Baronian, 2013
Par Alain Vollerin – Mémoire des Arts
Regards ? Vous avez dit… Que sont ces regards ? Qui cachent-ils ? Seraient-ils croisés ? Des idées pour faire des regards ? L’art conceptuel ferait-il des ravages chez les peintres lyonnais ? En tous cas, ils sont souvent habités ces regards, portés, hallucinés parfois.
Notre Hôtel-Dieu n’en sort pas indemne. Il faut dire qu’après les outrages que souhaitaient lui faire subir Gérard Collomb et ses amis d’Eiffage, tout est pour cet honorable monument, joie et réconfort. Michel Havard, candidat à la prochaine élection municipale, démontra lors d’un échange verbal avec le professeur René Mornex, sa profonde connaissance du dossier de l’Hôtel-Dieu. Parmi les meilleures œuvres présentées, indiscutablement : Eugène Villon, Venance Curnier, Jean-Albert Carlotti, Jean Couty, Marc Aynard, Jean Fusaro, Nicolas Safranoff, Claudius Pralus, Jacques Truphémus, Alain Demond. A l’origine de ce projet, il y a le professeur René Mornex, endocrinologue respecté, et l’association des Amis de la Santé qu’il préside efficacement. L’une des plus passionnantes peintures présentées est celle d’Alain Demond. Il a su donner à cette architecture que voulait réduire à néant le célèbre Tony Garnier, sa monumentalité inégalable, en forçant astucieusement sa silhouette prodigieuse.
Pour la réussite complète de cette exposition, il eut fallu un chaînon inéluctablement manquant. Je veux parler de celui qui fut élève de l’école des Beaux-Arts de Lyon, Jean-Marc Requien. On peut être un remarquable collectionneur, et un peintre sans imagination. Damin en fait la démonstration, depuis toujours. Il ne suffit pas d’avoir de bonnes idées, pour réussir de bons tableaux. Dieu merci, je ne peux plus dire de mal des œuvres de Michèle Caussin-Bellon. Si vous croisez, le jésuitique Marc Bisson-Barbier, glissez à son oreille que son grand-père était loin d’être un artiste sans défaut. Nul n’est parfait, et à l’impossible… Beaucoup de monde le jour du vernissage. La foule des grands jours. On pouvait se croire, en avril, au vernissage du magistral hommage à Jean Couty, au LCL. Quel divin souvenir ! Régis Bernard voit des manèges partout, pour d’autres, c’était plutôt des nains. Alors, il en a posé un devant l’Hôtel-Dieu, au mépris de toutes les règles de perspective qu’il ignore depuis toujours. Bogousia manque complètement d’imagination. Des griffures intempestives tentent de donner le change, sans succès. Pourquoi ce hiératique Eugène Brouillard, dont le sujet est la destruction de l’Hôpital de la Charité? Véritable drame patrimonial qui doit être reproché à jamais au « père Herriot ». Arlette Dissard n’est pas un peintre prétentieux, sa modestie l’honore. Si on vous dit que Favrène s’inspire de Veimberg. Ne vous précipitez pas pour le nier, vous auriez tort. Eric Gouttard a trouvé un angle de vue, hors de l’ordinaire. Bravo ! Mais, le chef-d’œuvre absolu est incarné par la composition envoûtante de Charles Lacour qui réalisa de très nombreux paysages issus des rues de Lyon. Une merveille !
Dommage que dans le catalogue, les reproductions soient aussi indigentes, comme me le faisait remarquer mon amie Danièle Devinaz, journaliste au Progrès. René Deroudille, pharmacien et critique d’art, aimait répéter « trop souvent les choses sont mal faites ». Comme, il avait raison. Certains ont cru reconnaître Georges Képénékian qui effectue, non sans une visible angoisse, ses dernières sorties comme adjoint à la Culture de la ville de Lyon. Ils seront peu nombreux à le regretter, tout simplement, parce qu’ils ne le connaissent pas, tant son passage fut discret. On pouvait observer un hobereau des temps actuels, excentrique enviablement, en la personne d’un jeune homme de vingt-deux ans, Vessaud. On peut toujours lui recommander de persévérer. Il est encore bien jeune. A l’étage, se tient une remarquable exposition historique à propos des origines de l’Hôtel-Dieu édifié grâce à la volonté des consuls (qui, à l’époque, n’étaient pas de toc) et aux dons de très nombreux Lyonnais. Venir pour une exposition, et s’en voir proposer deux est plus qu’une surprise, mais une bousculade mentale troubla plus d’un des très abondants visiteurs. René Mornex tenait à la reconnaissance de l’association des Amis de l’Hôtel-Dieu. Le projet est réussi. L’objectif atteint.
Jusqu’au 12 décembre 2013
Fondation Renaud-Fort de Vaise
25-27, boulevard Saint-Exupéry – Lyon 9e – Tel : 04 78 47 10 82
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