Texte : Marco Polisson – Exclusif. L’arrestation la semaine dernière du mafieux italien Edgardo Greco a fait les gros titres de la presse française et italienne. Recherché depuis 16 ans par la police transalpine, il a été arrêté à Saint-Etienne. Nous vous révélons son passage à Lyon.
Interpol se félicite. Les carabiniers aussi : « Fin de cavale pour Edgardo Greco, condamné pour meurtre et ayant des liens avec la #Ndrangheta. » C’est dans la capitale du Forez, où il menait la vie d’un pizzaiolo ordinaire qu’il a été débusqué, notamment grâce à la reconnaissance faciale, indiquent les carabinieri. C’est en effet à partir de deux photos publiées dans la presse que le mafieux, accusé d’un double meurtre, a été repéré en France.
Si la seconde photo, prise en 2021 au Caffé Rossini, son resto de Saint-Etienne, est signée de la journaliste Dominique Bertheas du Progrès, personne n’a encore identifié la première, indiquent nos confrères. Nous ne sommes pas des auxiliaires de justice, mais comme il y a plusieurs milliers d’euros en droits d’auteur à récupérer… nous allons lever le voile sur ce mystère qui n’en est plus un pour nous.
En effet, cette seconde photo, la plus « typée » représentant notre homme en veste blanche bras croisés avec des solaires est signée Fabrice Schiff, photographe de Lyon people. Elle a été prise en octobre 2014 dans les cuisines du Ness, boulevard des Brotteaux où Edgardo, qui se faisait appeler Paolo Dimitrio, a régné en maitre pendant une année, s’étalant entre l’été 2014 et l’été 2015.
Une page de papier glacé pour le people Dimitrio
Nous avons consacré une page de notre magazine de novembre 2014 au portrait de ce personnage haut en couleurs arborant sur le col de sa veste l’anagramme FIC pour Fédération Italienne de la Cuisine. Et « Dimitrio » s’était allé à quelques confidences au micro de notre journaliste Benjamin Solly *, dont on sait aujourd’hui qu’il s’agissait de propos très romancés.
Se targuant de 33 ans de carrière, à l’époque, il annonçait tranquillement être originaire des Pouilles. Personne n’aurait pu imaginer son vrai pedigree, à commencer par la patronne du Ness Ristorante** Christine Di Litta qui se disait « ravie d’avoir déniché la perle rare » qu’elle avait associé, en cuisine, à son pâtissier Kevin. Il faut dire que Dimitrio assurait derrière son piano, comme nous avions pu le constater en dégustant son délicieux risotto aux cèpes avec Benjamin, Fabrice Schiff et Franck Girardet.
C’est donc avec stupéfaction qu’elle a reconnu son cuisinier, lors de son arrestation et après avoir berné les polices italiennes et françaises pendant 16 ans. « C’était un mec adorable, un bonbon » nous avoue-t-elle. « Il n’est resté qu’une année car son cancer démarrait, d’où son départ à Saint-Etienne ». Le puzzle de la cavale d’Edgardo s’éclaircit un peu plus avec cette escale lyonnaise méconnue.
Voilà donc une nouvelle pièce de cette histoire rocambolesque. Nous sommes désolés de vous quitter si vite mais nous avons des factures à émettre (à Yahoo, au Progrès, et à tous les supports qui ont utilisé notre cliché sans notre accord). Tchao Edgardo et merci pour la régalade !
*Benjamin Solly s’est reconverti dans la politique. Il est directeur de cabinet du maire de Villefranche.
**En 2018, après 18 ans de loyaux services, le Ness (ex-brasserie l’Helvétie) a rendu son tablier italien pour afficher les couleurs du Barabaar.
Il faudra penser à partager les droits d’auteur de la photo avec Edgardo .