Par Alain Vollerin
L’auteur avait précédemment rendu hommage à Mozart. Rejoignant Léon Tolstoï, dont on commémore cette année le centième anniversaire de la mort, Eric-Emmanuel Schmitt fait, porté par son admiration pour Beethoven, le voyage vers l’amour de l’autre.
J’exprime un léger regret, qu’il utilise le titre d’un roman de Béraud : Qu’as-tu fait de ta jeunesse? Sans le citer. Schmitt a des formules heureuses : " Tel est le destin des oiseaux chanteurs avant de passer rossignol, on commence perroquet ". On dirait du Louis-Ferdinand Céline. Très vite, on sent Eric-Emmanuel ulcéré, pourfendeur d’injustice : " La puissance de l’individu, notre époque l’a tuée, personne n’estime raisonnablement aujourd’hui qu’un individu compte. L’humain seul, nu, on le voit plus que broyé, servi en steak haché, dépassé par les progrès technologiques, exposé à la rapacité des banques, états, groupes capitalistiques." Après le jugement de Kerviel, et celui de Musulin, nous sommes doublement convaincus. Eric-Emmanuel se marginalise, lui l’auteur de pièces à succès parfois jouées avec la caution d’Alain Delon. Son introspection est touchante. S’il a peu de chance de convaincre, sa démarche mérite notre reconnaissance. Bienvenue à Eric-Emmanuel chez les extra-terrestres. Le livre est accompagné d’un CD d’œuvres de Beethoven, un vrai bonheur de réentendre Futwangler, Bruno Walter, etc. Dans son texte, Schmitt indique les passages où nous devons écouter une musique particulière. Une excellente idée. En fin d’ouvrage, comme un deuxième acte, une pièce de théâtre, Kiki van Beethoven écrite bien avant, qui est jouée au théâtre La Bruyère par Danièle Lebrun..
« Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent »
Editions Albin Michel
Relié avec tranchefil, sous jaquette
183 pages – 22,90€
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