Par Marco Polisson
Il n’a pas échappé aux oreilles attentives des cinéphiles avertis que la petite musique diffusée lors de la cérémonie d’ouverture du Grand Lyon Film Festival avait quelque chose de déjà entendu. Pour les autres, voici retranscrite la vraie partition…
Mardi 13 octobre 2009. Plus de 4000 personnes se pressent sous la halle Tony Garnier pour le coup d’envoi du festival de cinéma promis depuis si longtemps. Un grand écran a été dressé et sur l’estrade, Thierry Fremaux plastronne devant ses invités en leur projetant les premiers films d’Auguste et de Louis Lumière en compagnie de leurs épouses Marguerite et Rose Winckler (coucou Nico !). L’occasion de redécouvrir avec nostalgie Lyon en noir et blanc avec ses tramways à deux étages (beaucoup plus de gueule que les limaces T1 et T2 qui encombrent nos voiries depuis 2000) et de constater que le Lyonnais de la rue était autrement plus chic que celui d’aujourd’hui.
Si le maître de cérémonie nous avait épargné ses commentaires démagos et politiquement corrects, c’eût été presque parfait. Presque, car l’homme qui en fait trop dans le registre de la (fausse) décontraction et de la (vraie) familiarité s’est livré à une récupération qui en a laissé plus d’un pantois. Présentant la Halle Tony Garnier à ses hôtes parisiens, il glisse ingénument « On était déjà ici pour le centenaire du cinéma », ce qui ne manque pas de faire frémir les initiés. Car il n’était pas partie prenante de la manifestation de 1995 à laquelle il fait référence, montée de toutes pièces par le Goethe Institut, le Pathé et l’association Travelling 95.
Avec le soutien financier d’une banque, André Blanc, Joël Luraine, Philippe Vorburger et David S.Tran avaient déjà transformé la Halle Tony Garnier en plus grande salle de cinéma d’Europe, accueillant sur deux séances plus de 10000 spectateurs payants venus redécouvrir « Metropolis », lors d’une projection-concert accompagnée par l’orchestre symphonique de Babelsberg et ses 64 musiciens au pied de la scène. Le lendemain, grâce à UIP, les Lyonnais avaient pu applaudir James Bond pour l’avant-première française de « Goldeneye ». Un week-end « Grand cinéma » relayé par la presse nationale et locale qui avait fait un vrai buz à l’époque.
Venant au secours de la victoire, l’Institut Lumière avait tout juste consenti à prêter quelques décors… Non content de s’approprier ce record d’affluence et d’en faire un copier-coller, Thierry Fremaux n’a pas non plus hésité à dupliquer certaines animations comme « Le coq est mort », ce court-métrage repris en canon par toute la salle… qui avait été chanté pour la première fois… le 15 décembre 1995*. Rendons donc simplement à César ce qui est à César, en l’occurrence cette belle histoire d’amour… du cinéma à ses auteurs. Reste au caractériel sélectionneur du Festival de Cannes – le Raymond Domenech du cinéma français – de faire preuve de plus de modestie et d’imagination l’an prochain.
* InterMédia du 1er avril 1999
Fremaux n’est pas le seul à être atteint par ce syndrome. C’est malheureusement très fréquent.
Vous poussez la critique un peu loin, j’y étais et c’était vraiment une belle soirée. C’est tout le contraire de ce que vous affirmez…
Lumière 2009 était vraiment un beau festival, on a ri, pleuré devant les films et la soirée d’ouverture reste l’un de mes plus beaux moments de ma vie se spectateur