Par Alain Vollerin
Il avait toujours ou presque refusé d’exposer. Par timidité ou par détermination ? Refuser d’entrer dans le système infernal des expositions en galeries ou ailleurs est une décision courageuse qui honorait Guy Berteletti (1932-2010).
Le docteur Bernard Deviller, président de l’association des amis de la maison Ravier, et son épouse firent le voyage vers Sassenage pour découvrir l’atelier et l’œuvre de ce natif de Morestel. Ils furent émus et convaincus, comme nous les comprenons. Ils eurent incontestablement raison de proposer cet hommage à cet artiste discret. Professeur d’arts plastiques, il n’ignore rien de l’Histoire de l’art au XXe siècle. Il pourrait raisonner et agir en suiveur, et simplement copier des modèles. Non ! Guy Berteletti, ancien élève de l’école des beaux-arts de Lyon, était plus exigeant que cela avec lui-même. Il maîtrisait parfaitement la figuration, le dessin, la couleur. Dans l’exposition, une grande nature morte exprime bien ce talent-là. Jeune, il avait peint des chardons à la manière de Frédéric-Charles Jung qui fut président de la Société Lyonnaise des Beaux-Arts. Il sera aussi très influencé par son oncle le sensible et talentueux Pierre Pelloux, fondateur avec Marc Aynard, Jean-Albert Carlotti, René Chancrin, René Dumas, Henri Vieilly, puis Jean Couty, du groupe des Nouveaux. Bien entendu, devant ses travaux on pense à Hans Hartung, à Gérard Koch, etc. Je ne crois pas que les problèmes de rétine qu’il rencontra dès la fin des années soixante, est entièrement conditionnés la forme de son oeuvre. Devant ses collages, nous pouvons penser à l’usage que fit à Lyon Henri Matisse de ses papiers découpés, alors qu’il venait d’être opéré par le Pr Leriche. Surement, Guy Berteletti devait déjouer ses handicaps, mais était surtout sublimer par une passion pour la peinture. Voir ses compositions c’est comprendre et accepter un très haut niveau de remise en question de soi. Guy Berteletti peint, puis il revient sur sa première décision, alors il rature, il griffe, il rehausse sans jamais renier sa première volonté. Il veut seulement la pousser au plus loin, la décrire au maximum de son intensité, n’en rien perdre jamais… Il s’élance, puis il recule, prend de la distance, s’approche à nouveau. Il ne se satisfait jamais d’un premier jet de sa pensée. La peinture, il la vit de l’intérieur, tout vient en faisant ou plutôt chez lui en défaisant… Remercions le collectif de la Maison Ravier et particulièrement Nathalie Lebrun. En effet, il est difficile pour un peintre qui de son vivant n’a pas voulu tenir une place dans le monde de l’art d’échapper au purgatoire. Cette exposition, le catalogue conçu et financé par la famille perturberont peut-être ce contraignant processus.
Jusqu’au 13 novembre 2011 Guy Berteletti-Rétrospective Maison Ravier – Morestel Tous les jours 14h30 à 18 h – sauf mardi 04 74 80 06 80
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