Par Aymeric Engelhard
Sale temps à l’extérieur mais aussi à l’intérieur des salles de cinéma. Oliver Stone semble déterminé à ruiner à chaque nouveau film son capital sympathie, Paul W.S. Anderson continue à creuser sa (très) profonde tombe et détruit toujours un peu plus ce à quoi il touche (à savoir « Resident Evil »), et pour finir le massacre Olivier Dahan dévoile enfin à la face du monde sa bêtise si bien dissimulée jusque-là. Allez, parlons-en.
Il est des réalisateurs franchement énervants. Relativement discret jusqu’à sa consécration, Olivier Dahan a « pété les plombs » sitôt que sa « Môme » s’est retrouvée à Hollywood. Avec une prétention extraordinaire et une estime de soi à faire pâlir Alain Delon, l’homme se sentit tout à coup propulsé grand artiste, allant jusqu’à dédaigner hautainement les journalistes.
Sauf qu’il ne faut pas être théoricien du cinéma pour constater à quel point la performance de Marion Cotillard a totalement supplanté les pauvres idées visuelles du sieur Dahan. Et il fallut qu’il se retrouve à diriger Renée Zellweger et Forest Whitaker dans une bouillie musicale ricaine pour qu’il fasse sa première chute. Pour qu’il revienne en France décidé à prendre tous les comiques les plus bankables du pays afin de les faire jouer au sport le plus regardé de la planète. Stratégie ou juste rabaissement des ambitions ?
Le problème étant que, ce faisant, il nous offre ce qui pourrait faire allégrement office de pire comédie de l’année. On trouvera bien quelques légères réussites telles que l’ouverture par exemple. Omar Sy et Jean-Pierre Marielle apportent cette petite touche d’humanité et d’affection qui manque terriblement au sein d’une équipe de beaufs à l’humour bas de gamme.
Sinon, c’est du vide intersidéral dans lequel Joey Starr fait du Joey Starr (violent, vulgaire, gueulard), Gad Elmaleh se rend pathétique en débile profond fan de jeux-vidéos, et même les scènes de foot n’arrivent pas à rythmer une histoire dans laquelle on se contrefiche des aboutissants. Dahan s’est enfoncé le doigt dans l’œil jusqu’au coude en croyant que seul le casting suffisait pour faire un bon long-métrage.
Son scénario accuse des trous de gruyère sidérants (Clémentine Baert, la femme du film, mérite les honneurs pour avoir joué un personnage aussi misérablement écrit) et la mise en scène n’a absolument rien à montrer. Les scènes de football apparaissent comme une véritable calamité, ce n’est ni de la télévision, ni du cinéma. Juste trois pauvres types qui courent après un ballon pendant que les adversaires les évitent.
Mieux vaut repenser au somptueux match de rugby mis en scène par Clint Eastwood dans « Invictus ». « Les Seigneurs » apporte une belle grosse pierre noire à l’édifice de la comédie française, déjà si bringuebalant. On n’a pas fini de critiquer un genre à part entière dans l’hexagone qui voit bien plus s’aligner les navets que les réussites. Le pire serait qu’une telle machine de guerre fonctionne à plein régime et cartonne au box-office.
Luc Besson a fait l’erreur de dire un jour : « on ne donne pas de la confiture aux cochons », à propos de ses productions. Olivier Dahan l’a entendu.
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