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02 mai 2006


 Victoria Hall, All Edouard

 

 Photos © Jean-Luc Mège
 

Par Nadine Fageol

 

Restaurateur faiseur de concept, type resto décalé excentré. S'est fait la main à St Barth époque île authentique refuge de stars, a consolidé à Miami avec le Café Milano. Aujourd'hui, il passe 15 heures par jour au Victoria Hall, hôtel particulier pour haltes trendy.



 

Édouard Keguny, 40 ans, tout de noir vêtu, de la prestance et de la niaque pour ne pas dire rage quand il flingue 20 minutes durant par portable interposé un fournisseur trépané de la notion service après-vente. Keguny a prévenu que ça finirait mal ; une semaine plus tard le tribunal départage au profit d'Édouard. Nous aussi, on revient quelques jours plus tard, parce que de l'Édouard énervé ça ne vaut pas tripette en interview. Cette fois, l'homme est plus affable. Hors moment de service, la salle du bar devient son bureau. Il en a un autre très joli dans la soupente du Victoria Hall. Portant ruisselant de chemises griffées, série de boutons de manchettes sur la table, divers parfums et autant de paires de chaussures, ce bureau est un dressing qui en dit long sur son rythme de vie et son organisation. Il aime être en bas, assis à une table à deux pas des cuisines où il gouverne d'une main de fer dans un gant de velours aux destinées du Victoria Hall.



 

Son nouvel opus, il en rêvait mais ce n'était pas gagné. À l'angle des rues Garibaldi - du Repos, l'hôtel particulier 1800 et ses hangars étaient voués à la casse pour de l'immeuble dortoir neuf. Keguny est allé ferrailler le bout de gras avec le conseil municipal argumentant sur le fabuleux potentiel à tirer du site. Contre toute attente il emporte la mise, et appelle Jérôme Berbotino, son ami architecte à la rescousse. Mais attention, la déco c'est Keguny, qui s'inspire des music-halls américains logés dans de splendides bâtisses néo gothiques. Couleurs neutres, matières chaudes, un esprit contemporain chic pour un lieu très spacieux dont le large escalier mène à un immense salon départagé par une floraison de canapés et fauteuils. Le bar se fait discret, les cheminées évoquent la magnifique ligne de flammes imaginée par Raymond Morel pour le Murano à Paris. C'est bien simple, ici on pourrait se croire dans un élégant chez soi, d'ailleurs direction et joueurs de l'OL, le maire et son challenger, les entreprises l'ont adopté, les cadres sup s'y concertent l'après midi, et les stars de passage (Gad Elmaleh, Franck Dubosc...) s'y détendent après leur show. Les filles en raffolent pour leur dîner pioupiou rien qu'entre elles. Les femmes, un signe de bonne santé pour un établissement, « si elles répondent présent, ça veut dire que l'endroit est propre, sain, sécurisé et que l'on s'y sent bien ».



 

« Kenegy » a le sens des affaires, de la méthode issue de sa vie américaine pourtant oh combien délurée. C'est par le truchement de son parrain qu'il découvre le monde de la nuit, l'ambiance du Gold Shaft le grise littéralement. Passée l'école hôtelière, il reprend la Trattoria quai Romain Rolland, une affaire de famille qui aurait pu le combler seulement le jeunot est affamé de nouveauté. Alors il part en saisons, St Trop au Club 55 le jour, chez Nano le soir. Saint Barth l'hiver, Saint Trop l'été et Saint Barth pour neuf ans ! Quatre hôtels, cinq à six restaurants, de la star américaine qui débarque en petit comité par yacht. Kenegy se charge de dresser le comité de réception. Ça commence par un bar à vin dans une case créole, la star aime le vin, kenegy remarque que le dollar explose. Poum, dix dollars le verre. C'est parti, arrivent De Niro, Al Pacino, Georges Mickael... Edouard leur mitonne Côté Jardin, un p'tit resto à croquer juste à côté du bar à vin, le concept de la soirée en plusieurs actes est né. Même si on vit en maillot de bain au paradis, il faut renouveler l'offre car la star peut à tout instant virer de bord. Edouard installe un restaurant Escale en direct live sur le port de Gustavia. « Un truc de fou », 300 m2, un four à bois commandé en Europe qui fait s'esclaffer les vieux du coin. C'est juste que l'Edouard a un peu oublié qu'il n'y a pas de bois sur l'île ! Les ancêtres qui ont oublié d'être bête, lui livrent des tonnes de noix de coco qui se révèlent un merveilleux combustible.

Déco années 50, trois ans plus tard, il ouvre le Bar Américain squatté par Demarchelier, Marco Glaviano, Herb Ribbs, la crème des photographes de mode et leurs créatures de rêves, Linda Evangelista et Stéphanie Seymour en tête. Bref, de quoi faire sombrer dans la folie douce jusqu'à l'humain le plus réticent. Heureusement l'Edouard pêche au gros ; dans son filet un jour de séminaire CBS, la belle Odile... qui revient et s'installe. Démarche salutaire. Ensemble ils filent sur New York, à l'évidence en nocturne la grosse pomme est effrayante à digérer. Trop risqué, bifurcation sur Miami où Edouard trouve ses repères et explose avec le Café Milano à tel point que la réussite du frenchy est filmée par Capital et Ardisson. « Évidemment les gens s'imaginent toutes sortes de choses quand ils savent que vous vivez un truc pareil ». N'empêche qu'Odile veille et souhaite rentrer, Edouard renâcle, mais comprend qu'avec l'expérience acquise il y a matière à faire quelque chose à Lyon. En 1999, il plante le Caffé Milano, un tantinet chicos, au beau milieu de la rue de l'Université entre terrains de sport, lycée et immeuble minables. Il y a de l'espace, un vieil arbre illumine la terrasse et dedans toujours une coupette pour les copains qui affluent d'autant que la tambouille tient la route. Avec son sourire d'américan performer, il décrète tout d'un coup que la meilleure pizza de Lyon reste celle de Carlo. Asticotez-le sur sa table et alors séance tenante il vous sert de la transparence toute américaine, visite guidée derechef des cuisines, des toilettes qui sentent bon, des chambres froides propres comme un sou neuf et l'on remonte jusqu'aux secrétaires dans les soupentes effectivement plus jolies qu'une chambre de bonne. Une chose est certaine, ce Croix-roussien qui a usé ses culottes à Saint Bruno, St Louis, aux Chartreux, a été a bonne école, déjanté niveau ambiance certes mais instructive quant à l'art de distraire la jet-set. Reste un mec sage qui parfois s'en va parler mode de réussite au lycée du coin et met un point d'honneur à protéger les siens.
 


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A suivre, Le Barthologue de Florian Maurice

 

Victoria Hall
 

 

 

 

 


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