Par Alain Vollerin
Les couleurs des aquarellistes enrichissent avec éclat un climat marqué par la crise grecque dans des lieux chargés d’une histoire douloureuse pour tous les lyonnais…
L’Espace Berthelot n’est pas particulièrement accueillant, aujourd’hui encore. Il présente un avantage. Il est situé près du centre de la ville. Très facile d’accès, de nombreux visiteurs viennent là avec plaisir pour voir des œuvres d’artistes marginalisés. J’aime être au milieu de ces défenseurs du dessin et de la peinture, car ils me font penser à cette haute époque de l’aventure des arts plastiques où, autour de 1807, Napoléon 1er décida la réouverture de l’Ecole des beaux-arts de Lyon. Peindre des fleurs, voici l’un des talents de prédilection de Renée Fras-Perret qui, des années durant, illustra les murs du restaurant gastronomique de Guy Lassausaie. Désormais, elle préside la Société qui fut fondée, ne l’oublions pas par Eugène Villon, grand-père de Mme Jeannine-Gay (toujours vice-présidente), et Antoine Barbier. Elle nous livre des glycines, des pétunias, des géraniums ou des pivoines jaunes. Patrick Galante lui, peint des roses trémières. Georges Boule des champs de coquelicots. Marius Cousin des jetées de roses, des bouquets. Charlotte Le Sage un marché aux fleurs. André Lebreux, cette année, faisait la couverture du carton d’invitation. Il s’attache à décrire la ville : Bellecour et le clocher de la Charité, la Saône à Saint-Jean, etc… Gille Durand lui produit une vue depuis le jardin des Chartreux. Claudius Pralus a fait des recherches (le texte est lisible sur place) autour des origines du Gros Caillou au bout du plateau de la Croix-Rousse. Il l’a inscrit dans une perspective débouchant sur le massif du Mont-Blanc. Belle initiative.
Cette année, les peintres peuvent présenter quinze à seize œuvres. Très bonne idée. Gilbert Abric avance sur les escaliers de la montée du Gourguillon ou à Ternand, sur la passerelle Saint-Vincent qui enjambe la Saône. Gourmand, il nous incite à visiter les bouchons lyonnais. Philippe Allain est un des participants les plus contemporains dans sa manière. Il ose des aplats. Il restructure les natures-mortes, les paysages osant de raccourcis très efficaces. Voir son crépuscule, sa falaise bretonne ou sa trouée dans le ciel. Une bonne raison de croire au mérite des aquarellistes actuels. On est heureux de percevoir l’éclatement des fulgurances de Thierry Grosfilley dont le plaisir de vivre est profondément manifesté par sa promenade dans les vergers, par ses bouquets, par ses brassées de dahlias. Nous sommes revenus aux grandes heures de notre école de fleurs, digne des excellents professeurs qui formèrent des dizaines de générations de techniciens et poètes émérites. Ils maintiennent un savoir-faire, un onirisme régénérateur de consciences. Merci aux aquarellistes pour leur joie de vivre.
Jusqu’au 21 novembre 2011 Espace Berthelot 14, avenue Berthelot – Lyon 7e Tous les jours – 10h à 12h et 15 h à 19h
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