Texte : Morgan Couturier – Depuis plus de trois ans, le MOF lyonnais,
Georges Berger anime le Mariano Moreno Academic Institute avec ses cours de pâtisserie. À 73 ans, le gastronome entretient ainsi le plaisir, après avoir tenu tour à tour une boulangerie et un restaurant.
La passion ne s’explique pas, dira-t-on, elle se vit, qu’importent la forme et les âges. Et plus encore, à écouter Guy de Maupassant, lorsque la seule passion « respectable paraît être la gourmandise ». L’homme peinant à résister aux bonnes choses, Georges Berger n’échappe pas à la règle.
Voilà près de 60 ans que le Lyonnais nourrit un amour profond pour la cuisine, après avoir intégré à tout juste 13 ans, le syndicat des pâtissiers, rue du Plat. Un autre temps. Une autre époque. Depuis trois ans, le pâtissier se signale différemment, niché au 2135 Coral Way, sous une peu commune tunique de professeur. À sa charge, près de 180 élèves, divisés par classes de vingt, elles- mêmes découpées en groupe de quatre.
« On met un leader dans chaque groupe, pour que les timides ne restent pas à l’arrière. Tout le monde doit arriver à un bon niveau. C’est une école très sérieuse. On leur apprend comme si c’était un vrai restaurant », avance l’intéressé, à propos d’un Mariano Moreno Academic Institute, dont l’enseignement est dupliqué en Colombie, en Argentine et au Mexique.
Une motivation pour Georges Berger, ravi de partager son expérience, après avoir longuement arpenté le globe, de Hong-Kong jusqu’à l’Egypte, en passant par Londres et le Japon. Le septuagénaire vaguait d’ailleurs à d’autres occupations, lorsque celui-ci trouva le chemin de l’Institut.
« J’ai enseigné toute ma vie et formé plein d’apprentis »
« Je passais devant les locaux. Je suis quelqu’un d’assez humble, alors je n’ai pas dit que j’étais MOF (depuis 1979, nldr). Ils m’ont fait faire un test, avec la réalisation d’une tarte. À l’issue de celui-ci, on m’a demandé si je pouvais donner des cours, que j’enseigne en anglais et en espagnol », explique le vice-président de la Chambre des Métiers de Floride. Une belle reconversion et une belle revanche sur la vie pour cet homme au parcours semé d’embûches depuis son arrivée à Miami en 1997. Car si le pâtissier est tombé sous le charme de la ville et de sa folle progression en deux décennies, Georges Berger aura également découvert la complexité d’ouvrir un commerce en Floride.
À commencer par Croc en Bouche, sa première enseigne de pâtisseries, vendues en gros aux restaurants et hôtels à son arrivée. « Ça n’a pas mis longtemps à marcher. Hélas, je ne savais pas comment ça se passait ici et je me suis fait escroquer par mes associés », relate-t-il à regret. Reste que le médaillé de l’ordre du mérite en 2022, a de la ressource. Et de l’imagination à revendre, au point de rebondir prestement, au début des années 2000, au fil d’une boutique nommée Chocolate Fashion.
« Les gens ont vu de la qualité. J’ai fait ce que j’aimais et ce que les clients désiraient. Il faut être habile et ménager la chèvre et le chou. J’avais trois magasins et près de 60 employés. J’ai donc fait des galettes des rois, proposé mes croissants, mes pains au chocolat, puis des bûches de Noël, alors que les gens n’en mangeaient pas ici. Les chocolats se vendent énormément à Miami, en dépit de la chaleur », avance Georges Berger, comblé par cette aventure de 18 ans.
Seulement, toutes les bonnes choses semblent avoir une fin pour l’ex-meilleur apprenti de la région Rhône- Alpes. Contraint d’abandonner cette enseigne à succès à son ex-femme, le Lyonnais dut à nouveau repartir de zéro, en aménageant en 2018, un restaurant baptisé Mirabelle. « J’ai fait ce que j’aimais avec ma cuisine. Je voulais connaître cette aventure d’avoir mon propre restaurant. On était plein le midi », valide l’actuel International Academic Director.
Un succès de courte durée toutefois, la pandémie venant interrompre cette idylle. « On payait 11 000$ par mois de loyer. Après deux mois de fermeture, je ne pouvais pas rester comme cela. J’ai donc décidé de fermer », déplore-t-il, sans jamais sombrer dans la déprime. Outre les cours, Georges Berger enseigne ainsi ces valeurs sacrées : « la vie, c’est comme ça, il faut toujours regarder devant. L’important, c’est d’être heureux » !
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