Par Alain Vollerin
L'autre soir, j'étais chez Christophe Marguin dans sa bonne auberge familiale des Echets. Après un excellent repas, j'ai rencontré la madone des concerts et soirées branchés, la très médiatique Gisèle Lombard.
C'est elle qui m'a rappelé cette triste affaire du mur peint de Raymond Grandjean qu'André Mure avait beaucoup cautionné. C'est probablement lui qui avait engagé la commande du mur, cours Vitton. Né à Lyon en 1929, sa vie ne fut pas tout à fait simple. Il état différent au physique comme au mental. Longtemps défendu par la galerie le Lutrin et par le critique d'art René Deroudille, il fut aussi l'ami de Marie-Thérèse Bourrat et de tout un groupe d'artistes qui fit l'avant-garde lyonnaise des années soixante et soixante-dix. Parmi eux, on comptait aussi Pierre Jacquemon dont la sœur Edna expose actuellement à l'Orangerie du Parc de la Tête d'or. Grand amateur des puces du Tonkin, Grandjean ne se remit jamais de leur transfert à la Feyssine. Les éditions Choc Corridor avaient publié un petit ouvrage illustré par Marie-Thérèse Bourrat en 1996, où il revenait sur ses souvenirs. Il avait exposé à Paris chez Colette Allendy. Il avait une œuvre au MOMA à New York. De santé fragile, à juste raison misanthrope, il avait fini par nous quitter. Paix à son âme de juste, me direz-vous ? Eh bien non !… Plus attentif à se faire l'image d'un futur candidat aux élections présidentielles, Gégé la colombinette maladroite, et pas très bien à gauche, vient de troubler la paix éternelle de Raymond Grandjean. La Ville de Lyon voulant redorer sa politique des murs peints lui en avait commandé un, à très juste titre. Une œuvre magnifique dans la ligne de Paul Klee qu'il affectionnait particulièrement. D'un revers de la main, Gégé et Képé le néant ont balayé ce chef d'œuvre vers les oubliettes de l'Histoire de l'Art. En matière d'aventure des arts plastiques à Lyon, Gégé préfère les moutonsses déglingués qui déshonorent la place du Pont Mouton à Vaise qu'il fit paître à grands frais, défigurant à jamais ce site merveilleux où, je vécus mes plus tendres années.
Pourquoi tant de mépris pour la personnalité et l'œuvre d'un aussi remarquable artiste que Raymond Grandjean ? Ne demandez pas à Képé, comme dans beaucoup de domaines culturels, il ignore. Un démocrate ne sortirait pas grandi d'un tel acte de prédateur de l'Art Contemporain ? Mais Gégé ne serait-il pas un démocrate ? Lui qui est capable de virer quelqu'un comme Jean-François Lanneluc en quelques secondes ? Gégé et Sarkozy auraient-ils les mêmes pratiques ? Je demande des comptes à Gérard Collomb sur cette décision. Les Lyonnais et les Lyonnaises ont besoin de savoir quel sort on réserve dans cette ville aux artistes célèbres comme Raymond Grandjean ou moins connus, mais non moins dépourvus de talent et de savoir-faire. Coluche en aurait fait une blague. Collomb lave les murs de la Ville de Lyon plus blanc que blanc en détruisant une œuvre d'art. Ah, il est beau le socialisme, l'humanisme à la Gérard Collomb. Que fait la MAPRA contre cette sinistre décision? Mais, pour la mémoire de Raymond Grandjean, déjà bien assez tourmenté pendant son passage sur la terre, nous avons besoin de savoir ce qu'est devenue son œuvre. Que fera-t-on de la blancheur, du vide qui s'est autoritairement substitué à elle ? Raymond Grandjean pourra-t-il trouver le repos au Paradis des artistes, où il pique depuis quelques semaines une de ses colères mémorables qui firent une part de sa célébrité ? Quels sont les projets de Gégé et Képé ? Nous attendons, comme tout le monde des arts en Rhône-Alpes une rapide réponse.
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