Par Alain Vollerin
Pas de doute, Déméter fait une œuvre personnelle et constante. Dans la vie, le noir est sa couleur. Semblable à une star de la culture Pop-Rock, elle se protège derrière l'image d'une pythie inaccessible et froide. Au quotidien, son caractère est à l'opposé agréable et accueillant. En 1998, François Montmaneix l'avait accueillie à l'Artrium de l'Auditorium pour se livrer au périlleux exercice de la rétrospective.
Beaucoup révélèrent à cette occasion leurs faiblesses, tout ce qu'avait de laborieux leurs parcours d'êtres sous influences. Déméter triompha modestement de cette épreuve. C'est là, que je fus définitivement conquis par la subtilité de ses recherches. Depuis toujours, le vent est son compagnon. Tout ce qu'elle peint est porté, tout flotte dans un entre-deux délicat et heureusement indéfini. Dans le monde de Déméter la Nature est à son image d'artiste modeste. Il y a peu de grandes fleurs, de vastes feuilles, jadis, quelques nénuphars. Nous ne sommes pas, non plus, dans le catalogue de plantes rares ou exotiques, même si nous sommes souvent surpris par des formes ou des couleurs. Les champs magnétiques de Déméter sont des territoires de rencontres imprévisibles pour une Nature bousculée par les flux et les reflux jusqu'à l'asphyxie, jusqu'à la Mort. Choc de particules roses ou mordorées, où, la lumière vient chanter après la chute inexorable pour l'écriture de l'histoire éternelle. Les titres des toiles de Démeter sont tous de petites merveilles, des joyaux : petites âmes, insondable lieu, sous les glycines, caresse, amour d'hiver, mille calices, alchimie, un peu d'or, etc. La peinture de Déméter a besoin de grands formats pour s'exprimer. Avec le temps, Déméter se libère. Les fonds de ses compositions qu'elle polissait, densifiait avec affection, sont plus artistiquement lâchés, comme pour dire, la fragilité, l'urgence dans un geste proche des maîtres de l'Abstraction lyrique. Son inspiration est nourrie de pensées élevées. Il n'est pas étonnant qu'un large public ne puisse accéder à cette poésie du fragile, du dénuement, de l'éphémère. Habités par le goût du paraître, nos frères et sœurs humains sont-ils encore en mesure d'accéder à l'exposition de ces rêves baudelairiens de lieux insondés, inabordés ? Déméter nous ouvre leurs portes pour une idéale initiation.
Jusqu'au 28 février 2009
Peintures et dessins
103, rue Bossuet – Lyon 6e
Du mardi au samedi de 14h à 19h
galerieduparc@wanadoo.fr
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