Crâne reliquaire de Saint Fabien © Trésor de la basilique de Castro Verde

Par Agnès Guillaume

Le Musée d'Art religieux de Fourvière propose une plongée abyssale dans le patrimoine portugais. Calices, ostensoirs, diadèmes, peintures et sculptures sortent de l'anonymat et se prêtent au jeu de la lumière. La présence de la « cabeça-relicário de São Fabião » suscite l'émotion, même pour les plus incrédules.

Au Musée d'Art religieux de Fourvière, les expositions ne font pas toujours un grand tapage médiatique, mais heureux ceux qui montent la colline. Bernard Berthod, le conservateur concocte avec beaucoup d'esprit des voyages initiatiques dans l'univers fécond de l'art sacré. Après les ex-voto et l'immersion très réjouissante dans le monde des objets liés à la dévotion (Sacré Capharnaüm), il nous donne rendez-vous au sud du Portugal, dans la région de l'Ajentejo et notamment à Beja qui abrita les amours interdits entre une religieuse, Maria Alcoforado et un chevalier français, le Marquis de Charmilly. On est alors en 1669, un signe ! Cette région, peu connue pour son tourisme et c'est regrettable (vin, olives, soleil, océan Atlantique, hôtel design…), compte près de 500 églises qui regroupent plus de 2 500 objets religieux. Derrière les portes, vivent en catimini des trésors que le diocèse a décidés de porter à la vue du plus grand nombre. Ceux qui ont obtenu leur passeport pour Lyon, une centaine, ont dû jouer des coudes. À vous orfèvreries et peintures, sculptures et tissus… Si vous décidez de naviguer en solitaire, sans guide, permettez-moi de vous souffler deux ou trois petites informations glanées lors d'un voyage in situ. Cette exposition explique comment le Portugal s'est extériorisé dès le XVe siècle et notamment en direction du Brésil. Des voyages qui changeront la donne avec l'afflux de métal précieux à l'instar de l'or. De l'or encore et toujours pour la Vierge Marie. Bagues, colliers, boucles d'oreille et autres broches paraient de mille feux les statues… La présence chatoyante enfin, dans les sculptures en bois, du baroque portugais, joyeux, doré, tout en courbes… Et pour les plus pressés, une pause s'impose devant le reliquaire de São Fabião. Une pièce en argent du XIIIe siècle, en forme de tête, protège un morceau du crâne de ce Saint emblématique. Hormis sa qualité exceptionnelle de réalisation, ce trésor « maudit » doit son salut à son oubli dans une petite église de province. La légende fait état de phénomènes étranges ! On dit que de nombreuses personnes venaient lui chuchoter leurs maux physiques et moraux et que, du crâne, sortait un souffle guérisseur… Superstition ? Dévotion ? Gageons que, si la tête n'était pas sous verre, le musée connaîtrait rapidement un record d'affluence…

Jusqu'au 3 janvier 2010

Musée d'Art religieux de Fourvière

Fondation Fourvière

8, place de Fourvière 69005 Lyon

Tljs de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30 (fermé à Noël et jour de l'An)

Tél. 04 78 25 13 01

www.fourviere.org