Lyon. La réouverture du Azar Club a un goût amer

6 mai, 2022 | Activités à Lyon, Loisirs, LYON LA NUIT | 1 commentaire

Texte : Marco Polisson – Après un mois de fermeture administrative, la célèbre discothèque de Lyon Confluence a de nouveau pu monter le son et faire briller son dancefloor le week-end dernier. Mais les gérants de l’établissement ne comptent pas en rester là.

L’heure est au soulagement pour les gérants du Azar Club qui ont pu accueillir de nouveau leur clientèle festive jeudi 28, vendredi 29 et samedi 30 avril 2022, sans incidents. Une réouverture longuement réfléchie et accompagnée d’un nouveau protocole sécurité (avec fouille des sacs à l’entrée) pour que la fête se déroule dans les meilleures conditions.

Néanmoins, l’incompréhension et la colère demeurent quant aux motifs et au contenu de l’arrêté préfectoral tombé comme un couperet le 18 mars 2022 et ordonnant la fermeture administrative de l’établissement du 52, quai Rambaud. Pourquoi le préfet du Rhône a-t-il eu la main si lourde envers les patrons et les salariés du Azar Club ? Après enquête, le mystère demeure. On vous explique pourquoi.

Va-t-il falloir mettre un agent de sécurité derrière chaque fêtard ?

L’arrêté – signé du préfet délégué à la sécurité Ivan Bouchier – que nous avons pu consulter, se présente en effet de façon très sommaire comme un inventaire à la Prévert, compilant des incidents intervenus entre le 4 septembre 2021 et le 26 novembre 2021 aux abords de la discothèque, mais ne mettant en cause qu’à une seule reprise ses agents de sécurité.

C’est ainsi qu’on reproche aux gérants de l’établissement qui accueille chaque soir plusieurs milliers de noctambules considérés comme responsables de leurs affaires et de leurs agissements « des vols de montres » (avéré faux), « des bagarres entre clients et personnes de l’extérieur », ou encore le fait qu’en septembre 2021, un véhicule avec chauffeur ait pris en charge une cliente en état d’ivresse et que « cette dernière ait vomi dans la voiture et porté des coups au chauffeur ! »

Ça vous fait sans doute marrer, mais il en résulte néanmoins qu’avec ce type de reproches on peut faire fermer un établissement et mettre au chômage 40 salariés.

La Confluence by night, zone de non droit ?

Or il s’avère que ces faits déplorables sont avant tout la conséquence du laxisme de la municipalité verte de l’éphé(maire) Grégory Doucet et de son adjoint à la sécurité (sic) Mohamed Chichi qui, durant le confinement, ont laissé la Confluence se transformer en plateforme de deal et de violence, et en circuit de rodéos sauvages. « Au point qu’avec les autres professionnels de la nuit, nous réfléchissons à nous monter en collectif pour nous protéger et protéger nos clients » évoque Benjamin Lavorel, le patron du Azar.

Le préjudice se chiffre à 130 000 euros par semaine de fermeture

Vous pouvez sortir vos calculettes. A raison de 130 000 euros de manque à gagner par semaine, c’est la somme de 520 000 euros qui va manquer dans les caisses du club qui sort de deux années covid extrêmement compliquées, comme vous pouvez l’imaginer. Et nous ne parlons là que du préjudice économique auquel Maitre David Metaxas compte rajouter « le déficit d’image ».

« C’est kafkaïen, on oppose à mon client des procédures judiciaires auxquelles il n’a pas accès ! » souligne l’avocat stéphanois (lol) qui s’apprête à déposer un recours gracieux devant le tribunal administratif pour obtenir l’annulation de l’arrêté de fermeture et des dommages et intérêts concernant les pertes d’exploitation.

Le préfet n’a-t-il pas été un peu vite en besogne ?

A cette question, David Metaxas répond par la positive : « En dépit du principe du contradictoire et des obligations légales s’imposant aux services préfectoraux, le Azar Club n’a fait l’objet d’aucun avertissement préalable sur le risque de sanction pesant à son encontre ! » souligne l’avocat en s’appuyant sur l’article L3332-15 du code de la santé publique.

« Si cette obligation légale d’avertissement avait été respectée, il est évident que le Azar Club aurait immédiatement pris toutes mesures utiles et porté une attention particulière aux observations des services de Police et de Préfecture. D’autant que dès les premiers incidents, la direction du Azar a pris de nombreuses mesures pour améliorer la sécurité de ses clients. On vous les détaille ci-dessous :

– mise en place de système gratuit de « Drink Watch » (aux fins de détecter la présence d’intrusion dans les verres) ;
– changement de prestataire s’agissant de son équipe de sécurité ;
– mise en place d’un agent dédié à la médiation avec la clientèle ;
– nouvelles améliorations des systèmes de vidéo-surveillance ;
– affectation d’un budget de 900.000€ par an à la sécurité de l’établissement.

C’est la justice administrative qui tranchera

Et l’avocat de contester, point par point, l’ensemble des faits reprochés, arguant qu’il « apparait totalement injustifié que la discothèque subisse les conséquences d’incidents individuels et de l’insécurité générale constatée unanimement sur la zone de Confluence. Le Azar Club ne peut être tenu pour responsable du comportement de ses clients dans les heures qui suivent leur passage, et dans un tout autre lieu et pour des faits totalement étrangers à l’activité de l’établissement. »

Du bon sens à l’état brut. Sortira-t-il gagnant de la confrontation judiciaire qui s’annonce ? Réponse dans les prochaines semaines. Rappelons, en conclusion, que durant les deux derniers mandats de Gérard Collomb, une commission « préventive » siégeait de façon régulière pour anticiper et désamorcer ces fermetures administratives. Une sorte de sas de décompression où les représentants de la profession (notamment du syndicat UMIH) pouvaient échanger avec les officiers de police, l’adjoint à la sécurité du maire de Lyon et le représentant du préfet. Quid de cette commission ? Aux toilettes vertes !

<a href="https://www.lyonpeople.com/author/marco" target="_self">Marco Polisson</a>

Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

1 Commentaire

  1. Cedat

    La ville de Lyon est devenue fossoyeuse de la convivialité, avec la complicité de la préfecture. elle élimine le bien vivre ensemble.
    Elle s’attaque aux terrasses, qui sont je le rappelle « le jardin des citadins ». Avec la volonté de les faire fermer à 22h30…
    À Lyon l’administration n’aime pas la réussite des établissements connu. Ne sachant pas traiter ses problèmes d’insécurité, elle masque son incompétence en s’acharnant sur des lieu très visible.
    Pourquoi ne ferait il pas cela tant le secteur reste impassible et soumis.
    J’invite mes confrères à arrêter de se comporter comme des « eunuques », de laisser de côté leurs amertumes et de se réunir afin de faire cesser cet acharnement permanent.
    Christophe CEDAT Cafe203

    Réponse

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