Alessandra Sublet
:
la petite graine de Lyon qui monte !
Photos
© Jean-Luc Mège et DR
Par Nadine Fageol
Un minois, de l'allure, de
l'assurance et beaucoup de distance. La journaliste lyonnaise baroudeuse et
passionnée se stabilise sur M6 comme animatrice. Révélation.
Paris, Trocadéro, recherche jeune animatrice avec chien et
photographe désespérément. Non ce n'est pas vrai parce que sur le « Troca »
c'est la fête au numérique, du touriste nonchalant avec appareil ; me voilà
promue photographe pour amoureux ! Enfin sort du lot une Alessandra emmitouflée
de lainages, un ouistiti de chien et le photographe quasi hilare. Tu parles, il
vient de petit-déjeuner avec la miss. On la découvre autrement, singulièrement
plus jolie que lors de la soirée de la Griffe lyonnaise (voir
reportage) où un incident de
coulisse avait transformé son décolleté en cuirasse, genre pub pour bijoux Garel !
À se demander si la poudre bronzante est comestible ; imaginez le mec qui
embrasse Alexandra (son vrai prénom) se retrouvant la langue toute dorée, fort
pris au dépourvu... Cette fille réserve décidemment bien des surprises, vous colle
deux bises, vous examine de la tête au pied et décrète : « Qu'est ce que tu
traînes à Lyon quand ta place est à Paris ? ». Celle là, je ne l'ai point
vue venir. Ainsi donc l'animatrice lyonnaise, valeur montante de la petite
chaîne démontée, s'intéresse à autrui avant même d'avoir nourri mon cahier. Rare
comportement. De cet altruisme que l'on rencontre chez les grands, ceux qui
observent tout en répondant aux questions. Celui d'un Bocuse qui lors d'un
premier entretien s'enquiert, « Qui êtes-vous, d'où venez-vous ? ».
Progressivement on découvre la personne derrière le schéma
caricatural de l'animatrice bling-bling. Déjà elle échappe au standard du genre,
une épaisse chevelure châtain, un visage anguleux flanqué de grands yeux
noisette et d'un sourire terriblement vivace. Pas de gloss, ni de rouge, de son
sac, elle sort fréquemment un énorme tube de baume à lèvres. En filant retrouver
son gang d'attaches, sa sur Romy la musicienne, Carole et
Stéphanie les amies lyonnaises devenues parisiennes, elle parle tout à trac
du milieu. Des premières chroniques déplaisantes à son égard, parfaitement
digérées. Si elle a remis Difool à sa place, elle souligne explicitement,
« Paris est plein de journalistes qui aimeraient faire de l'antenne et dans
nos métiers si tu écoutes le regard des autres tu es perdu. Je ne serais pas
restée à Paris si je ne m'y épanouissais pas ». Comme le lui a dit PPDA
la veille, « alors tu as choisi ton camp ». Oui. D'autant qu'elle sait
que basculer du journalisme à l'animation est sans retour pour une fille. Les
médias sont cruels qui n'aiment que les jolies demoiselles et tolèrent les
dinosaures uniquement grands « audimatiens ». Jamais elle n'atteindra les
sommets d'un Drucker capable de passer dans le cur de la ménagère du
statut de gendre à celui de grand-père idéal.
Altruiste mais encore lucide, Alessandra ne s'est jamais
vraiment sentie à sa place. Elle se souvient comme d'un choc, l'année de ses
quinze ans, du déménagement de Feyzin à Lyon. Banlieusarde à Lyonnaise,
changement de vie radical. Un patronyme connu sur la place publique, des parents
vendeurs de véhicules de loisirs. « J'ai été élevée avec de vraies valeurs
dans un univers atypique ». Son nom de famille est régulièrement dans la
presse au rayon encarts publicitaires. Un de ses amis Marc Olivier Desmolles évoque
encore le fameux slogan « C'est la fête chez Sublet ! », refrain propice
à toutes les rigolades. Alexandra, elle se remémore des rallyes d'un mortel
ennui. L'alcool méthodique source d'amusement or elle ne boit pas ! À
l'exception de dix ans de danse chez Astier dont elle a gardé une certaine
culture sportive, elle n'a jamais adhéré à grand chose. Six mois de Fac le temps
de comprendre que sa vie est ailleurs. Partir. Faire de l'humanitaire en Afrique
du Sud. Revenir, journaliste sur Nostalgie Lyon. MTV à New York,
Radio Nova, Match TV... Où qu'elle aille, cette quasi autodidacte
trouve chaussure à son pied, et la journaliste baroudeuse de devenir
l'animatrice dans l'air du temps.
Le ravissant minois cache en fait une incroyable capacité
d'adaptation. Producteur de « Combien ça coûte », Dechavanne en quête
d'une chroniqueuse lui met le pied à l'étrier des médias nationaux. Canal
Plus l'enlève histoire de ponctuer la Matinale de ses « Bon plans » et autre
« Quoi de neuf ». Départ de Benjamin Castaldi, Virginie Effira en
vacance d'animation pour cause de tournage, une troisième tête en congés
maternité... M6 qui a besoin de sang neuf la sort de la maternité de
Canal + pour lui faire goûter de la chaîne populaire à vocation
« rééducative » : reprise en main des enfants rois, javellisation des logis de
cochons dénoncés par leur entourage... Elle se fait la main sur « Incroyable
talent », version moderne de la foire du Trône, dont elle défend mordicus de
louables intentions de révélateur. Les 19-25 ans s'habituent à son visage le
samedi vers 20H05 avec « Classé Confidentiel » où elle goûte à la micro
interview de people. Mais elle parle beaucoup du tournage en province passé à
dresser le portrait de jeunes agriculteurs parés à gratter au grand jeu de
l'amour avec deux oiselles de leur choix... Trois semaines sur les routes de
France, « une aventure humaine formidable », sans maquillage ni fringue,
plaide la jeune femme peu concernée par les questions de shopping. Dans ce
registre, elle a eu la bonne idée de s'en remettre à une connaissance qui
l'habille de Missoni, marque florentine de maille tout sauf clinque !
Passionnée manifestement dépourvue d'avidité, Alessandra Sublet a le chic et
semble aguerrie à zapper avec les embûches du paf. Elle va jusqu'à dire, « il
existe chez M6, une forme d'humanité que je n'ai pas forcément ressentie
ailleurs. Il y a peu de chaînes qui auraient misé sur une petite nana pas connue ».
Contre toute attente, force est de constater que Mademoiselle Sublet forme un
joli grain de beauté dans l'écran plat. Et si c'était là révélation, qu'une
jolie jeune fille peut posséder la dose de recul suffisante pour faire son trou
mais à bien y réfléchir, on la retrouvera un jour ailleurs !
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