Par Alain Vollerin

Fondé par Jules Berger en 1938, le Salon Regain devint un phare de l'activité artistique lyonnaise lorsque le peintre Camille Niogret en devint président, en 1957. Il était soutenu par deux esprits éminents le critique d'art René Deroudille et le peintre René Maria Burlet, fondateur du Groupe Témoignage de Lyon avec le galeriste Marcel Michaud et le peintre et architecte Louis Thomas, compagnon de Tony Garnier.

De cette haute époque demeurent quelques fidèles : Jeannette Ruplinger dont le mari, le Docteur Jean Ruplinger vient de nous quitter après une fin de vie exemplaire et courageuse; Odile Rivat-Turillot dont la manière demeure nourrie par ces fortes personnalités; et enfin, Janine Rimet, ancienne élève de l'Ecole des beaux-arts de Lyon dont les compositions rigoureuses enrichies de recherches élevées forment une œuvre "d'Abstraction Construite" passionnante et cohérente. Les bénéficiaires des « Pleins Feux » sont Guy Bonetto et Claude Leclercq. Inscrit dans le courant des peintres de la Réalité, proche de Leonardo Cremonini défendu par la galerie Claude Bernard à Paris, Guy Bonetto qui fut professeur de dessin et d'arts plastiques, montrait une de ses toiles de 1964 qui définit la qualité de son inspiration originelle. Il faut savoir regarder. La partie de l'œuvre de Claude Leclercq portée par la spiritualité, à la manière des peintres réunis dans les ateliers d'art sacré autour de Georges Desvallières et Maurice Denis à Boulogne-Billancourt en 1921, mérite toute notre attention. On voit un Christ en souffrance d'une riche inspiration. On rend hommage à Marius Dejean qui fut proche de Témoignage et inspiré par Albert Gleizes. L'exposition des dessins et peintures de son fils René Dejean révèle leur faiblesse.

Dans la ligne de Willy Ronis ou d'Antoine Demilly et Théo Blanc, les photographies d'Henriette Ponchon de Saint-André sont désormais de véritables documents évocateurs de l'aventure des arts plastiques à Lyon. Je tiens à souligner la présence de Lassia, artiste de l'art singulier, née à Cosne-sur-Loire, dont la sincérité et l'intensité disent la profondeur de son cheminement solitaire. Je félicite le président Kouzoupis pour ce choix audacieux. Un hommage mérité est rendu au sculpteur Georges Lair, porteur d'un regard approfondi sur la Nature humaine et ses doutes qui décédât cette année. Vous verrez encore Claude Couteau très à l'aise dans son univers spécifique. Ses compositions sont réfléchies. On ressent une énergie, un désir de décrire un univers personnalisé où la couleur est dominée; Marc Da Costa et ses pyramides lumineuses et généreusement décoratives; Odile Daventure très à l'aise dans les petits formats qui figure parmi les plus intéressants des singuliers lyonnais; Paul Denis-Fayard qui nous dit, fidèle à ses orientations où le dessin sert intelligemment la peinture, en traversant une terrible épreuve, son dangereux face à face avec la mort; Laura Julien et ses portraits de femmes inquiètes marquées par des scarifications; Danielle Perge, reporter des maisons de plaisirs que sont les bistrots; Christian Nicouleau, paysagiste ténébreux. Un public nombreux avait envahi les salles historiques du Palais de Bondy consacrant la réussite du président Nicolas Kouzoupis pour ce 70ème anniversaire.

Jusqu'au 26 octobre 2008

Salon Regain- Rencontre des Arts

Palais des Expositions

Quai de Bondy – Lyon 5e