit au fur et à mesure, de manière instinctive. Ce qui est sûr c’est que je partage avec les blogueuses devenues des proches certaines valeurs essentielles », insiste Zoé avant de citer www.celinemarks.com, www.paulinefashionblog.com, www.thebrunette.fr, www.modeandthecity.net, www.natacha-birds.fr et de parler, pêle-mêle, de déontologie, de transparence, d’achats de likes et d’un ambigu rapport aux autres.
S’exposer a pour elle parfois été compliqué. Un autre aspect du métier qu’elle a partagé avec des écoliers dans le cadre d’une intervention sur le harcèlement digital. « C’est important pour moi de défendre l’idée de s’accepter au quotidien ». Entraînés dans le débat sans fin du rapport entre vie rêvée et réalité, on en oublierait presque ce qu’est au fond sa principale activité : la création de contenus pour des marques ou d’autres médias, textes, vidéos, photos… Ce qu’elle préfère ? « Signer des objets, participer au processus de création ». Dans son catalogue, on compte déjà un sac pour IKKS, la composition d’une sushi box, de la lingerie, des baskets et des bijoux. Autant de « jolies choses », du nom de l’une de ses rubriques, qui pourraient se prolonger avec la création d’une marque, d’un parfum (« j’en rêve ! ») et, pourquoi pas, d’un lieu réel où rencontrer les gens…
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