Les délicieux nus de Jean Claverie

29 mai, 2009 | LES EXPOS | 0 commentaires

01 Par Alain Vollerin

 

Je pourrais vous dire que Jean-Henri Claverie fut élève de l'école des beaux-arts de Lyon où, on accepta son inscription le 7 septembre 1966, et qu'il demeurait alors, chez ses parents 1 rue Duclos, dans le cinquième arrondissement.

 

Il rejoignit Michel Granger, le Roannais, qui fait une carrière internationale, Gérard Bourgey, Vahé Muradian, Danielle Perge et Christiane Guillaubey. Dans sa promotion figurent : Marie-Hélène Vidon qui fut dans la branchitude pendant les années soixante-dix, Jean-Baptiste et Dominique Fusaro, les enfants de Jean Fusaro, alors professeur de peinture, Marc Demichelis, et Michelle Nickly qui deviendra son épouse. C'est dire l'importance de l'école des beaux-arts dans l'itinéraire de Jean Claverie. C'est là qu'il choisit définitivement le Dessin en suivant les cours de René Chancrin et de Robert Rolland. C'était avant la Révolution de 1968, si porteuse de promesses, et si riche en déceptions. Une passion pour le Dessin que certains voulurent sottement abolir. Tout était dans l'expression de l'Abstrait. On fit alors les plus méprisables tartouilles dans l'admiration de personnalités géniales qui étaient déjà au bout de leurs chemins : Pollock, Staël, Rothko, etc… A Lyon, on avait vingt ans de retard, au minimum, mais pas assez de scrupules pour être modestes. S'il était nécessaire d'écrire ces pages de l'Histoire des Arts Plastiques, le principe de la Tabula Rasa paraît plus que jamais ridicule. Pourquoi a-t-on tant détruit au nom d'un idéal ? Etait-il indispensable de tellement s'appauvrir, en ruinant les éléments utiles à la formation de ceux qui firent la renommée européenne de l'école, à partir de 1807 ? Jean et Michèle furent des témoins meurtris de cette période troublée, où, quelques-uns devenus aujourd'hui des notables de gauche, prirent en otage Jean Coquet, le directeur de l'école.

 

Plus tard, vers 1985, je revis Marie-Claude Jeune qui fut à la Drac l'apparatchik chargée d'appliquer la politique sectaire (aujourd'hui, en retraite. Ouf ! ) de Jack Lang, me dire : " Mais Alain, le Dessin, c'est fini. Désormais, c'est la vidéo !…" Comment peut-on être aussi bornée ? Les nouvelles générations sont très éloignées de ce genre de positions. Elles veulent vivre, produire, s'engager, et tout est bon pour progresser. Jean Claverie les connaît bien. Ayant quitté l'école des beaux-arts où, il fit une longue carrière dans la confiance et le respect de ses élèves. L'école a, comme vous le voyez, beaucoup compté dans le parcours de Jean Claverie. Il y fut une personnalité écoutée, et même parfois, un alibi pour certains directeurs, face aux errements des programmes officiels, comme Alain Roche, comme Gérard Gasquet. On pensait, puisqu'ils sont là, on ne peut pas nous reprocher de mépriser le Dessin. Jean Claverie enseigne encore à l'école Emile Cohl où, il apporte beaucoup de son expérience d'illustrateur de livres, de créateur d'images. Il a fait au plan international une carrière qui lui vaut l'intérêt de la jeunesse. Je pourrais vous dire, il y a une dizaine d'années, le retour du Dessin dans les écoles d'art, et une exposition magistrale à l'école des beaux-arts de Paris sacrant le retour de l'étude de la perspective, en pointant le pouce pour rendre les notions d'échelle. Et, dans un réflexe bien français qui veut qu'on lie le général au particulier, les élèves peignaient des pouces tendus, dressés à Paris, puis dans la province entière. Quand on a vu cela, on a compris la fin d'un système éducatif, la disparition définitive d'un savoir-faire et le déclin d'une société.

 

Pauvre Raphaël, malheureux Léonardo. Pendant toutes ces années d'inquisition la liberté était ailleurs, dans la détermination, dans l'œuvre d'artiste comme Jean Claverie. Voici pourquoi, il est invité, par la Galerie, à présenter ses Nus féminins, par un acte qui se veut militant. Oui ! Dessiner porte encore du sens. Depuis que je rencontre régulièrement Jean Claverie je suis ébahi par sa vitalité, son énergie. En le voyant, je pense à ceux qui comme lui eurent besoin d'affronter l'instant face au modèle pour piéger le mouvement, pour écrire cette beauté, parfois aux limites de ce que le regard peut soutenir sans être trop surpris, sans développer de l'inquiétude, de l'angoisse. Dessiner pour Jean Claverie, c'est lutter avec le temps, affronter et décrire la mort latente, inexorable, au-delà des trompeuses apparences de cette chair féminine luxuriante qu'il offre à nos regards aux frontières de l'impudeur. La complicité avec le modèle est indispensable, d'ailleurs son nom figure sur chacune des expériences abouties. Jean Claverie, personnage heureux, ignore la sérénité, peut-être parce que le choix du Dessin le place en position d'équilibriste entre convention et novation. C'est l'homme qui marche choisissant de dessiner son destin au quotidien, au fil du fusain, allant, revenant, se refusant des repentirs, acceptant ses échecs, souriant devant ses réussites. Et puis, il y a la musique et les copains, l'amitié, si importante pour déjouer les climats délétères du milieu de l'art.

 

Jusqu'au 20 Juin 2009

Galerie Nouvelle Echelle d'Or

124, rue de Sèze – Lyon 6e

09 71 27 99 42

Mardi au Vendredi de 15h à 19h

Samedi 10 h à 12 h et 15 h à 17h 30

 

 

1  Gilbert Pécoud, Dominique Saint-Pierre, Jean Claverie, Sébastien Duc, adjoint au maire du 3ème, Alain Vollerin et Danielle Lassia
 
2  Françoise Thievon, Jean-Marc Requien, Jean Claverie et son épouse Michelle
 
 

 

 

 

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