Quand les contribuables remplacent les lecteurs

15 décembre, 2010 | INDISCRETIONS | 8 commentaires

 

incontinence.jpg Une incontinence financière qui assure la survie d’Angèle et consorts

 

Nos amis de Lyon Capitale viennent de sortir un dossier particulièrement fouillé sur les dépenses publicitaires de nos collectivités locales. On découvre que le choix des titres ne correspond en rien à une recherche d’audience ou de profil de lectorat. À l’inverse des stratégies médias des entreprises, des marques ou même des commerçants pour qui un sou est un sou. Il n’y a pas à l’évidence, le même souci d’efficacité et de rentabilité. Nous avons demandé au publicitaire Jean Marc Requien de nous commenter cet article. MP

 

Le papier de Paul Terra raconte par le menu les connivences entre les collectivités locales et certains organes de presse locaux subventionnés -j’allais écrire : stipendiés- par des élus qui, par les temps difficiles que nous vivons, devraient avoir le souci de réduire les frais en utilisant au mieux nos impôts à défaut de les modérer. Toutes les collectivités sont épinglées à l’exception du Conseil Général, des duettistes Mercier et Jamet pourtant grands continuateurs du fameux système CDS. Bizarre ! Lyon Capitale nous rappelle qu’« aucune règle n’encadre actuellement l’attribution des budgets publicitaires » et nous explique pour le cas où l’on n’aurait pas compris qu’une grosse partie de ces dépenses inconsidérées servent à « influer sur la ligne éditoriale des supports choisis », à « vanter les mérites de leur politique ». Voilà qui n’est pas nouveau. Malheureusement. Paul Terra regrette que ces choix relèvent du « fait du prince » et se pratiquent « en toute opacité ». Voilà disais-je qui n’est pas nouveau.  Voilà qui, en effet, me rappelle quelques souvenirs… et ne manque pas de sel.  Il y a 6 ou 7 ans et même il y a moins longtemps, j’ai écrit plusieurs chroniques sur le même sujet dans Lyon People et dénoncé ces dépenses inconsidérées. À l’époque, je m’en prenais bien évidemment à Lyon Mag, coaché par l’incorruptible et néanmoins inénarrable Sieur Brunet-Lecomte et l’intrigante dame Gacon dont l’entregent a permis de juteuses retombées, et aux Potins d’Angèle chers à Gérard Angel (et au contribuable) qui, l’un comme l’autre profitaient d’une manne inépuisable accordée par la ville de Lyon, le Grand Lyon, la Région Rhône-Alpes… et même n’en déplaise à Messieurs Mercier et Jamet, le Conseil Général du Rhône.

 

Mais, Paul Terra ne s’en souvient sans doute plus, ma cible principale était bien Lyon Capitale de Chaslot et Arfeuillère qui détenait le pompon en la matière. Alors qu’il ne se vendait pas plus de 3 000 exemplaires semaines sur Lyon, la Ville mais aussi la communauté urbaine achetaient des pages de pub à tire larigot avec une fidélité suspecte, sans le moindre souci d’efficacité ou de rentabilité. Idem pour les nombreuses institutions culturelles subventionnées. Lyon Capitale avait même réussi à faire main basse sur le budget communication de la ville de Saint Etienne. Vous avez dit voraces ? Mais ce n’est pas tout. Nos futurs exilés de Tanger, qui avaient de gros besoins, avaient imaginé un truc particulièrement juteux, il s’agissait de « l’accompagnement d’événements » en tous genres subventionnés par les collectivités. Un vrai filon. Plus tard, Brunet-Lecomte, pour Lyon Mag, mettra en œuvre à grande échelle ce concept particulièrement rémunérateur. Non seulement j’avais révélé ces turpitudes peu ragoûtantes mais, honte à moi, j’avais poussé l’audace jusqu’à recommander à Gérard Collomb dont j’étais l’un des conseillers d’en finir avec ces aides déguisées à ce genre de presse de mon point de vue dévoyée. J’avais notamment regretté le financement généreux des guides (lol) spéciaux du 8 décembre ou encore d’un cahier spécial « Gay-pride ». Ce n’est pas avec ce genre d’initiatives que l’on se fait des amis dans le monde journalistique où l’on aime à jouer les donneurs de leçons pour les autres alors que l’on est beaucoup moins regardant pour soi-même ou pour ses confrères. J’en subis les conséquences puisque Lyon Cap se fit un plaisir d’organiser une cabale contre moi. Et je ne suis pas prêt de l’oublier.

 

Bizarrement notre expert en scandales, notre Torquemada aux petits pieds, notre Savonarole de pacotille, je veux parler, on l’avait reconnu d’Etienne Tête, si prompt à dégainer et à nous alerter sur les manigances vraies ou fausses, vérifiées ou non des collectivités locales, n’a jamais bronché sur le sujet. Bizarre ? Pas tant que ça. Car sans cette presse intéressée à défaut d’être intéressante, notre vert solitaire n’existerait pas. Il convient de conserver ce merveilleux outil tellement facile à manipuler capable de balancer des rumeurs reprises par les copains de la presse qui compte : l’AFP, TLM, France 3, Le Progrès puis Libé, puis Le Monde, puis… Copinage et traficotage sont les deux manuelles du journalisme d’aujourd’hui. C’est ainsi que Tête s’est fabriqué une image d’élu intègre. C’est ainsi également qu’il a réussi à déconsidérer certains de ses ennemis de classe. Un élu intègre, disais-je, qui tel un comptable besogneux et sans vision a préféré s’en prendre à Téo aujourd’hui plébiscité par les Lyonnais hier récalcitrants, à l’OL, au Centre Jacques Cartier et même au Centre International anti-cancer qui ont fait et font encore tant pour l’image de Lyon, plutôt qu’à la presse locale qui fut si bienveillante à son endroit. Pour info, ces abus d’achat d’espace, je parle bien ici des abus et non pas des budgets de communication beaucoup plus élevés mais nécessaires, représentent d’après moi plus de deux millions d’euros par an. A en croire le nouveau Lyon Capitale qui a enfin décidé de refuser ces publicités de complaisance qui faisaient de nos « esprits libres » des « tartuffes » indéfendables, ce sont désormais Tribune de Lyon, Mag 2 Lyon et toujours Les Potins d’Angèle (voir tableau) qui sont les principaux bénéficiaires de la gabegie insupportable d’élus décidément indécrottables. Une gabegie qui ne s’arrête pas à des achats de pub, elle permet également d’arroser les associations amies, d’embaucher dans des cabinets déjà pléthoriques les militants sans emploi, ou encore de recueillir dans des placards dorés des journalistes dont personne ne voulait plus. Ce n’est pas l’exemplaire Robert Marmoz, lui aussi grand donneur de leçons qui me démentira.

 

Un mot pour finir. Comme par hasard, depuis que Lyon Capitale est redevenu libre, le magazine a retrouvé sa crédibilité et de l’intérêt de lecture. Au risque de vous surprendre, je vous engage à le lire. Je préfère un journal qui cherche à gagner des lecteurs plutôt qu’un outil de propagande qui quémande des subsides à des élus peu regardants en ce qui concerne l’utilisation de nos impôts locaux. Dommage qu’en fin de papier, Paul Terra, n’exprime pas la touche (si j’ose dire) de regret pour le comportement antérieur de Lyon Cap, quand Collomb assurait leurs fins de mois ; il est aujourd’hui remplacé par le Sieur Latouche qui doit bien avoir lui aussi quelques exigences… Difficile d’être un « esprit (vraiment) libre ».

Jean-Marc Requien

 

 

Extraits du tableau de Lyon Capitale répertoriant le nombre de pages de pub dans la presse lyonnaise du 1er janvier 2009 au 31 mai 2010

 

TITRES

DIFFUSION

ACHAT D’ESPACE

TRIBUNE DE LYON

4 000 exemplaires OJD

144 pages

LES POTINS D’ANGELE

1 500 exemplaires

87 pages

MAGE 2 LYON*

6 000 exemplaires

69 pages

ACTEURS DE L’ÉCONOMIE

10 000 exemplaires

41 pages

LYON CAPITALE**

9 000 exemplaires

32 pages

LYON PEOPLE

22 000 exemplaires OJD

21 pages

 

* Mag 2 Lyon a remplacé Lyon Mag qui a l’époque crevait les plafonds (ndlr)

** Lyon Capitale refuse les publicités publiques depuis juin 2009

 

 

 

8 Commentaires

  1. Georges V

    Cher Jean-Marc, Vous oubliez de parler des abonnements achetés par centaines à ces journaux qui bénéficient là d’une double subvention.

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  2. Musicos

    En matière de gabegie financière, ce n’est pas la dernière fois que collomb prend des vessies pour des lanternes !

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  3. Marie

    Vous êtes assez mal placé pour vous poser en donneur de leçons.. Vous n’avez même pas la reconnaissance du ventre vis a vis de votre ex employeur G Collomb..d’une part! Et d’autre part il me semble qu’à cette époque vous aviez vous aussi essayer d’abuser de votre position a la mairie pour tenter de faire embaucher votre épouse…

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  4. JMR

    Petit rectificatif, chère Marie. Je n’ai jamais été employé par Gérad Collomb mais l’un de ses conseillers. C’est justement parce que je lui avais conseillé d’en finir avec ces subventions déguisées que Lyon Capitale a organisé sa cabale contre moi. Ils ont été condamnés pour diffamation pour avoir tenu des propos que malheureusement vous reprenez aujourd’hui avec bcp de légèreté

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  5. rose marie

    On sait maintenant à quoi sert Angèle : à pomper… l’argent des contribuables…

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  6. Gnafron

    … que la photo illustre bien ! M. Requin, comme son nom l’indique, a les dents longues. Ami fidèle et inconditionnel de notre Gégé local, qui a dû lui assurer un bon petit complément de revenus et une belle retraite, donne des leçons (command(it)ées ?)… Ce qui prouve bien le degré d’intelligence du personnage. Comment lui en tenir rigueur ?

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  7. pol

    dans votre papier vous ne citez pas le Progres;ne serait il pas concerné par la publicité de complaisance ??

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