Par Aymeric Engelhard
Le retour des agents J et K s’est fait dans la tourmente. Un tournage sans scénario achevé, de grosses pauses pendant la production, un budget qui n’a cessé d’augmenter… Un vrai « development hell » pour un film dont on se demande encore le réel intérêt. Reste que les deux agents les plus célèbres de la galaxie n’ont pas pris une ride (ou presque) et que, mine de rien, on est content de les revoir.
« Men in Black 3 » c’est une histoire de caprice. Caprice de major tout d’abord. Alors que le second épisode fonctionna en salle mais subit les foudres de la critique tant presse que spectateur, la firme « Men in Black » sombra dans les noirs tiroirs de la Columbia. L’idée de la ressortir un jour ne date pas d’hier, ne nous leurrons pas. Les producteurs savaient bien que la firme possédait un réel capital sympathie et qu’un troisième épisode marcherait forcément… Même sans scénario. Ainsi est lancé « Men in Black 3 » alors que l’écriture du scénario n’en est pas à la moitié. Le second caprice vient de la star du film, Will Smith. Avouons qu’il ne serait même pas étonnant que l’acteur ait contribué à ressortir la franchise du tiroir pour cause de chute personnelle au box-office (cela faisait trois ans qu’il n’était pas apparu au cinéma). Le comédien a profité de ce retour en force pour demander à retourner des scènes, augmenter le budget et modifier un scénario dont on ne voyait plus le bout. Le résultat des caprices n’étant jamais vraiment celui rêvé, gageons que cette troisième aventure de J et K connaîtra le même sort que son préquel. Succès public mais destruction critique (à la manière du dernier volet de « Pirates des Caraïbes »). Car il faudrait un miracle phénoménal pour qu’un film ayant subi une production aussi houleuse propose un spectacle grisant du début à la fin prenant appui sur une histoire qui tient la route.
Ici il est d’ailleurs question de voyage dans le temps. Un terrible alien envoyé en prison par K dans les années 60 s’évade et retourne dans le passé afin d’éliminer l’agent. J fait lui aussi le voyage dans le but d’arrêter le bestiau. Si K meurt, toute la planète sera en péril. Pitch des plus basiques dans lequel on aura le malheur de voir s’effacer Tommy Lee Jones au profit d’un Will Smith omniprésent. L’excellent Josh Brolin a beau remplacer de la meilleure des manières l’immense acteur, son manque de temps de jeu a des conséquences négatives sur l’œuvre. Will Smith n’est pas un comédien détestable, bien au contraire, mais force est de reconnaître la pauvreté des blagues qu’il nous sert dans cet opus. Comme l’humour, le bestiaire habituel a quitté le navire. Si l’on retrouve vaguement les cinq asticots sur patte beuglants et fumants, oublié Franck le chien outrancier (il n’apparaît qu’en photo), oublié l’alien qui voit tout au MIB et oublié Jeebs, le commerçant aux multiples têtes à exploser. Ceci dit on a droit cette fois-ci à un ennemi de grande envergure, au look terriblement badass (comprenez un grand motard musclé avec une grosse voix, une grosse moto et un gros fusil) qui donnera du film à retordre aux héros. La grande surprise du métrage réside clairement là où l’on ne l’attendait pas : dans l’émotion. Les quelques pics dramatiques offrent non pas au film mais bien à toute la saga une profondeur inespérée absolument renversante. Ils rapprochent encore plus le duo qu’on aimait déjà tant. Alors, au final, est-il si raté que ça ce « MIB III ». On serait tenté de dire oui… Mais non.
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