Possessions

12 mars, 2012 | CINEMA | 0 commentaires

possessions.jpg Par Aymeric Engelhard

 

Basé sur un fait divers tragique, « Possessions » est un thriller montagnard qui aurait pu être absolument excellent si la qualité des images équivalait aux propos du metteur en scène. Si le scénario s’adapte parfaitement à l’événement qu’il relate, l’absence de tension et les personnages horriblement caricaturaux achèvent d’enterrer l’œuvre dans l’oubli, de nombreux bâillements en prime.

 

En 2003, un incident tragique a fait le buzz. L’affaire Flactif a vu un homme assassiner un couple de promoteurs immobiliers ainsi que leurs enfants. Selon les conclusions d’enquête, les meurtres auraient été commis par pure jalousie, haine et envie. C’est sur ces trois termes que se base le film d’Eric Guirado. En effet, plus que l’affaire c’est bien le sujet universel de la convoitise, de la folie humaine qui l’interpelle. Son adaptation libre du fait divers se révèle par ailleurs correcte, le réalisateur prenant les petites libertés nécessaires à sa note d’intention. « Le cinéma permet de prendre de la distance par rapport à un drame », déclare-t-il. Il n’hésite pas cependant à montrer par exemple la reconstitution du tournage de l’émission « Sept à Huit » dans laquelle le meurtrier David Hotyat, rebaptisé Bruno Caron, créera les suspicions à son sujet chez les enquêteurs. De même Jérémie Rénier a tout fait pour ressembler au tueur, jusqu’à prendre dix-huit kilos. Enfin dernière chose douteuse, personne n’a rencontré les vrais protagonistes pour la réalisation de ce film. Malgré tous les points communs. Du coup quand Monsieur Guirado dit qu’il veut prendre de la distance, il se fourre le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Il choisit de prendre le tueur et sa femme en personnages principaux, c’est bien, mais plutôt que de les retravailler il les enterre dans une caricature démesurée. « C’était des personnages étonnants lors des interviews télévisées de l’époque ! », se souvient le réalisateur.

 

Oui, mais suivre deux caricatures sur pattes absolument infects pendant une heure et demie, c’est étonnant de bêtise. Vient enfin la note qui tue : « Pour respecter la douleur d’une famille il ne faut pas essayer de la reproduire »… Ou comment se décrédibiliser en trois phrases. Heureusement sa volonté de base concernant la jalousie, la haine et l’envie se ressent pleinement comme la grande qualité du métrage (c’est bien la seule). Le fait qu’il place ci et là de fausses publicités n’est clairement pas bête. « A force de pousser à la consommation, on pousse les gens à la poudrière », dit-il à raison. Alors que la convoitise des Carons est plutôt matérielle, elle évoluera par la suite pour atteindre l’humain. Un besoin d’humiliation naît. A ce niveau-là Eric Guirado s’en sort très bien. Dommage alors que tout le reste soit si mauvais. Jérémie Rénier en fait des tonnes (il a trouvé l’expérience « très intéressante »…)et Julie Depardieu se révèle particulièrement navrante (« J’ai apprécié le respect du réalisateur à l’histoire originale, c’est un exemple à suivre »…). Seule la petite Apolonia s’en sort avec du mérite tant ses silences sont pesants et son jeu juste. On passera aussi sur les mouvements de caméra ignobles qui parsèment l’œuvre et une ambiance musicale particulièrement fausse, malgré une mise en scène passable. Bref, « Possessions » n’est vraiment pas ce qu’il y a de plus recommandable en ce début d’année, un film qui sonne faux.

 

 

 

 

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