Par Alain Vollerin
Malgré le retour du froid dans cet hiver rigoureux qui n'en finit pas, de nombreux passionnés étaient venus pour cette première expérience d'exposition en galerie de la fougueuse Annick Morize.
« Au feu, les pompiers… » chantaient les enfants sages dans l'école maternelle de mon enfance. La seconde guerre mondiale du XXe siècle venait de s'achever. Nous en ignorions tous les effets et toutes les conséquences. Nous vivions heureux dans un monde en noir et en blanc qui sentait encore le Second Empire. Née dans un milieu bourgeois, une jeune fille s'étiolait. Elle étouffait. Elle se cachait sous la table du salon. Artiste devenue, elle serait révélée par un esprit éveillé, le critique d'art René Deroudille, alors dans sa maturité. Cette jeune fille enfermée à l'intérieur de sa cellule familiale, c'était Marie-Thérèse Bourrat qui compte parmi les artistes les plus passionnants vivants à Lyon. Les plis des rideaux blanchis par la lumière, le faisceau de la lampe dans sa chambre à coucher, etc… Chacun des objets inanimés qui l'entouraient exprimaient une âme emprisonnée. Voici, à quoi je pense devant l'œuvre souvent empourprée d'Annick Morize. L'une, comme l'autre sont des natures puissantes que rien ne peut arrêter. Une seule préoccupation : l'œuvre à produire. Elle hante chacune de leurs pensées. Comment vivre sans cela ? Chez Annick, nous sommes loin de la monotonie des passions de la bourgeoisie lyonnaise. L'Italie nous étreint, et nous emporte. Venise nous embarque. Non ! Pas sur une gondole, mais, dans un de ces palais princiers, où flotte le souvenir de fastueux instants. Tout devient baroque, mais, dans un délire déliquescent. Les fauteuils, les consoles, les lustres, les méridiennes, les tapis, les tapisseries allument leurs rameaux de feux. Tout s'embrase soudain dans des effets de pâtes. Mais pourquoi ? Que s'est-il passé dans le destin d'Annick Morize pour qu'elle éprouve le besoin d'incendier ce qu'elle adore. Elle, la petite fille de Montreuil, désormais arrimée en terre tassinoise. Même les miroirs s'enflamment pour nous dire ces lieux, où on entend une Barcarolle, ou Mozart, au milieu du salon. Qui acceptera encore de dîner ici ? Dans ce monde rêvé, plus virtuel qu'une image sur Internet… Si, elle parle à notre mémoire, la peinture d'Annick Morize ne correspond pas à un quotidien, au contraire, elle décrit un ailleurs. Inaccessible ? A votre avis ?…
Jusqu'au 25 mars 2010
Galerie Nouvelle Echelle d'Or
124, rue de Sèze – Lyon 6ème
09 71 27 99 42
Mardi – vendredi 15h à 19h
Samedi 14h à 17h
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