La migration du journaliste en milieu institutionnel

13 février, 2009 | INDISCRETIONS | 2 commentaires

1 Robert Marmoz, lors de l'élection de Gérard Collomb

 

Par Nadine Fageol

 

En mai dernier, la nouvelle a fait l'effet d'une bombe, Robert Marmoz, reporter au Nouvel Observateur quitte le métier pour entrer au cabinet du maire de Lyon où il a rejoint Agnès Benoist (ex Lyon Figaro) et José Noya (ex Lyon Capitale). Énorme.

 

Au-delà de la boutade propice à toutes formes de critiques sur les journalistes défroqués dont la liste est particulièrement longue (Elisabeth Chambard, Mariette Grande, Séverine Andrieu, Joël Madille, Joëlle Gantelet, Violaine de Beausse, Jean-Pierre Troadec, Bruno Causse, Nathalie Blanc, Damien Gouy-Perret…), la migration du journaliste vers les collectivités locales, revêt un caractère particulièrement inquiétant. Un véritable signe d'alerte sur la crise sans précédent que traverse le milieu de la presse actuellement. Il n'y a pas à tergiverser, la démarche de Robert Marmoz tient de la nécessité. Il faut même un sacré courage pour oser franchir le rubicond. On devient journaliste par passion, motivée par la curiosité, l'envie de connaître, de savoir et de transmettre ses découvertes. Marmoz n'est en rien un vilain petit canard, il a simplement fait les frais d'un système usé jusqu'à la corde. Bouffée par l'Internet, la presse manque de peps, d'auto capacité à se régénérer, rattrapée par l'inéluctable processus économique qui vous réduit les rédactions à peau de chagrin. Les charges trop chères, le papier trop cher, l'impression trop chère. Alors on imprime si possible à l'étranger, et on écume les rédactions au profit du pigiste. C'est comme ça que l'on assiste depuis quelques années à la dislocation des rédactions, que l'on a vu s'éteindre longuement Lyon Figaro qui n'a plus qu'un seul représentant sur la place, Frédéric Poignard. Payant en début de semaine, gratuit à la fin, on a vu Lyon Capitale perdre jusqu'à son âme. Le poste de correspondant du Monde balayé, Sophie Landrin rapatriée à Paris. Autant que l'on sache, ça ne va pas très fort aux Petites Affiches. Et puis il y a la valse hésitation du Progrès dont les élans de mutations modernistes se traduisent par des départs à répétition. Dernier en date, Caroline Auclair que la rumeur avait muté au Grand Lyon auprès de Roland Bernard mais qui a décidé de créer sa propre agence de presse. Si autrefois, on quittait une rédaction pour un journal municipal, c'était dans l'objectif de gagner plus. Si aujourd'hui des journalistes quittent le navire, c'est simplement pour gagner leur vie. L'ambition a laissé la place à l'urgence. Quant à l'attirance pour les institutions publiques, elle s'explique par le réseau consolidé par des années d'échanges… et de copinage. Il n'y a rien à redire sur le fait que des services publics récupèrent des professionnels de la presse (Isabelle Salomon dirige désormais les relations presse du Conseil régional). Virage sur le net, gratuit, presse de plus en plus spécialisée… le problème à résoudre est plutôt comment et de quelle façon la presse entend exercer sa mission d'informateur et payer ses journalistes.

 

 

2 Commentaires

  1. Gouy-Perret le défroqué

    Très bonne analyse mon cher Marco! Il est difficile de quitter une passion, mais la presse locale actuelle nous aide bien à partir et sans regret…

    Réponse
  2. Marco

    Je transmets tes condoléances à Nadine, auteur de cet article. Pour ma part, entre HLM et presse locale, mon choix est vite fait ! Lol Biz mon Dams !

    Réponse

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