Par Alain Vollerin
Lors de sa dernière grande exposition à la galerie Nouvelle Echelle d’Or, il y a un an et demi, Gilbert Pécoud avait exprimé son désarroi devant les méfaits de la Mondialisation, devant les cohortes de migrants fuyant à pied en longues colonnes, ou dans des bateaux ballottés sur des flots menaçant leurs terres natales.
Comment pouvait-il résister au désir de traduire le malheur qui frappe les sans domicile fixe de plus en plus nombreux et désespérés ? Il se confrontait au public, au social, au monde extérieur comme un expressionniste contemporain. Cette fois, Gilbert Pécoud entreprend l’exploration d’un univers déliquescent qui cède ce qui subsiste encore de ses fastes. Un univers, une atmosphère, né avec le Second Empire, prolongé par la Troisième République, et dont l’influence battue en brèche dans les années soixante, et surtout après les mouvements de 1968, subsiste encore dans de nombreuses maisons bourgeoises à Paris, comme en province. Ces décors somptueux, mais fragiles, tourmentent nos mémoires, car ils évoquent le souvenir d’une enfance insouciante, préservée des exigences vitales. Ce bouquet de fleurs blanches, si parfaitement traduit dans un déluge de matière, est visiblement à son apogée. Il éclate de couleur, nous assistons à son triomphe, celui de la vie, du bonheur, et pourtant, si nous regardons la base de la composition, elle porte une ombre tragique, l’annonce de la mort prochaine de ces marguerites enchantées. Toujours la vie et la mort rivalisent. Ce vase japonais posé au centre de ce vestibule dont la porte est restée ouverte, indique par son rayonnement triomphal que la demeure est habitée d’une présence féminine active.
Désormais, le geste de Gilbert Pécoud est libéré. Il saisit les couleurs, comme nul autre, pour créer des fonds enchanteurs où vibrent les émotions. Ses vasques, ses vases, ses tasses, ses fleurs sont des talismans qui explosent comme des bijoux sonores chantés par Charles Baudelaire, éclatent comme des émaux dorés susurrés par Théophile Gautier. Plus loin, un bouquet de tournesols résonne comme un immense cri de joie, pourtant il vient d’atteindre les limites de sa plénitude. Le temps ne suspend pas son vol. Il poursuit son inlassable travail dans le silence, inexorablement. Gilbert Pécoud est dans un moment de son parcours où les beaux jours lui semblent encore nombreux. Il choisit donc d’assumer tous les risques pour exprimer à nos regards amis, tout ce que sa longue et intense présence dans son atelier lui apporte en lucidité.
Jusqu’au 25 juin 2011
Mairie du 6eme
58, rue de Sèze – Lyon 6
Lundi au vendredi 8h45 à 16h45
Samedi 9h30 à 12h
04 72 83 15 00
Métro A : Masséna / foch
Entrée gratuite
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