Par Marco Polisson
L’érudit lyonnais Michel Chomarat n’en revient toujours pas. Il a pu acquérir un ouvrage ayant appartenu au célèbre mage à un prix dérisoire.
Habituellement, quand les médias parlent de vente aux enchères, c’est très souvent pour évoquer « des enchères record » ou « un record d’enchères ». Des propos dithyrambiques relayés non sans arrière-pensée par ceux qui les formulent : le marché est porteur, et en filigrane le message, même subliminal est clair : vous pouvez investir – ou vendre – en toute confiance.
Dans le cas de figure qui nous occupe aujourd’hui, il s’agit certes d’un record, mais à front renversé. Et c’est Michel Chomarat qui a conclu la bonne affaire. L’éditeur lyonnais qui fut de 2001 à 2013 chargé de mission Mémoire au cabinet de Gérard Collomb raconte sa bonne fortune :
« J’ai acquis à Marseille, aux enchères, le 24 novembre dernier, sans doute l’ouvrage le plus précieux de mon fonds à ce jour, à savoir un livre qui a appartenu à Michel Nostradamus – publié à Lyon en 1517 – et dont l’auteur est Jacques de Voragine, très connu pour sa « Légende Dorée ».
L’ouvrage est en plus, aux armes des Minimes de Paris, l’ordre des Capucins, dont était membre son fils, André de Nostredame (1557-1601). C’est peut-être lui qui l’a fait relier… On peut aussi envisager que la mention qui figure sur le titre, soit de la main de son secrétaire, Jean-Aimé de Chavigny…
Curieusement, De Baecque (pourtant une maison de ventes aux enchères très sérieuse) n’a pas jugé utile de l’inclure dans un catalogue imprimé (donc sans aucune publicité), et c’est grâce à une alerte d’Interenchères que j’ai eu la connaissance de cette vente pratiquement confidentielle ! »
Selon Michel Chomarat, avec une vraie médiatisation (internationale) de cette vente, l’ouvrage aurait atteint sans doute plusieurs dizaines de milliers d’euros… Lui-même n’a eu qu’à débourser 800 euros pour remporter cette enchère. Comment expliquer dans ce cas l’estimation de 500 – 700 euros qui a été validée par le vendeur ? Le commissaire-priseur est-il passé à travers ?
Des questions pour le moment sans réponse. Rappelons simplement que Nostradamus a brûlé sa bibliothèque et que les exemplaires qui ont survécu (dont 2 sont conservés à la Bibliothèque Municipale de Lyon) se comptent, dans le monde, sur les doigts des deux mains.
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