La double vie de Caroline Collomb
De
notre correspondante France Lor
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Photos
David Vincent
Gérard
Collomb a
bien de la chance. Non seulement sa jeune épouse est craquante mais, bardée
de diplômes, elle se destine à une carrière brillante dans les hautes
sphères de l'Etat. Portrait d'une étudiante toute simple, première dame
de la ville.
Petit
elfe blond, Caroline Collomb me reçoit pieds nus, en jeans et
pull. Seule une touche de rouge à lèvres nacré rehausse la clarté de
son teint et de ses yeux bleu-verts, immenses. Caroline, c'est la fraîcheur
et la vivacité, l'intelligence du regard, la vulnérabilité devinée
sous son côté crâneur, le courage d'affronter à 25 ans le destin
qu'elle s'est choisi par amour d'un métier : la politique et d'un homme :
Gérard Collomb.
"Je
me suis toujours passionnée pour la politique mais ce qui m'intéresse
c'est de la voir fonctionner de l'intérieur". Son ambition :
travailler dans un ministère. Pour ce, la jeune femme, qui achève un DEA
sur le parti socialiste marocain à Sciences-Po Paris, s'apprête
à intégrer la prépa ENA à la rentrée prochaine. Ajoutons qu'elle
parle 5 langues étrangères : allemand, anglais, arabe, espagnol et
italien. Parcours sans faute.
Comment
cette étudiante prometteuse a-t-elle craqué pour le leader de la gauche
lyonnaise à l'avenir encore incertain et de 28 ans son aîné ? « Je
l'ai rencontré lorsque je préparais ma maîtrise d'histoire à Lyon II
sur l'évolution du parti socialiste »,explique-t-elle. Elle
arrivait alors de Ferney-Voltaire, sa ville natale. Coup de foudre ? Pas
du tout. Elle l'a trouvé antipathique. Et puis... Il l'a fait rire.
Imparable. « J'ai découvert
qu'il avait le cynisme drôle ». Rire, complicité, tendresse,
leur idylle est allée très vite puisqu'ils vivent ensemble depuis 4
ans...
« Les
hommes politiques ont un pouvoir de séduction très fort »,
ajoute-t-elle. Et de donner l'exemple de Dominique Strauss-Khan, qui
captive complètement son jeune auditoire de Sciences-Po malgré sa
laideur et ses « casseroles ». Mais son préféré est sans
conteste François Mitterand : « il a fait de sa vie un destin » et parmi les femmes, Elisabeth
Guigou dont elle apprécie l'intelligence. Et n'allez pas lui dire que
les femmes ne font pas la politique comme les hommes « c'est parce qu'elles se trouvent souvent cantonnées dans certains
domaines ; mais lorsqu'elles ont les mêmes fonctions, elles font
de la politique. Point. Peut-être sont-elles plus prêt de la réalité »...
Elle
admire Gérard pour sa ténacité, sa sincérité et son ouverture :
« Gérard, n'est pas un
autocrate : c'est quelqu'un qui sait écouter ». La différence
d'âge ? Elle ne la ressent pas :
« nous avons tant de choses en commun ». En ce moment,
tous deux lisent avec passion l'ouvrage de Dominique de Villepin
sur Napoléon et préparent une courte escapade au Maroc. Pour elle, 30
ans d'écart c'est plutôt stimulant : « ma jeunesse l'oblige à rester dans le coup, sa maturité
et son côté très protecteur la pousse à se réaliser ».
Leur
mariage ? « Au début, j'étais
contre, je pensais que c'était ringard. Puis j'ai changé d'avis... Maintenant,
je le prends très au sérieux, c'est un engagement ». Ils se
sont mariés en juin dernier à la mairie du 9°. En blanc mais sans cérémonie
religieuse comme elle et sa mère l'aurait souhaité puisque Gérard est
divorcé..." Les enfants ? Elle en désire, mais pas avant d'avoir été
admise à l'ENA. "Je veux
qu'ils aient une maman bien dans leur peau".
L'élection
de Gérard à la Mairie de Lyon a bouleversé leur vie : « le
pouvoir change les relations, vous êtes tout le temps objet de pression,
chaque détail peut se retourner contre vous. C'est très dur mais c'est
la comédie humaine, cela fait partie du jeu ».
Cet isolement et
ce sentiment de danger permanent les soudent sans doute un peu plus...
Quoiqu'il en soit, elle s'en réjouit : « il a dix fois plus de boulot et moins de disponibilité mais cela me
motive pour travailler ». De son côté, bien sûr, car elle
l'affirme haut et fort : « je
ne veux pas travailler avec, ni pour Gérard Collomb ! Dans un couple,
j'estime que chacun doit garder une part de liberté : je ne m'occupe pas
de ce qu'il fait à la mairie et je n'aimerai pas qu'il se mêle de ce que
je fais en cours ». Elle "bûche" donc dans la
capitale en début de semaine et ne le rejoint que le jeudi soir :
« ces deux vies me plaisent,
c'est ce qui me donne mon équilibre ».
Elle s'avoue pourtant très
jalouse d'un homme que sa fonction rend désormais
plus "exposable" : « mais
je lui fais confiance, me tromper serait vraiment idiot, nous sommes si
heureux ». Quant à elle, cela ne lui viendrait pas à l'idée :
« je suis trop entière ! »
A
Lyon, son plaisir est de faire les boutiques. « Je suis coquette et j'adore les fringues des créateurs lyonnais :
Nathalie Chaise, Rage... » Bien s'habiller, c'est maintenant
pour elle indispensable. Car même si elle prône son indépendance,
Caroline Collomb prend son rôle d'épouse de maire de Lyon très au sérieux
: « la femme de César doit être
irréprochable », affirme-t-elle. Oui, décidément, Gérard
Collomb a bien de la chance.
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