Par Alain Vollerin
En face de l'œuvre de Lori Hersberger, on peut penser aux néons de Dan Flavin, mais aussi aux environnements méditatifs de La Monte Young et Marianne Zazeela. Mais ici, l'atmosphère est funèbre. Nous sommes dans le noir, seulement éclairés par de longs tubes de néon rouges J'ai assisté à la conception d'une de ses œuvres " Phantom Studies " 500 m2, en direct au Mac par Lori Hersberger.
Chacun sait que la Suisse où il est né à Bâle en 1964, n'est plus ce qu'elle était, mais tout de même, Lori se presse encore lentement, par contre il est efficace. Il fallait le voir attaquer une immense plaque de verre noire, pour en tirer à l'aide d'une barre à mine des morceaux, qu'il projette ensuite sur le sol dans un vacarme assourdissant. On voyait aussi plusieurs balles de foin. Hersberger fait aussi des vidéos pour ses performances qui sont de véritables spectacles porteurs de profondes émotions. Pour une fois, nous sommes surpris. Cette création nous paraît légitime, et l'artiste sincère, et donc originale. Il s'agit bien entendu de dire un mal être, mais il subsiste une œuvre esthétiquement de très haute qualité. Kendell Gers partage avec Hersberger cette volonté de révolte, ce désir de dénoncer un monde agressif et déstructurant. Il présente au Mac de Lyon, une installation stupéfiante, en verre et métal qui rappelle le travail de Kader Attia, présenté ici, il y a un an ou deux. Paradoxalement, vous vous sentez enfermés derrière des grillages argentés, mais sur un sol en verre cassé, à vous filer le vertige.
On ressent un malaise certain en traversant cet espace où la mort vous guette à chaque pas, et non seulement dans l'esprit de l'artiste. Kendell est un communicant, un professionnel qui ne commet pas de faute. Ainsi, il refuse d'être photographié. Mes photos sont donc des documents. On voit partout dans la ville un poster ou Kendell a posé le visage recouvert de traces de pneus qu'il a choisi comme signature. Cette œeuvre s'intitule Fuck Face ou tête d'enculé. Pourquoi pas ? Kendell Geers qui vit à Bruxelles, une ville que j'adore, revendique que " l'artiste devrait réagir par rapport à ce qui se passe dans la société mais il ne devrait jamais avoir de responsabilité sociale. Créer, c'est aussi réagir." On en reparlera dans quelques années. Combien avons-nous vu de biens pensants finir leur trajectoire à l'Institut ou au Ministère. Kendell se situe comme Africain blanc après Johnny Clegg le zoulou blanc, c'est un peu léger, comme la référence au Surréalisme, et ses cadavres exquis pour l'usage de la victoire de Samothrace qui devient un objet très décoratif. J'entends déjà nos Marie-Agnès lyonnaises : " Oh ! Ma chérie, tu te rends compte, dans mon jardin d'hiver. Ce serait parfait… " J'ai envie de vous dire après la visite de ces deux expositions : il n'y a pas de révolutions. Il n'y a que des révolutionnaires…
Jusqu'au 4 janvier 2009
Mac de Lyon
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