Par Alain Vollerin

Il y avait un côté Maurice Utrillo dans la personnalité d'Adrien Seguin, né le 1er mars 1926 à Pau, mort en 2005, ancien élève de l'école des beaux-arts de Montpellier, puis de Paris.

Il avait suivi les cours d'André Lhote, l'ami de Jean Paulhan qui incarna un temps une certaine avant-garde en France. L'homme était sincère, et il aimait le bon vin qu'il partageait parfois avec les comédiens Jean Carmet et Gérard Depardieu. Deux experts absolus. Les Montparnos, peintres ou sculpteurs étaient souvent adeptes de la dive bouteille. Cela aidait. Est-ce pour cela qu'Adrien Seguin reçut en 1957 le prix du Dôme ? Adrien Seguin incarne une seconde école expressionniste. Trop jeune pour vivre la grande aventure des années trente, il exauça son rêve après la seconde guerre mondiale. Sa manière est fidèle à l'esprit des expressionnistes allemands de Die Brucke et de Der Blue Reiter. Emil Nolde n'est pas loin non plus. Comment ne pas penser à August Macke, à Wassili Kandinsky, à Karl Schmidt-Rottluff, à Max Pechstein, à Ernst Ludwig Kirchner, à Erich Heckel, etc. ? Quel souvenir éblouissant que cette exposition organisée au musée d'art moderne de la ville de Paris par Suzanne Pagé : " Figure du Moderne – L'Expressionnisme en Allemagne 1905-1914 " du 18 novembre 1992 au 14 mars 1993. Quelle émotion ! Quelle leçon d'histoire. La première guerre mondiale avait tout cassé et livré ces artistes trop vrais aux délires des nazis qui les enfermèrent sous l'abjecte étiquette de "l'Art dégénéré". Cette atmosphère, cet art de faire danser et chanter les couleurs dans une pureté recherchée, dans un geste spontané et sans repentir, nous la retrouvons dans l'œuvre d'Adrien Seguin, et rien que pour cela, il mérite de n'être jamais oublié.

Galerie des Tuiliers

33, rue des Tuiliers – Lyon 8ème

04 72 78 18 68 / 04 78 01 96 33

Lundi au vendredi de 14h à 19h

Samedi 10h à 12 h et 14 h à 19 h et sur rendez-vous