Par Alain Vollerin
En montrant depuis l'ouverture, des artistes venus le plus souvent de l'extérieur de Lyon, sélectionnés avec le peintre Fabien Martinand, qui joue ici le rôle de conseiller artistique. C'était le cas avec Léon Diaz Ronda et Albane Hoffmann, et encore avec Pascal Liengme, né à Genève en 1956, et Irina Petravitc née à Kosice en 1965, l'aventure se poursuivra avec Christine Coste et Pascal Guichard.
La volonté d'ouvrir le champ d'intérêt des amateurs lyonnais est réel, seulement l'ampleur de la tâche est immense. A Lyon, il faut du temps. Beaucoup. On peut voir un certain talent dans le travail tout en retenue de Pascal Liengme qui travaille la pierre un peu à la façon de Dodeigne, sculpteur malheureusement inconnu des collectionneurs lyonnais. Ses estampes sont tout en délicatesse, chaque série est accompagnée de la plaque utilisée pour le tirage ce qui le limite et le justifie. Une démarche profondément honnête qui méritait plus de succès. Les esprits distingués seraient-ils en voie de raréfaction ? Je le crains. Irina Petravitc vit en Slovaquie à Bratislava, après avoir résidé deux ans dans la Drôme. Photographe, son regard est nourri de l'art contemporain. Elle joue avec des nus qu'elle recompose au crayon de couleur à grands traits à la manière de Toulouse-Lautrec, de Delacroix, etc, dans une volonté de distance où les techniques se confrontent heureusement. Elle a probablement vu les travaux de certains artistes qui pratiquent la scarification considérant, la peau humaine comme un support de l'œuvre d'art. Ses nus filtrés sous des feuilles de plastiques forment un aspect agréable, mais un peu naïf de sa démarche. Andrieu, co-directeur de l'école Emile Cohl, est inscrit dans un courant que mon camarade Guy Denis nomme dans son ouvrage récent " Les peintres de l'Agonie ou les nouveaux peintres français de la douleur ". Le parcours d'Andrieu à ce jour demeure bien modeste. Ses peintures révèlent une souffrance énorme, incommensurable. Nous sommes parmi les ombres, dans le domaine des zombies. Sont-ils agressifs ces monstres souffrants ? En tous cas, ils émeuvent les âmes fragiles, les esprits faibles. Ils feraient des illustrations parfaites pour certains poèmes tirés des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire comme La Servante. La peinture s'étale. Elle ruisselle. Elle coule. Aujourd'hui, Andrieu éprouve le besoin d'ajouter des objets, des os, des mâchoires. C'est trop lourd. Certainement inutile. Sa peinture gagne à être vue en vrai.
Jusqu'au 15 Octobre
L'Usine
49-51 route de la Libération
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