Alain Pouillet et Nicolas Artheau – Photo © AV

Par Alain Vollerin

…pour des destins blessés. Alain Pouillet fut une star dans le milieu des années quatre-vingt. Thierry Raspail, conservateur du musée d'art contemporain, l'avait distingué de la masse des artistes lyonnais. Il le mit plusieurs fois à l'honneur. Tout semblait sur les rails pour Alain Pouillet. Il était dans le réseau officiel, et puis, tout s'effondra. Pourquoi ?

Il ne m'était pas agréable de le voir redescendu du ciel où il plana longtemps, de ce paradis dont il nourrissait son œuvre. Alain Pouillet a délaissé les ors et les argents dont il enluminait hier ses grandes compositions. Je lui ai consacré deux films. J'ai redouté le destin qu'il assume désormais avec panache. Son œuvre demeure intéressante, même si tout est plus figé, emprunté, gourd. Son ami Andréa Lacovella continue à jouer les critiques engourmés de poésie plurielle. Il écrit à propos de la peinture de Pouillet : « la lenteur précaire de la rivière (peut-être à cause du réchauffement de la planète), une ombre sans yeux, écrite dans le creux défilé des heures, l'anonymat débarqué d'une intuition sous-cutanée (je vous dis pas l'intuition cutanée, mes enfants. Je crains le pire), ces feuilles en attente muette (redoutons, mes amis, l'attente bavarde). » Il y a de quoi se tordre devant tant de sérieux. La grosse tête, quoi. Pouillet et Lacovella sont amis depuis toujours. On a compris pourquoi. Autre destin brisé, injustement meurtri, celui de Nicolas Artheau. Lui aussi fut une scintillante star. Au moins, à Lyon. Je me souviens de ma stupeur, lorsque je découvris son œuvre au Théâtre du Huitième au début des années soixante-dix. Pour moi, Artheau rivalisait avec Artaud. Je lisais le Théâtre de la Cruauté, les Cenci, etc. Nicolas symbolisait le sommet de l'engagement. Nous l'avions retrouvé à l'Elac où, il figurait parmi les figures de l'Enfermement. C'était sublime. Artheau était en quête d'Absolu. Nous aussi.

Ne demandez pas à Georges Képénékian qui est Nicolas. Il croit qu'il s'agit d'un éditeur de Bandes Dessinées. Gilberte Froin doit être encouragée et félicitée pour son accueil de ces deux illustres figures des arts plastiques à Lyon. Leur présence ennoblit cette manifestation où, ceux qui aiment la peinture le démontrent avec ferveur et maîtrise comme : Chantal Roux dont l'univers évoque celui de la modeste Odile Daventure, Josef Ciesla dont les compositions aux pigments sur Arches sont très sensibles, chez Gilberte Frouin, je préfère la peinture à la sculpture. A Lyon , hélas, il y a peu de bons sculpteurs, et je ne changerai pas d'avis après avoir vu : Isabelle Mossuz (nous sommes dans le superficiel), Christian Revel devant ses œuvres, je peux médire mais, certainement pas médité, François Sale nous sommes dans l'imitation, Marc Vetter un mouvement qui vous fait mal aux côtes et un peu partout, Lucien Besson on a envie de garder le profil bas devant cette grecquitade abrupte, Martine Mercadal fait dans l'assemblage hasardeux très, et sûrement trop. Une exception, Sonny Meyer et sa burka, authentique et passionnant dans tous les domaines quand il le veut. Parmi les peintres, n'oublions pas Annick Hadacek, Chantal Hayette, Françoise Missilier, Odette Rey-Coquais, Danielle Nardin Chemier, Lara Rolland, Christian Royer, Marie-Jo Rouvière, Jean Thévenon, Annick Morice qui doit peut-être abandonner l'acrylique pour la peinture à l'huile, et, parmi les aquarellistes : Claudius Pralus, Georges Boule, Gérard Bendrihen et Thierry Grosfilley. Le changement de présidence apporte à ce Salon, avec la participation de personnalités reconnues une notoriété et une rigueur bienvenues.

46^e Salon de l'Ouest Lyonnais

Jusqu'au 8 novembre 2009

Atrium de Tassin la-demi-Lune