Par Aymeric Engelhard
Le quatrième volet de l’une des franchises les plus rentables du cinéma horrifique avait de quoi faire peur. Et pas dans le bon sens du terme… En effet après onze ans d’absence, Ghostface revient hanter Woodsboro dans ce que l’on pourrait appeler un grand retour à but avant tout lucratif. Le film aurait pu être raté, mais c’est finalement l’analyse du critique qui en prend dans les dents puisqu’au final « Scream 4 » se révèle en grande réussite.
Cette suite s’inscrit dans une époque où le remake est à la mode. Tous les grands classiques de l’horreur y passent : « Les Griffes de la Nuit », « La Dernière Maison sur la Gauche », « Massacre à la Tronçonneuse », « Halloween »… Chacun est repris à la sauce d’un réalisateur plus jeune pour le meilleur et souvent pour le pire. Alors qu’en 1997, le premier « Scream » s’en prenait aux grands classiques dans un élan parodique assez irrésistible, c’est bien à ces remakes que le quatrième volet s’attaque. Sydney Prescott revient à Woodsboro pour y présenter son livre, c’est le moment que choisit un nouveau tueur affublé du masque en référence au « Cri » de Munch pour se lancer dans une série de victimes sanglantes. Sydney va devoir une nouvelle fois faire face à son pire cauchemar toujours aidé de l’ex-journaliste Gale Weathers et du shérif Dewey Riley. A vrai dire, le scénario rappelle inévitablement les deux premiers épisodes. Normal quand on voit que Kevin Williamson signe son retour après avoir déserté le troisième volet (qui fut au final une sacrée bouse). Le scénariste reprend en main la saga en jouant à merveille sur le côté teenage qui avait tant marché auparavant. De même il s’adapte sans peine à la nouvelle génération, du côté des personnages comme de la technologie. Il peut ainsi dérouler une histoire somme toute très basique mais qui saura heureusement créer de belles surprises.
Le prologue du film casse la baraque, un grand jeu du film dans le film ultra jouissif qui remet quelque peu les pendules à l’heure. Certes « Scream » est une franchise horrifique mais c’est avant tout quatre parodies aiguisées du genre. Tous les clichés se voient jetés en pâture. Cette règle bien ancrée dans le cerveau, on ne peut que se délecter d’un humour tranchant venant sans problème s’acoquiner avec une horreur omniprésente. Et en bon film du genre, « Scream 4 » s’offre un épilogue totalement original pour la saga, avec un tueur vraiment dérangé. Côté mise en scène, le Master of Horror Wes Craven semble avoir repris des couleurs. Après une série d’échecs qui l’avait plongé dans les mêmes méandres que ses plus illustres congénères, le réalisateur des « Griffes de la Nuit » et « La Colline a des Yeux » (premiers du nom !) retrouve tout son art dans sa franchise la plus rentable. S’il ne sait vraisemblablement plus faire peur (en dépit des nombreux jump-scares, ou sursauts, le trouillomètre est loin d’être à zéro), il refait surface avec une envie aussi communicative que pour le premier volet. Autres retours en force, ceux de Neve Campbell, Courtney Cox et David Arquette. Les trois interprètes reprennent leurs rôles avec aisance, faisant presque oublier au passage que leurs carrières respectives sombrent peu à peu dans l’oubli. Viennent s’ajouter une belle petite bande de jeunes acteurs tous aussi agaçants que talentueux. En conclusion, on aurait tort de passer à côté de cette suite malgré les raisons de sa mise en chantier (studio avide de fric et réalisateur en manque de reconnaissance). Craven parvient à retrouver sa verve d’antan dans un quatrième épisode tout aussi réussit que le « Scream » premier du nom.
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