Par Alain Vollerin
Née en 1927 à Lyon, inscrite à l'école des beaux-arts en 1949, Alice Gaillard, fut élève d'Antoine Chartres dont on retrouve encore parfois l'influence dans certaines toiles actuelles. Son engagement dans la peinture doit beaucoup à l'attention et aux recommandations d'Henri Vieilly.
Au fil de ses impatiences, Alice a désappris l'art de peindre pour s'immerger dans le spontané, dans le vrai. Professeur d'arts plastiques, l'itinéraire d'Alice ne fut pas toujours paisible. Avant de pénétrer totalement dans son pays des merveilles, Alice a vécu ces années d'enseignement comme une mutilation de son talent, de son inspiration. Incontestablement, comme Alphonse Rodet et Joannès Veimberg qui fut un ami constant et fidèle d'Alice, comme Philippe Dereux, comme Georges Darodes, comme Ariel, comme Thérèse Contestin, comme Marc Lamy, comme Marie-Thérèse Bourrat, comme Jacky Chevasson, comme Claudette Espallergues, comme Favrène, comme Danielle Lassia, comme Marc Josserand, comme Thierry Lambert, etc, l'art d'Alice Gaillard s'inscrit dans le courant des singuliers de l'art, dont la ville de Lyon doit être considérée comme la capitale, tant ils y vivent nombreux dans toutes les générations, encouragés par une tradition du secret et du retrait. Depuis qu'elle a retrouvé sa liberté, Alice Gaillard exprime sa vision du monde qu'elle parcourt inlassablement de Sarragosse à Sidi Bou Saïd, de Saint Jacques de Compostelle au Rio Maggiore. Des thèmes hantent et enchantent ses œuvres : les marchés, les fruits, les fleurs, les légumes, les églises, les vestiges architecturaux, les jouets, et parfois les cimetières, car Alice, née sous le signe du scorpion, n'ignore pas la présence perpétuelle de la mort à nos côtés. Sa palette est infiniment personnelle. Ses couleurs lui correspondent exactement. Les bleus, les violets, les rouges, les jaunes quelquefois, traduisent bien ses doutes, ses peurs, et aussi, ses grandes émotions, ses joies profondes. Quelques animaux accompagnent le parcours d'Alice, et particulièrement, le chat. Pour finir, sur une note chaleureuse, je voudrais dire que personne, mieux qu'Alice Gaillard, ne sait traduire la truculence de la fête avec ses habits chamarrés et lumineux. L'intensité est portée à un tel point qu'on entend rire et chanter ces êtres assemblés pour un intense moment de communion. D'autre fois, on murmure sur la toile, et alors, nous serions curieux de pénétrer dans le tableau pour entrer dans la confidence. L'art d'Alice Gaillard doit être vu et ressenti comme un reflet de toute son âme qu'elle nous livre sans artifice, se révélant, elle si réservée, tout à coup prolixe dans sa quête d'un "Autre" vrai, précautionneux, et attentif. Nous avons entrepris ici, depuis le 18 mai 2006, une action fondamentale et rigoureuse visant à suppléer l'absence d'un musée dédié à la peinture lyonnaise. Le jour, où il s'édifiera, Alice Gaillard devra avoir sa place aux côtés de ses maîtres et de ses amis…
Jusqu'au 4 septembre 2009
LCL – Le Crédit Lyonnais
18, rue de la République – Lyon 2ème
Du lundi au vendredi de 9 h à 17 h 30
Métro et parking Cordeliers
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