Texte : Margaux Nourry – Dans son dernier roman, Theresa Révay transporte les lecteurs au XXe siècle pour lever le voile sur le très secret milieu de la haute parfumerie lyonnaise.
Le dernier ouvrage de Theresa Révay, « Ce parfum rouge » (Éditions Stock), mêle différentes essences tout autant que des drames historiques et romanesques. Elle y dévoile le milieu, à la fois prestigieux et secret, de la parfumerie et de ses liens avec la Russie des tsars. L’occasion de remonter le temps jusque dans les années 1930, des quais de Saône aux rives de la Moskova.
Lever de rideau sur la haute parfumerie lyonnaise
Au fil des pages, Theresa Révay brosse le portrait de figures de cette sphère méconnue, dont celui de son arrière-grand-oncle, Léon Givaudan. Cet élève brillant de La Martinière a fondé, avec son frère Xavier, la maison L. Givaudan et Cie, devenue la plus illustre entreprise de parfums de synthèse au monde.
« Ils cherchaient la plus haute pureté de fabrication », précise l’écrivain. Le parfumeur du n°5 de Chanel, Ernest Beaux, s’y est fourni pour composer son iconique fragrance. « L’art de la parfumerie est une tradition lyonnaise », ajoute la romancière. Cela s’explique par deux facteurs : la culture ancestrale des plantes médicinales et l’excellence de la recherche chimique, héritée du monde de la soie.
Au XIXe siècle, l’étude de la chimie organique permit de synthétiser les odeurs, une véritable révolution. Les premières essences artificielles de rose et de violette furent assemblées par le professeur Philippe Barbier, à Lyon, où la prestigieuse École de chimie industrielle fut fondée en 1883.
« Lyon a su privilégier un accord étroit entre ses chimistes talentueux et le développement industriel, décrit Theresa Révay. Les Lumière, les Gattefossé, les Givaudan… Un vivier de talents fous. » Aujourd’hui, même si l’entreprise n’appartient plus à la famille, « son âme perdure », témoigne-t-elle avec émotion, de même chez Isaltis Givaudan-Lavirotte, fondée également par Xavier Givaudan.
Un roman d’une précision historique
« Conteuse d’histoires », oui, mais avec la rigueur historique nécessaire à l’exercice. « Je la tiens de mes ancêtres, précise Theresa en riant. L’exactitude d’un décor apporte à un roman sa saveur singulière. » Elle traque les anachronismes. Des noms de lieux à la météo du jour. Par exemple, un Lyonnais évoquera bien le Grand Théâtre et non l’Opéra.
A noter que Theresa Révay a déjà mis en lumière l’histoire lyonnaise des maîtres-tisseurs et des soyeux dans son roman « La nuit du premier jour » (Livre de Poche) qui reçut le Prix Canut 2022.
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