Thérèse Contestin et Louise Hornung à jamais réunies

9 février, 2010 | LES EXPOS | 0 commentaires

hornung-contestin Dr Vincent Banssillon, président des amis de la Fondation, Arlette Dissard, Jean-Jacques Renaud, président de la Fondation, Alice Gaillard, Rino Maccacaro, Charles Gourdin et Suzy Ortis

 

Par Alain Vollerin

 

Par la volonté de l'association des amis de la Fondation Renaud présidée par le Dr Banssillon. Thérèse Contestin vient de nous quitter le 19 Janvier dernier. Elle a fait don de toute sa production qui est importante à la Fondation Renaud rejoignant Joannès Veimberg, Jean Martin, etc. 

 

Elle était née, comme son amie Louise Hornung en 1924. Elles firent connaissance dans les services de la Poste où toutes deux travaillaient. Thérèse fut une ardente militante syndicale. Louise Hornung décédée en 1982 incarna ce qu'il y avait de meilleur à Lyon dans le domaine de l'Abstraction. Notre regretté ami, le critique d'art René Deroudille fut son fidèle soutien. Les amateurs de peinture abstraite retrouveront dans ses œuvres les meilleurs effets du Nuagisme, ainsi qu'un paysagisme proche de celui de Zao Wou-Ki, et l'écriture d'Henri Michaux. Louise Hornung prenait des notes dans le train, cueillant ainsi à grande vitesse des traits, des signes, une écriture, un vocabulaire. Comment ne pas penser à Edgar Degas qui, se rendant en chemin de fer en Bourgogne avec le sculpteur Bartholomé, prit des notes qui donnèrent naissance à la fin de sa vie à une période nommée " les états d'yeux " ? Il disait : "On voit comme on veut voir ; c'est faux ; et cette fausseté constitue l'art". Incontestablement Louise Hornung n'occupe pas dans la Cité la position que son œuvre mérite. Quel dommage ! Que fait Mme Ramond qui nous donne au musée des Beaux-arts des leçons de Modernité ? Plusieurs fois hospitalisée pour des absences qui l'amenaient à errer au fil des rues, Thérèse Contestin était un véritable tenant de l'Art Brut. Le caractère très affirmé de sa mère l'avait amenée à douter de sa personnalité. C'est dans les vingt-cinq dernières années que les recherches de Thérèse Contestin furent révélées au monde de l'Art. Elle fut, comme Maxime Signaire, élève d'Antoine Pochet, peintre admirateur de Pierre Combet-Descombes, aujourd'hui totalement oublié. Thérèse fut au milieu des années soixante accueillie par le peintre René Maria Burlet qui défendait les thèses d'Albert Gleizes et professait dans son atelier de la rue Saint-Georges, tout en organisant chaque année une exposition dans l'église voisine. Hors du monde commun, Thérèse n'accepta de montrer son travail qu'à partir de 1963. Elle faisait alors partie du Salon Regain avant de rejoindre en 1986 le Salon du Sud-Est. Cette année-là, elle exposa à la galerie Poisson d'Or, célèbre à cette époque.

 

La réputation de Thérèse Contestin ne dépassait guère les frontières de la ville, lorsque je réussis à convaincre Caroline Bourbonnais d'acquérir quelques pièces pour les exposer dans l'incroyable Fabuloserie à Dicy dans l'Yonne. C'est dans cette période de sa vie que Thérèse Contestin produisit le meilleur de ses compositions, laissant libre cours à son imagination enrichie de la moindre de ses expériences. Ainsi, pendant ses nombreux voyages, elle fut émerveillée par les paquebots lourds de leurs containers. Elle fut fascinée par le pouvoir de la carte d'identité. L'univers d'Alfred Jarry et son tonitruant héros en firent une véritable Pénélope chez le Père Ubu. Elle admirait Léonard de Vinci, Piranèse (on le sent bien dans les compositions qu'elle exposait à la galerie Malaval, et dans toutes celles qui figurent ici.) mais aussi Pablo Picasso, Francis Bacon, et Pierre Alechinsky. Pour son œuvre, elle avait tout inventé : son support aux curieuses architectures qui empruntent souvent aux triptyques et aux prédelles, ses outils, son usage de l'encre et de la couleur toujours retenue, son respect du blanc sublimé. A ses yeux, la carte à gratter avait un certain prestige. Elle n'était pas effarouchée par les grands formats. Un temps, elle avait découvert la terre. Elle allait cuire de petits personnages sorte de lutins frénétiques. La décision d'Anne-Marie Martin de l'exposer à la galerie fut pour Thérèse une promotion, un droit de cité dans notre ville. En 1996, je l'intégrais au Fort de Vaise dans une exposition manifeste intitulée " Lyon ville secrète – Cité refuge des singuliers de l'Art ". Elle fut alors repérée par Charles Gourdin, alors adjoint à la Culture de Villeurbanne qui décida de lui rendre l'hommage qu'elle méritait à l'Hôtel de Ville, d'octobre à décembre 2000. La même année, les éditions Mémoire des Arts lui rendirent dans un beau livre la place qu'elle méritait dans le monde des arts plastiques à Lyon. Son titre "la Femme Labyrinthe" traduisait justement cet itinéraire composé de doutes, de grandes avancées et d'inquiétants silences. Il faudra encore du temps pour que son monde s'ouvre complètement à nos yeux trop souvent incrédules. Je la revois, si heureuse, lorsqu'elle venait de faire une découverte. Elle était alors épanouie et très volubile. Elle avait tant lutté pour démontrer la vérité de son talent. Jean-Jacques Renaud et la Fondation éponyme désormais dépositaires de ses œuvres devront beaucoup entreprendre pour donner à reconnaître ce parcours inédit, hors des frontières de notre cité.

 

Jusqu'au 28 février 2010

Fondation Renaud

25-27, bd Antoine de Saint-Exupéry – Lyon 9ème

04 78 47 10 82

Bus 45 – arrêt les carriers

 

 

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