Par Alain Vollerin
Les collectionneurs et amateurs d'art lyonnais connaissent bien Jean-Marc Scanreigh qui, bien que né à Marrakech en 1950, occupa profondément le terroir local ces vingt dernières années. Il figure avec Jean-Philippe Aubanel, Patrice Giorda, Christian Lhopital, et Stéphane Braconnier parmi les valeurs de ces années-là. Comme Hilary Dymond et Aubanel, Scanreigh occupa longtemps à Villefranche-sur-Saône, un atelier mis à disposition dans le sous-sol de son usine par l'industriel et collectionneur Gilles Blanckaert.
Scanreigh est un idéaliste dont l'œuvre abondante est inspirée par Picasso, Chaissac et Simon Hantaï qui vient de mourir. Rassurez-vous, Jean-Marc Scanreigh n'y est pour rien. La galerie ArtScénik à la programmation aléatoire a fait cette fois-ci le bon choix. Scanreigh est un physique. Il agit. Il bouge. Il marche. Il entreprend. Il produit beaucoup, un peu comme Antoine Chartres, un des pères de la Modernité lyonnaise qui avait besoin de peindre une à deux toiles par jour dans ses meilleures années, et donc, il expose beaucoup, à Paris, à Manille, à Salonique, à Saint-Etienne, à Gravelines, à Bordeaux au musée de l'imprimerie, à Vienne ( Isère ), à Taïwan, etc. Nous nous souvenons avec émotion de sa longue marche avec notre amie Françoise Moulin. Comment ne pas citer notre camarade François-Jérôme Finas-Audin animateur de la galerie l'Antilope ou Scanreigh fit ses vrais faux adieux à la cité lyonnaise ? Mais, Scanreigh ne part jamais, il ne fait que des allers et retours. Il n'a pas toujours été très exigeant sur la qualité du lieu. L'essentiel est de montrer, de démontrer. Vous verrez notamment une œuvre superbe de très grand format, car Scanreigh aime les défis. Scanreigh choisit de franchir les barrières, de braver les interdits et les principes. Les règles, il n'aime pas cela. Il n'hésite pas à provoquer la polémique, comme il le fit avec Maxou Schoendorff à propos de l'administration de l'Urdla. Esthète et homme de conviction, Bernard Pelazzo qui fit une partie de sa carrière dans la communication défend son œuvre ardemment. Il vient de produire un livre " Pour un Scanreigh historié" dont la préface est signée de Jacques Jouet, membre de l'Oulipo, association irrévérencieuse inspirée par le Surréalisme, que nous entendions sur France Culture. Scanreigh fut professeur à l'école des beaux-arts de Saint-Etienne, puis de Besançon. Fut-il apprécié par ses élèves ? Je n'en doute pas parce que la pédagogie occupe une place déterminante dans son cheminement humain. Scanreigh aime le contact, la rencontre. Nous apprécions en Scanreigh sa démesure, son aptitude à embraser et à embrasser le monde. L'étreinte d'un Scanreigh est telle fatale ? Françoise Biver, son épouse, a survécu. Alors ? On peut parler d'un "cas Scanreigh". Car, il peut être silencieux, presque enfermé dans le mutisme, et tout à coup bavard et fort disert. Nous aimons en lui sa différence, son engagement, même s'il a selon notre avis le tort de régler ses comptes avec Thierry Raspail, le conservateur du Mac de Lyon et responsable de la Biennale d'Art Contemporain. Maintenant, Scanreigh habite à Nîmes, place du Château, en face du domicile de notre ami Claude Viallat. Pas de doute, Scanreigh sera l'année prochaine le roi de la Féria, et historié par les musées de la capitale gardoise. Il le mérite, incontestablement.
Galerie ArtScénik
13, rue des Capucins – Lyon 1er
Métro Hôtel-de-Ville ou Croix-Paquet
04 78 60 07 65
Contact : eh.ask@artscenik.com
Jusqu'au 1er Octobre
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