Par Alain Vollerin
Si, vous vous intéressez à l'histoire de notre patrimoine artistique, vous devez voir cette exposition sans attendre. Allez-y en famille, avec vos amis, avec vos voisins.
Donnez-vous rendez-vous à la Maison Forte avec ses voûtes qui lui donnent l'allure d'un monastère, où Michel Regnier, adjoint à la culture inspiré, honore les artistes locaux dans un geste de véritable historien, avec le concours de Michel Bosse-Platière, collectionneur hors-les-normes, auquel chacun de nous doit une reconnaissance infinie pour la volonté sans limite qui est la sienne de mettre le fruit de ses recherches à notre disposition. Ici, il a prêté beaucoup d'œuvres, démontrant ainsi ce qu'il est possible de faire avec quelques moyens financiers, mais surtout, avec beaucoup de passion. Félicitons aussi Chantal et Patrick Pons et la galerie Mazarini pour leur soutien à cet événement. Patrick Pons en prêtant des sculptures de Tajana permet au public de découvrir un créateur oublié dans la ligne de Marcel Gimond, et forcément d'Aristide Maillol qui fut son professeur. La sculpture est bien représentée avec un masque des débuts de la carrière d'Etienne-Martin, troisième sculpteur français du XXe après Brancusi et César; une Femme au collier de Georges Salendre dont tous les Lyonnais connaissent le célèbre hommage aux Canuts placé à gauche de la mairie du IVe dans un square; avec Francisque Lapandéry, et l'inclassable Robert Darnas, etc. L'exposition est très bien construite à partir de thèmes : des portraits de femmes comme celui de l'admirable Madame Siffert peinte par Joseph Guichard qui tous deux étaient membres de l'association des amis de Wagner, des corps de femmes et l'admirable Nu au foulard rouge de Jean Tavernier; la femme et la famille où nous distinguerons la Petite Fille de Jacques Peizerat; la Femme dans l'Histoire, la Femme et la Philosophie, et le divin tableau issu du poème de l'âme de Louis Janmot la Ronde au rayon de soleil, dont l'original figure au musée des beaux-arts de Lyon; la Femme au Travail et l'extrême sensibilité d'Auguste Morisot décrivant son épouse à la couture. Nous en voyons deux versions dont une appartient à Bernard Copeaux, respectable amateur de l'école lyonnaise; la femme de l'artiste et le lyrique Demeter en Sainte-Agathe de Gérard Gasquet.
Jacques Oudot n'était pas un peintre. Nous n'en parlerons pas. Sa présence, ici, est le résultat d'une intervention extérieure qui n'apporte rien. Et enfin, la Femme au repos, et la dignité de la Jeune fille au pinceau exprimée par Jean-Baptiste Frenet, ou la lumineuse Femme allongée d'Henriette Morel, amie de Pierre Combet-Descombes. Un hommage appuyé est réservé à Jeanne Bardey, camarade du génial Auguste Rodin qui lui rendit visite dans notre bonne ville. Quelques noms d'artistes présents : Claudius Jacquand, Jean-Michel Grosbon, Jean-Baptiste Chatigny avec la Moissonneuse qui fait la valeur de l'affiche, Tony Tollet, vénérable maître du portrait, Louis Carrand, David Girin, Jacqueline Marval, Georges Albert Tresch, un des fondateurs du groupe des Ziniars et du Salon du Sud-Est, Etienne Morillon, Emile Wegelin, merveilleux paysagiste, Adrien Godien, Marguerite Charleix, Emilie Charmy, Louis Thomas qui fonda avec Jean Bertholle, Jean Le Moal et son ami le galeriste Marcel Michaud, le Groupe Témoignage de Lyon, Camille Niogret, Jean Couty, Jacques Truphémus avec plusieurs toiles, Jean Fusaro, André Cottavoz, Madeleine Plantey vouée au chant serein du corps féminin, Louis Charrat, Pierre Laroche, lié à la célébration de nos deux grands fleuves, Antoine Chartres, Henry Vieilly, René Chancrin dont la moindre composition fait un prix en salle de vente, Alice Kohn dont Patrick Pons a permis la dispersion du fonds d'atelier dans de bonnes conditions, René Besset, Pierre Pelloux, Maurice Stoppani qui poursuit une longue carrière de peintre de nus, Robert Duran, etc… Nous souhaitons attirer votre attention sur le chef-d'œuvre d'inspiration romantique composé par Marcel Roux, la Captive. Un léger regret, l'absence de Jean-Albert Carlotti qui, comme Pierre Combet-Descombes, a beaucoup célébré les femmes qu'il respectait profondément. Nous félicitons le maire de Vourles, Serge Fages, et son adjoint à la culture Michel Regnier pour leur fervent engagement pour la reconnaissance de l'histoire des arts à Lyon. La route est parfois malaisée. Elle s'éclaire considérablement à l'occasion de pareilles réussites. Le maire de Lyon, Gérard Collomb et Jean-Jack Queyranne devraient s'inspirer de cette démarche.
Jusqu'au 21 mars 2010
Tous les jours de 14h à 18h
Vourles – Maison Forte
2, rue des Vallières
www.vourles.fr
D’accord dans l’ensemble avec cette présentation assez élogieuse. J’ai donc bien aimé cette expo à la fois thématique et transversale. La présence de Flandrin, de Janmot au « hasard » des accrochages était une bonne petite surprise. J’ai regretté que le vénérable (?) Tollet n’y fut pas présent par une oeuvre plus pertinente. Mais une belle confrontation de personnalités au total.